5 août 2010

Popsacaviesosecficopin... Carole! Carole! ne vois-tu pas l'AMF venir??

Marie-Josée Taillefer prononçait ce mot concocté par Jacques Bouchard , le père de la publicité au Québec. Il décrivait les divers services qu'offrait Notre Alphonse National; j'en ai oublié les noms (si vous vous en souvenez, rédigez-les dans la section commentaire) C'était les années soixante. Les voyageurs de commerce d'Alphonse Desjardins sillonnaient les villages tentant de convaincre les cultivateurs de lui confier leur bas de laine pour augmenter la capitalisation de sa nouvelle coopérative bancaire: La Caisse Populaire. Il était très convaincant, très gratteux, et avec une épouse, comme tout homme qui réussit, qui tenait fermement les cordons de la bourse. Alphonse et ses voyageurs de commerce furent les premiers représentants en valeurs mobilières et en placement dignes de ce nom chez nous. Faut croire que les bas de ces fermiers contenaient plusieurs écus. Les temps ont bien changé; aujourd'hui, ils sont grevés de dettes hallucinantes, et c'est un peu leur faute, et font le bonheur des banques parce qu'ils sont devenus leur pain et leur beurre. Les bas vous les trouverez plutôt dans les plafonds ou autres interstices muraux dans les maisons cossues des entrepreneurs.

Je n'ai jamais été tenté par les placements délirants des quelques représentants que j'ai rencontrés dans ma vie. Un seul a réussi à me faire signer un engagement, bien menu d'ailleurs, et il travaille pour l'une de ces grosses firmes dont on se plaît à décrier les profits; maintenant que j'en fais partie, je crie un peu moins fort... Un des nombreux emplois que j'ai eu dans ma vie a consisté à vendre des produits d'assurance. J'étais un bien piètre vendeur. Juste avant une signature, devant les deux conjoints à qui je venais de planifier le futur avec ou sans mort à plus ou moins longue échéance, je leur dis: Attendez, pensez-y jusqu'au matin, je repasserai. Ils ont signé avec un autre. Je n'avais absolument rien d'un comédien. Certaines personnes sont tellement convaincues qu'elles en deviennent convaincantes. Elles aiment beaucoup l'argent et sont prêtes à faire des tonnes d'imbécilités pour ne jamais en manquer. Certaines autres sont tombées dedans quand elles sont nées. Une vieille infirmière avec qui je travaillais en 70 me disait: Pierre, tu sais la différence entre les vieux riches et les nouveaux riches? Les fortunes établies dépensent les sous, mais gardent les dollars; les parvenus dépensent les dollars et grattent les sous. Chère garde Houle. Je t'adore. Que de nuits on a passées ensemble à faire des casse-têtes à la clinique de minuit à huit, moi jeune étudiant à faire mes rondes et toi, toujours ta Perer Jackson au bec et tes petites lunettes toutes jaunies; ce que tu m'as éduqué Stella... Dis donc, t'en avais un un fonds de placement toi? Je ne crois pas, tu aidais ton fils à terminer ses études; tu gardais ta vieille Dodge et ton job facile, comme une routine. Tu ne jouais jamais la comédie non plus...

Mais les comédiens, tadam! Les comédiens arrivent. Les comédiens envahissent le monde. Tout le monde joue. Certains nous jouent des tours toutefois. Ils ne sont pas sur scène; ils sont parmi les spectateurs. Ils possèdent une qualité relativement rare et un défaut mortel.

Ils créent les scénarios, montent le jeu et jouent. Fins renards louvoyant dans les arrières scènes avec des paroles d'or et des gants de velours. Ils flattent; ils sourient; ils inoculent le bonheur jusqu'à la fin de tes jours. Ils gardent la poule aux d'or dans une basse-cour bien chaude. Leur rire cristallin dévale des montagnes de tons pastel et de lagunes musicales pleines de coraux exotiques. Berce-moi! Raconte-moi les beaux contes que mes oreilles désirent: Plais-moi!

Et le Renard, un coup de queue flamboyante, un éclair à peine de ses crocs, un frémissement du museau, presque un clin d'yeux; ça y est! La proie est dans la mâchoire et il gambade élégamment vers sa tanière. Il ronge un secret une fois rendu. Il s'étend au frais dans son salon, boit un peu d'une liqueur dispendieuse qui le réchauffe. Il a froid. Il a si froid. Dans sa tête, de milliers de rires résonnent. Quand il ferme les yeux, ses paupières lui renvoient toutes les humiliations: les petites et les grandes; toutes conservées par ordre de grandeur. Il en choisit selon le jour. Un succès juteux, une journée au primaire; une défaite temporaire, une rebuffade du secondaire; un coup vraiment très bas, une risée générale dans une réception; une blessure navrante, un échec amoureux. La liste est longue pour le comédien; elle est sans fin pour le criminel appréhendé. Je vous signalais voilà quelques jours un Me Jacques Vergès qui vouait sa vie à défendre même les plus coupables; il veut illuminer la nature humaine. Il n'a pas tort. Et nous revenons toujours à «qui n'a pas péché, lui jette la première pierre». De qui avez-vous ri aujourd'hui? À qui avez-vous manqué de respect? Est-ce qu'Alphonse aimait à tout pourfendre ses chers agriculteurs incultes? Est-ce qu'Obama va sauver l'Amérique «au sud de nous»?

Dans La Presse d'aujourd'hui, ça me fait rire, il y a un article qui s'intitule: Qui est Carole Morinville? Les réponses sont d'une stupidité, vraies, mais tout de même stupides, en rapport avec la question. Vous la connaissez vous Carole? C'est vrai qu'elle ne m'a pas floué! Ni aucun des gens que je connaisse non plus... à ce que je sache... Carole, elle était une très belle fille. Elle riait beaucoup. Trop? Carole, elle voulait sans doute monter, parce qu'elle était partie trop bas. Carole a appris vite que la comédie, tu en es la victime jusqu'à ce que tu prennes le scénario en main.

Tu as un maudit beau sourire Carole. Salut ma cousine!



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