30 septembre 2008

L'identité


Canal Académie présente cette semaine une critique du dernier volume de Michel Serres: Le mal propre : polluer pour s'approprier (http://www.canalacademie.com/Le-mal-propre-Polluer-pour-s.html). Étrange, mais logique, ce principe de l'impossibilité de posséder parce que nous ne pouvons vraiment détacher le bien de son créateur. Il parle entre autres des autos qui ne nous identifient pas, mais qui portent toujours la marque et donc rappelle que ce véhicule appartient encore à la compagnie d'où ils proviennent. Nous ne possédons pas plus les personnes; tout se situe au niveau de la location, du temporaire. La pollution dès lors provient du désir de posséder qui n'est jamais satisfait. On veut s'approprier sans jamais atteindre l'appropriation.

D'ailleurs, Michel Serres offrait en avril dernier, sur ce même canal Académie, un commentaire sur le sens de l'identité reliée à nos appartenances (http://www.canalacademie.com/Corps-et-identite-qui-sommes-nous.html). L'identité est la somme de nos appartenances et nos appartenances sont la somme de toutes nos activités et de nos liens avec les autres, passés et présents. Sa parole est complexe. Je vous invite à l'écouter. Il touche aux ethnies et à la culture. Il mentionne aussi le fait que la langue est l'élément essentiel qui maintient la culture. Il parle ainsi des Gaulois qui se sont latinisés sous le despotisme des Romains et non par leur effort de communiquer avec les conquérants. Il ne s'agit pas nécessairement d'un processus innocent.


Le crachat souille la soupe, le logo l’objet, la signature la page. La
propriété se marque, comme on laisse des traces. D’où le théorème du philosophe
Michel Serres de l’Académie française dans son livre Le mal propre : « le propre
(la propriété) s’acquiert et se conserve par le sale. Mieux : le propre, c’est
le sale ».


Pour Michel Serres, « l’acte de s’approprier est issu d’une origine
animale, éthologique, corporelle, physiologique, organique, vitale… et non d’une
convention ou de quelque droit positif ».

J'ignore si le lien est valable, mais cela me fait penser au matérialisme. Alors, le lien entre notre phobie de la pollution qui nous fait ramasser tous les déchets que nous trouvons, toutes les bouteilles que nous vidons, tous les bouts de papier que nous griffons, et ce mal propre conduirait directement vers le principe de la simplicité volontaire. Plus tu récupères, plus tu gaspilles. Plus tu tentes de purifier l'univers, plus tu la pollues. Intéressant dilemme non?


29 septembre 2008

Little baby don't you cry

Je lis Truman Capote, Breakfast at Tiphany's. Une jolie fille, de toute apparence blonde juste qu'au tréfonds de son âme et de son corps, un écrivain dans sa tête et pas encore ailleurs et un tenancier de petit bar de « neighbourhood » dont les grandes métropoles ont le secret bien gardé : pour initiés seulement. Que quelques pages de lues; on attend pour le verdict final. Je tente pour l'instant de connecter l'auteur de cette nouvelle avec le visage du film. Pour moi, Capote est l'acteur à la voix famélique. J'ai lu quelque part qu'il est absolument admiré par certains grands auteurs contemporains pour son rythme syntaxique; ce rythme ressemble à une musique. Il est très accentué. Des phrases incomplètes qui épousent l'humeur du moment. Capote possède une simplicité d'écriture qui côtoie le parler, suit efficacement les méandres psychologiques en présence. On s'en reparlera quand j'aurai terminé...


Il faut une montagne de courage pour s'enfouir dans New York seul, sans le sou et tenter de survivre en attendant de devenir un écrivain assez lu pour gagner sa vie. Il y a un carpe diem chronique dans cette attitude. Je mentionnais à un ami voilà quelque temps que nous sommes toujours le Père Goriot de quelqu'un. On est aussi sans doute le Frankenstein d'une société. Le monstre ou le docteur, ça revient au même. Capote dans sa chambre miteuse d'un hôtel malfamé de New York décrivant son fictif écrivain vivant dans une miteuse chambre de la East Side observant une femme débonnaire vivant juste au dessus qui pourrait devenir sa nymphe. Tout est sordide comme ces appartements de pauvres dans les films de centre-ville, tout est beau comme les personnages de ces mêmes films qui sourient en écrasant quelque coquerelle qui se promène sur la table. Je me souviens d'une nuit passée sur un de ces vieux sofas en velours noir enveloppé dans une vieille couverture qui sentait les années; je m'étais soudainement réveillé et entendu des cliquetis sur la table de cuisine à quelques pas de moi; m'étirant la tête, je vis dans un rayon de lune traversant la fenêtre, quelques souris piqueniquant les restes du souper. De fatigue, mais aussi d'acceptation, je rentrai ma tête dans le coussin, tirai la couverture jusqu'à mon menton, souris et me rendormis : vivre et laisser vivre! Le bonheur n'est jamais au même endroit; et il n'est définitivement jamais là où l'autre nous dit qu'il est. Capote avait compris ça. Seul dans son trou, il a vécu sa vie et les autres ont fini par le voir et le suivre. À l'inverse, les monnayables ne sont que des feuilles de papier à recycler.


Alors little baby don't cry!

Argenta


Un long voyage seul dans la Honda Civic. Parti tôt le matin, laissant femme et enfant qui viendrait plus tard en avion. Le premier arrêt prévu est Pembroke, une centaine de milles passé Ottawa. Une journée sans histoire. Le Civic est neuve; quelques centaines de kilomètres tout au plus. La journée est ensoleillée. On est fin juin; trente ans et sans emploi. Je viens de terminer un contrat d'assistant de recherche; je termine la rédaction d'un mémoire de maîtrise; j'ai une fille de deux et demi... Important les demis à deux ans! Ma conjointe et moi avons décidé, en coup de tête, d'accepter un poste d'enseignant à Argenta Friend School, à Argenta, en Colombie britannique. Argenta est une petite communauté d'une centaine de personnes pour la plupart des Quakers, des membres de la Society of Friends. Ils sont venus de l'Ouest, de Californie, les Stevenson, les Pollards, les Vallentine, les Farleys, pour établir une communauté de survivance dans la nature et éviter aussi la participation à la guerre de Corée: 1951. Ils avaient choisi ce site à cause de la vieille route de prospection; il y avait déjà eu une explotiation minière restée très rudimentaire à cet endroit. Ils avaient aussi aimé la présence du lac Kootenay; idylique les Rocheuses, le lac, les "flats", le profond ravin du Suicide Trail, et les deux autres communautés à quelques dizaines de milles, les Doukhabors à l'est et les hillbillies à l'ouest.

Le confort: auto neuve; seul à bord; quelques snacks à droite comme passger; mes cassettes rock progressif nettement rangées. Pink Floyd, Dark side of the moon. Hum! Sourire. En fin d'après-midi, j'entre dans le parc provincial Algonquin. Il vente sec sur le bord de Coon Lake. Je plante ma tente. Je soupe d'un morceau de miche acheté en route, de vieux cheddar et de ma bière. Le lac est devant moi; le soleil se couche à ma gauche; je m'appuie sur mon havresac de surplus d'armée. À côté, les voisins s'émoustillent un peu; des enfants courrent sur la plage. Je lis Ducharme, l'Océantume. Comme un satellite en espace, je regarde, j'orbite autour des gens. L'étrangeté d'être parti, c'est la distance qui s'établit entre soi et les autres. Une sorte de déresponsabilisation.

21 h 00. Je plie bagages. Je ferme le mollusque. Tout mon univers sur 4 mètres carrés. J'étends mon sac de couchage. Baisse la fermeture à glissière. Clos la tente! Relève les pans des fenêtres pour voir le lac. Je coule dans le coton brossé. Je sais bien que je ne dormirai pas. les mains sous la tête, je souris. Les autres s'en vont se doucher, se brosser, évacuer et torcher les mômes. Puer à peu, on n'entend que la nature: vagues qui lèchent la grève, huard qui chante, vent dans les branches. Iode Ssouvie... Il faut lire Ducharme au moins une fois dans sa vie. Il fait partie de la littérature psychédélique qui suivit de près la cassure du Refus global.

Dans ma tente, un grand soupir froid. Je serre les jambes dans mon sac. Le nylon froisse. Je fixe le toit, puis le lac. Dans une bulle, comme un foetus, couvert de toile à entendre, à chercher du son. Pas de cordon, pas de liquide amiotique; un canevas pour dessiner du passé; une humidité pour demain.
J'ai raté mon entrée sur le marché du travail. Je suis en train de parcourir le purgatoire. À la recherche du futur. Pour aujourd'hui. Seul. Comme d'habitude. Volà quelques mois, je me suis barricadé comme un enfant dans le bureau à la maison. Je ne sors jamais du placenta. Le nylon crisse. Je n'ose jamais. Toujours la sécurité. Dehors, c'est le silence. Il n'y a que dans ma tête que ça crie. Que ça crie fort. Conversation imaginaire que j'entretiens pour éviter l'absence. J'attends patiemment et calmement le matin, le lever du soleil, les oiseaux... et la replacotage des tentes voisines.

Vers Argenta, le paradis de 1981.

26 septembre 2008

Le goût de vivre ... par l'écriture

La vie goûte bon. Cette fin de semaine chaude de septembre apporte beaucoup de sourires. La chaleur n'est pas qu'à l'extérieur. Je connais bien le besoin de parler. Je l'éprouve souvent; remarquez que comme professeur, excellente chose! Mais écrire...

On écrit dans le malheur, dans l'agressivité, dans le négatif. Facile de débourrer les frustrations. Je lisais dernièrement le livre de Noah Richler, Here my Canada, what's yours. Bon livre dans l'ensemble; encensé par les critiques comme s'ils devaient un vingt à Mordicai... Certains passages sont excellents. Toute la thématique, qui va et revient comme le vent des Îles à travers tout le livre, sur les peuples autochtones et beaucoup ceux du Grand Nord est majestueuse. Le livre y prend sa vraie mesure. Il sort aussi la Prairie des boules à mites. Toujours est-il qu'il relate les paroles d'un groupe d'auteurs de Terre-Neuve dans lequel les auteurs s'entendent pour dire qu'un écrivain doit accepter la possibilité de créer le chaos dans son entourage immédiat, même dans sa famille, car ses personnages en sont issus et cela cause des frictions. Qui dit écriture publique dit confrontation. Vraiment!

Cet après-midi, j'écris comme je parlerais si j'avais un interlocuteur marchant sur un sentier dans la forêt, ma sempiternelle caméra à mon épaule. Il écoute patiemment mes cascades. Ce jour-là, sans emploi, j'avais dévalé la route jusqu'au parc national de la Mauricie. J'avais pris un sentier et traînais mes bottes de marche dans le suc boisé de l'haleine du bois. Il faisait gris. Un tas d'eau en suspension. Je me suis arrêté au pied d'un arbre, n'importe lequel, peu importe; je l'ai enlacé; appuyé ma joue contre son écorce et j'ai parlé à mon défunt grand-père. Quelques instants seulement... J'ai repris ma route un peu soulagé. Il écoute encore. Il me suit. Quelques grognements, quelques syllabes, une phrase ou deux de temps à autre. Suffit!

Le bien des paroles de bois sans témoin ou avec un alter ego, c'est la discrétion assurée. Tout le contraire du blogue. Là, on est dans un bouillon. Remarquez qu'il est facile d'ignorer l'auditoire. C'est la bouteille à la mer. Les filles dorment en bas. À leur réveil, je cesserai cette conversation. Je vais me servir du temps. On the rock! Je vais me payer le luxe de quelques phrases encore. Je ne me demanderai ni quoi dire ni comment le faire. Au va! Comme si je voulais commencer à vraiment écrire un long texte. Comme si j'avais la discipline. Comme si j'avais le courage de tout reprendre pas le commencement : « Il était une fois... » Trois points de suspension qui disent tout. Je devrais faire un conte qui commence par « Il fut une fois... » un petit garçon naïf à qui on refusa de servir la messe parce qu'il n'y avait pas de soutanes assez petites pour lui. Et au retour à la maison, dépité par ce refus, sans doute d'avoir été repoussé là où ses amis avaient été acceptés, possiblement aussi parce que cela décevait son père catholique de voir son fils rejeter par l'Église. Il n'en a pas parlé, bien sûr! Mais la rasion du refus n'était autre que lui, ce père, collé sur cette Église pédophile comme Jésus à sa croix. Jamais ni le curé ni les vicaires n'oseraient accepter dans leur environnement comme petits serviteurs de messe le fils de l'acolyte.


Fiction; friction; faction. Tous les faits et les personnages présentés dans ce texte sont « fictionnels » et inventés. Les plus grands fantasmes voient le jour dans la solitude. Les plus grandes solitudes se réservent des secrets... ceux de la confession et de la culpabilité. Avec l'âge, le regard sur les choses devient comme le vol des guêpes à l'automne : ralenti, engourdi et moins efficace. Toutefois, si on réussit à retourner au nid, il devient plus efficace. En fin de saison, même les ouvrières sortent pour participer à la récolte. Foire et poids du nombre juste avant l'hibernation!

J'entends des voix en bas... À la prochaine!





Vendredi saint


Le seul vendredi saint du calendrier se situe juste avant Pâques dans la religion catholique. Saint, à l'origine, et encore aujourd'hui habituellement, signifie bénie, pur, parfait, consacré. Bien curieux que l'Église ait nommé ces quelques jours précédant ses Pâques, saint; pourtant, ce sont à coup sûr, les plus sanglants et les plus pénibles journées de son Dieu. Comme le faisait remarquer un musulman, comment les catholiques peuvent-ils adorer et adopter comme modèle de vie un dieu souvent représenté en sang, l'air contrit, quand ce n'est pas sur la croix en train d'expirer ; le nôtre est souriant... voire débonnaire. Vive la passion. Encore une fois, l'Église qui nous vole un autre mot. Vous connaissez un mot plus élégiaque et plus savoureux que passion? Ah non ! Souffrance, sang, injustice... Pauvres catholiques !


Je vous annonce que la vaste majorité de mes vendredis sont saints. Ils sont merveilleusement la porte sur quelques journées de bonheur et de paix. Ils sont aussi l'orée de beaucoup de passion : les miennes, ma famille, mes projets, mes lectures, mes vins, tous mes bonheurs ! Vive la sainteté ! Vive la passion !

25 septembre 2008

Des sourires


Je sors de classe. Je viens de soumettre mes étudiants de commercialisation de la mode, d'Intervention en loisirs, de Gestion hôtelière et d'Éducation spécialisée à deux contrôles sur le XVIe siècle : un sur l'histoire et un autre sur la littérature de ce siècle merveilleux. Le livre que j'utilise pour mon cours est l'oeuvre de Miclel Laurin. J'admire le livre, le connaître, j'admirerais sans doute le personnage aussi... La masse d'information à transmettre défie toujours le professeur; comment maintenir le rythme et l'intérêt? Pas évident! Toutefois, j'aime à faire mentir les détracteurs. Mes jeunes sont curieux; ils sont studieux; ils sont alertes; ils sont capables de mémoire et de raisonnement dans la mesure où la matière est bien cernée.

Depuis deux semaines, nous avons épluché cette Renaissance. Fouillis incroyable de découvertes scientifiques, technologiques, culturelles, philosophiques, littéraires, artistiques et religieuses. Des illuminés, il en faut bien, ont suivi la filière italienne des savants de Byzance qui ont fui Constantinople pour se réfugier à Rome. Continuant son cheminement vers le nord, vers la France entre autres, cette masse de connaissances des livres de l'Antiquité a fait apparaître un merveilleux raccourci vers de nouvelles connaissances. À la suite des trouvailles mécaniques du Moyen Âge, ces informations allaient donner un essor fabuleux à la toute jeune France. C'est sur ce chemin que j'ai entraîné mes étudiants. Et ils ont suivi. Pas gratuitement, bien sûr! Le bénévolat du savoir a disparu pour cette génération. Je paie et, d'autant plus que mon collège est privé, j'exige. Mais contrairement à la mythique approche client, je crois que les étudiants veulent avoir la certitude d'un gain; ils ne désirent pas nécessairement être seuls juges des savoirs, ils exigent une clarté des acquis et de ses vérifications. Mes étudiants avaient une excellente raison de demeurer attentifs : un contrôle vérifierait leur attention. Cette situation m'a toutefois permis de leur expliquer des dynamiques très contemporaines qui s'accrochaient aux siècles passés. Ils riaient avec moi de lire les incongruités de Rabelais; ils sourcillaient devant les gauloiseries de Marot ou les invitations très directes de Louise Labbé à ses amants.

Le plaisir d'apprendre n'a pas disparu chez les jeunes. C'est l'attitude qui a changé. Si la formation est devenue désormais un partenariat, elle est aussi devenue une avenue de rentabilité. Dans la société contemporaine, les rétractions sont devenues rapides; on privilégie d'ailleurs la rapidité à l'exactitude : erreur oui, doute non! L'inconfort se trouve devant l'inconnu. Les pourquoi trouvent leur source dans l'inutilité. Nous voyons parfois dans ce jugement d'inutilité un manque de curiosité; nous avons peut-être tort; il s'agit peut-être de recherche de pertinence. Si nous parvenons à ce niveau de relation où la pertinence rencontre les événements du passé, alors les sourires et les yeux s'allument. Tout n'est pas réglé avec l'établissement de ce rapport immédiaté - pertinence -histoire -culture, mais nous pouvons y voir percer une solution.

Tant que je pourrai faire rire mes étudiants avec mes histoires des siècles passés, tant qu'ils verront en moi un trait d'union entre les fantômes des grands esprits de la culture et leur quotidienneté, il y aura aussi un sourire sur mes lèvres à la sortie de ma classe.

À la sortie de leurs deux contrôles, ce matin et cet après-midi, ils sont sortis en souriant. Non, bon, pas tous! Mais une large majorité d’entre eux. Ils étaient fiers d’eux; fiers aussi sans doute d’avoir relevé le défi de deux questionnaires sur la Renaissance. J’ai presque terminé la correction; la moyenne est bien au-delà de 80 %. Ils ont raison d’être fiers! On a raison d’avoir du plaisir ensemble.

Pour les intéressés, je laisse ici les deux questionnaires en question.

Bonne lecture!

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XVIe historique
1) Nommez les deux villes où la Renaissance débute.
a) Paris
b) Rome
c) Madrid
d) Venise
e) Florence
2) Quel événement marque la fin de l'espoir d'hégémonie du monde chrétien?
a) La chute de Constantinople
b) La victoire des Croisés
c) La découverte des Amériques
3) Associez l'événement et le personnage et le pays d'origine:
a) Découverte de Cuba
b) Invention de l'imprimerie en Europe
c) Voyage à Cathay (Chine)
d) Voyage aux Indes
e) Conquête du Mexique
f) Prise de possession du territoire de la Nouvelle-Angleterre
i) Cortès
ii) Vasco de Gama
iii) Jean Cabot
iv) Christophe Colomb
v) Gutenberg
vi) Marco Polo
(1) Angleterre
(2) Italie
(3) Espagne
(4) Allemagne
(5) Portugal
4) Le XVIe siècle se démarque donc par une véritable boulimie du savoir. Complétez le texte à l'aide de la liste de mots:
L'homme de la _________________ veut faire reculer les _________________ de la connaissance et se libérer des ______________ et des servitudes du Moyen Âge, des ______ qui l'empêchaient d'être maître de son destin. Il croit même que l'homme parviendra éventuellement au _______________, d'où une volonté très marquée de __________, de classifier et de noter tout ce que l'Univers offre à observer et à ________. S'ensuit un explosion technique et scientifique – point de départ des sciences modernes – basée non plus sur le principe d'autorité mais sur l'___________. Outre les nouvelles techniques de ___________ qui rendent possibles les voyages de découverte, les progrès de l'___________ révolutionnent la diffusion du savoir, et la _____________ progresse à pas de géant: Léonard de Vinci étudie l'
_____________ sous tous ses angles; Gabriel Fallope découvre les __________ qui portent maintenant son nom; Girolamo Fracastoro se penche sur le _______ et émet l'hypothèse selon laquelle les maladies ________ se transmettent par l'intermédiaire de ____________ invisibles. En astronomie, Copernic, contredisant les enseignements de l'________, avance sa théorie de l'_____________: ce n'est pas la Terre qui occupe le centre de l'univers, mais le ________ autour duquel elle tourne. Le « __________ » exigeant que toute théorie soit conforme à celle du __________, l'hypothèse de Bernard Palissy, selon laquelle la présence de _________ d'animaux marins à des kilomètres du rivage indique le ___________ des océans, vaudra à son auteur d'être emprisonné à la ___________. L'Église soutient en effet que tous ces fossiles sont en fait des ___________ jugés indignes par _______ au moment du Déluge et abandonnés à leur triste sort.
a) Navigation
b) Bastille
c) savoir absolu
d) micro-organismes
e) fossiles
f) superstitions
g) Soleil
h) typhus
i) Renaissance
j) trompes
k) Déluge
l) anatomie
m) animaux
n) imprimerie
o) analyser
p) contagieuses
q) limites
r) héliocentrisme
s) frayeurs
t) bon sens
u) médecine
v) Dieu
w) répertorier
x) déplacement
y) expérimentation
z) Église
5) Entre le début du XVIe siècle et la fin du XVIIe siècle, combien de personnes, surtout des femmes, ont été accusées de sorcellerie et brûlées vives?
a) 10 000
b) 8 000
c) 30 000
d) 40 000
6) Quel est l'ancêtre de la chimie moderne; cette pseudoscience voulait entre autres fabriquer de l'or à l'aide de la pierre philosophale.
a) La magie noire
b) Le spiritisme
c) L'alchimie
d) La chimie
7) La mise à feu et à sang des deux civilisations Aztèque et Maya par les espagnols entraîne une autre abomination humaine; quelle est-elle?
a) La famine
b) L'esclavage
c) La corruption religieuse
d) La destruction de la forêt amazonienne
8) Durant le XVIe siècle, la noblesse d'argent supplante la noblesse de sang.
a) Vrai
b) Faux
9) La concentration des pouvoirs autour du roi entraîne inexorablement vers quelle forme d'autorité?
a) L'absolutisme royal
b) La démocratie
c) L'anarchie
10) Quel pays s'engage le premier dans le mouvement de la Renaissance grâce à plusieurs savants byzantins qui vont s'y installer?
a) La France
b) L'Italie
c) L'Espagne
d) L'Angleterre
11) Les Médicis, les Sforza et les Este sont des familles fabuleusement riches qui s'entourent des plus célèbres créateurs artistiques de l'époque. Quel est le secteur d'activité de ces grandes familles bourgeoises?
a) L'industrie culturelle
b) L'industrie manufacturière
c) Les chantiers navals
d) Le système bancaire
12) Quel est le nom de la philosophie mise de l'avant par l'homme de la Renaissance grâce à laquelle on redécouvre le sens du plaisir, le besoin de jouir et de faire appel à chacun de ses sens?
a) Le stoïcisme
b) Le carpe diem
c) L'ergo sum
d) L'habeas corpus
13) Qui sont les responsables de l'affaire des placards?
a) Les protestants
b) Les catholiques
c) Les sorcières
d) Les nobles
14) De 1562 à 1598, quelle tuerie innommable remplit les cimetières et déchire les familles?
a) La guerre de Cent Ans
b) La guerre de Sécession
c) La bataille de Trafalgar
d) Les guerres de Religion
15) À la Renaissance, deux conceptions de la langue française s'affrontent: l'approche de l'orthographe et l'approche de la prononciation. Laquelle a gagné?
a) L'orthographe
b) La prononciation
16) Associez l'auteur, l'œuvre et son pays d'origine:
a) Shakespeare
b) Don Quichotte
c) Dante
i) Roméo et Juliette
ii) La Divine Comédie
iii) Cervantès
(1) Espagne
(2) Italie
(3) Angleterre

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Le XVIe littéraire
1. Quel système de subvention aux arts François I a-t-il instauré?
a. Le mécénat
b. Le Conseil des Arts
c. Le manifeste de la culture
2. Ce nouveau genre littéraire est héritier du développement et de l’engouement pour la philosophie.
a. Le théâtre
b. La poésie
c. L’essai
d. Le roman d’aventure
3. Le théâtre français n’a pas vraiment de personnalité propre. Quel mouvement demeure très populaire entre autres grâce à des personnages typés comme Polichinelle et Arlequin?
a. Le vaudeville
b. La commedia dell’arte
c. La comédie humaine
d. La farce médiévale
4. Quel est le nom de la première école littéraire?
a. Le Carpe diem
b. Les romantiques
c. La Pléiade
d. Le surréalisme
5. Quelle est le titre du livre qui représente le manifeste de ce courant littéraire?
a. Défense de la liberté d’expression
b. Candide
c. Gargantua
d. Défense et Illustration de la langue française
6. Identifiez les cinq principes consignés dans le manifeste de Joachim du Bellay :
a. Les poètes doivent s’établir à Rome pour mieux décrire les Trésors de l’Antiquité.
b. On souligne l’aspect élitiste de la poésie.
c. Le poète ne doit pas hésiter à imiter les anciens.
d. Les philosophes sont encouragés à écrire en latin.
e. On abandonne les genres littéraires associés au Moyen Âge au profit du sonnet qui devient la forme poétique dominante.
f. L’alexandrin renaît et la poésie recourt de plus en plus aux figures de style pour bien se distinguer de la prose.
g. Il faut convaincre le roi de cesser d’aider les artistes.
h. Le Pléiade s’engage à défendre la langue française contre l’influence des textes anciens et la résurgence du latin.
7. Quelle phrase ne cadre pas avec l’auteure Louise Labbé?
a. Installée à Marseille, elle prend soin de sa famille et écrit secrètement des vers pour son amant.
b. Belle et forte de caractère, passionnée d’escrime et d’équitation, elle n’hésite pas à se mettre en scène pour exprimer les élans de sa passion.
c. Sur le ton de la confidence, elle recrée des épisodes de sa vie amoureuse où l’homme aimé est toujours subordonné à l’amour qu’elle lui porte.
d. Cette représentation d’un homme objet lui attirera les malveillances de certains poètes masculins.
e. Dans des sonnets d’une grande sensualité, teintée parfois d’érotisme, elle dit l’allégresse de ses amours.
8. Quel poète de la Renaissance est souvent menacé en raison de ses mœurs et suspecté d’hérésie?
a. Clément de la Rose
b. Rabelais
c. Rutebeuf
d. Marot
e. Chrétien de Troyes
9. Qui a écrit le poème le Beau Voyage qui commence par le célèbre vers suivant : « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage »?
a. Ronsard
b. Du Bellay
c. Villon
d. Marot
e. De Pizan
10. Qui a écrit ce vers du poème À Hélène… : « Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle »?
a. Ronsard
b. Baudelaire
c. Verlaine
d. Nelligan
11. Marguerite de Navarre, sœur de François I et épouse du roi de Navarre, est devenue célèbre grâce à son livre :
a. Le Décameron
b. L’Heptaméron
c. Le quinquaméron
d. L’Octaméron
12. François Rabelais, reconnu comme un des plus grands médecins du royaume, fut moine, professeur d’anatomie et grand voyageur. Quels sont les trois personnages qui l’ont rendu célèbre?
a. Gargantua
b. Candide
c. Grandgousier
d. Pantagruel
e. Grandmaison
f. Renard
g. Arlequin
13. Quelle phrase définit le mieux l’Essai?
a. Le véhicule de la raison et du cœur.
b. Le véhicule des lois et de l’étiquette.
c. Le véhicule de la pensée humaniste.
d. Le véhicule du romanesque.
e. Le véhicule des arts.
14. Qui est le plus grand essayiste du XVIe siècle?
a. Montaigne
b. Villon
c. Rousseau
d. Voltaire
e. Montesquieu


23 septembre 2008

Quelques mots pour fêter l'automne...

Trois longues journées! Longues? Longues au cadran pas dans la tête. Elles passèrent relativement vite tout compte fait. Alors courtes parce que plaisantes; longues parce que peu de sommeil pour les enrober. Voilà l'automne, non? Longue à cause de ses nuits qui déteignent sur le jour, de ses nuages non plus passagers, mais ambiants, de son humidité froide givrée comme le boc du congélateur qui reçoit la bière, puis humide collant quand la soleil s'invite pour terminer le jour, le temps de faire monter la rosée vaporeuse quelques dizaines de pieds avant que son coucher ne la fasse retomber brutalement pour le brunante.

Cette année, changement de scénario. Un voyage "pédagogique" à Toronto et à Niagara Falls avec les étudiants en Tourisme et en Gestion hôtelière du collège m'a éloigné de ce scénario automnal grisâtre. Quatre professeurs et une cinquantaine d'étudiants à l'intérieur d'un autobus pour plus de 16 heures en tout représente un défi en soi. Il faut bien oublier certains privilèges comme le sommeil paisible et les pensées solitaires. Le rire et les discussions les remplacent avantageusement. Quelques heures ici, quelques arrêts là, certains événements s'ancrent plus profondément que d'autres.

Une pizza à 1 h 30 du matin avec une bière en cannette sur le bord du trottoir peuplé de quelques résidus étyliques des last calls. Facile de reculer dans le temps avec un tel scénario. On se fout pas mal du goût de la bouffe ou de la fraîcheur de la bière: des calories et du liquide! Ça suffit!

Un lever de soleil à l'aube parce que tu as dormi sur le pépéroni et que tu n'es pas dans ton lit.... Un se rase, l'autre s'étire, j'en profite pour regarder dehors et voilà le résultat: hallucination et carnaval! Les couleurs explosent. la ville ne dort pas, elle est soumise par le feu du jour. Ce n'est plus l'automne, c'est la fin du monde. Et juste entre la tour et la roue, la majesté qui s'imisce, avec une rapidité incroyable: en deux minutes le voilà sorti; le voilà qui brûle tout, jaunit tout, bleuira tantôt, à nouveau, d'un drabe normal notre azur quotidien. Je vivrais bien avec ces jets et ces strates. C'est, je ne sais pourquoi, Mars!


Puis, le jour amène le vin. On frôle la rivière Niagara pendant quelques minutes. Au pied de ses falaises, encastrées entre elle et lui, la rivière sauvage et le lac massif, des vignes; des milliers, des dizaines de milliers, des porteur de baies à vin. Entre les doigts leurs raisins sont des billes chaudes. Ils sont tendres sous la pression du pouce et de l'index; ils suent du sucre collant même sans crever leur peau tendue et ferme. Ils font penser à des bulles de bain qui collent; plus volumineux, des oeufs de saumon cueillis chez la mère qui vient de rendre la vie. Ce petit fruit est bien mystérieux. Parmi les plus vieux aliments comestibles, il pousse seul serré sur une collectivité. Il ira vers l'osmose délirante avec des centaines de milliers de ses congénères. Il mijotera quelques années, quelques mois, puis renaîtra pour s'accomplir sous une personnalité totalement transformée. Le papillon est végétal cette fois; la nymphe aussi!







Après le feu céleste, le feu bacchéen, le feu nautique. L'oeil est dérangé par l'immensité du phénomène. Et naturellement, il faut faire abstraction de tout l'appareillage imbécile avec lequel on l'accouple. La chute ne peut être qu'elle-même. D'où que l'on se place pour l'observer, elle fascine. Son ampleur est difficile à calibrer. Son empire est tellement gigantesque, qu'il englobe toute notre imagination.

Elle coule. Elle se brise. Elle ne se calme que plusieurs kilomètres plus loin. Elle est la relation publique des mers intérieures avec la civilisation: indomptable, insoumise, impalpable. Elle est une présence incontournable qui menace d'absence. Elle inocule chaque esprit de sa destruction.

J'aime mon automne cette année.

17 septembre 2008

L'enseignement sans écran

L'enseignement ne rivalise avec aucune autre profession : elle règne en maître absolu et... éclairé! La publicité au poteau! La réalité à l'affiche! L'acte d'enseigner demeure le geste humanisant le plus posé de par le monde. Jour après jour, tout le long des mois année après année, des professeurs de tous les niveaux travaillent d'arrache-pied à faire comprendre le monde et ses merveilles. De mille façons, à des milliers de cerveaux différents quelque part et semblable dans leur intimité biologique. Aucune profession ne détient de pouvoir comparable et personne n'a le droit de mettre en doute la volonté des artisans qui ont le courage de retourner à la lutte contre l'ignorance.

Les journalistes, appuyés par certains professeurs et des sondages au financement tordu et aux interprétations sensationnalistes, ne cessent de pourfendre les qualités et compétences de nos étudiants. C'est la mode! Rien n'est bon... La santé fout le camp; les politiciens sont véreux; l'économie défaille; les familles s'émiettent; les assistés sociaux végètent... La liste pourrait s'allonger. Je vais danser à un autre archet, car selon moi, ces malaises dont les médias font des choux gras ne valent pas plus que la valeur de récupération du papier sur lesquels ils sont imprimés.

Mon abandon des instruments informatiques cette année, rend encore plus évident cette relation humaine essentielle au progrès humain. Il faut chercher toujours à l'améliorer; il faut aussi cesser d'en critiquer aléatoirement les résultats de façon étroite.

Mon opinion ne compte pas statistiquement. J'en suis bien aise! Elle n'en reflète pas moins ma réalité. Elle est donc, à défaut d'être représentative, véridique.

Cette session d'automne 2008 : quatre groupes; 112 étudiants; deux du secteur professionnel et un de Science nature; un dernier mixte secteur professionnel et préuniversitaire. Nous entamons présentement la cinquième semaine. Comme je le mentionnais dans l'article précédent, je n'utilise plus l'informatique, je rencontre mes étudiants quatre heures par semaine par groupe en vue de l'atteinte de la compétence finale du cours de français 601-101: la rédaction d'une analyse littéraire de 700 mots.

Je divisais, les années précédentes, les quatre en deux blocs : deux heures en classe traditionnelle et deux heures dans le laboratoire informatique. Les heures en classe servaient habituellement à la présentation de la théorie littéraire sur l'analyse littéraire et à des ateliers; j'utilisais le laboratoire pour du travail en ligne sur l'histoire littéraire et les extraits de diverses époques. Cette session-ci, tout se fait en classe.

Ce retour au magistral confirme mon glissement depuis dix ans vers une presque obsession des instruments d'enseignement. Je me souviens d'une conversation à un congrès sur les technologies de l'information avec un futur ingénieur pédagogique. Je découvrais que l'atteinte des compétences dont me parlait mon directeur des Études, celle-là même qui m'obligeait à revoir de fond en comble mes méthodes de transmission du savoir, s'appuyait sur une science exacte dans le secteur de l'ingénierie. Moi, le roi des cancres en cartésianisme, je me mis à scruter avec ce futur maître du savoir savoir les fondements de cette grotte. Je m'aperçus rapidement que si les stalactites pullulaient, les stalagmites peinaient; en effet, les théories fusaient de partout, humectaient la moindre crevasse, dégouttaient sur tout en bas sans réserve, sans discrimination; si la projection de son application se vendait assez bien chez les programmeurs, rien n'existait pour le travailleur en classe. Ce fut, toutefois, un encouragement extraordinaire pour poursuivre le chemin que je traçais pour mon enseignement littéraire. J'y entrevoyais mille et une avenues fertiles pour mes activités de formation. Dix ans plus tard, après avoir entendu les sirènes, combattu le Minotaure, traversé le Charron, je n'ai jamais pu séduire Pénélope. Elle jouait allègrement à Warcraft en ligne avec les Olympiens.

Je revins donc tout penaud dans mon petit Lyré. En classe, devant de bonnes vingtaines d'individus, je ressasse les notions historiques et littéraires des siècles passés. Je joue à la vedette. Mon public captif ne se trouve pas en communication grâce à un écran. Le contact est direct et immédiat; pour reprendre la terminologie informatique, nous sommes en synchrone; nous sommes aussi in vivo. À la fin de mes cours, je me souris souvent intérieurement. J'ai aimé ma performance. Je crois qu'ils ont appris quelque chose; ils ont posé des questions; nous avons communiqué à l'aide de la bonne vieille méthode : la voix et les oreilles. On n’a pas construit Rome en quelques jours, mais tout y mène. Reviendrai-je un jour au virtuel? J'y suis toujours, vous en êtes la preuve. Pour mon enseignement? Je crois qu'il reste du chemin à faire avant trouver la solution idéale entre la personne et la machine. Je ne retournerai sûrement pas sur le même sentier. La solution est ailleurs. Le virtuel n'est pas fait pour les notions traditionnelles. Il faut l'utiliser pour des acquisitions différentes, concurrentes, réactionnelles. On verra...

16 septembre 2008

Le luxe relativisé


Il fait soleil. Ce matin, je me suis arrêté au Parc portuaire pour prendre quelques photos. Un luxe : mardi matin, sur un des bancs, un vieillard assis au soleil; un plus jeune promenant son chien. Presque personne! Et moi avec mon appareil photo à faire quelques clichés sans prétention. Je n'ai pas de cours le mardi; j'en profite pour corriger et préparer des cours et lire.

Au début de la session d'automne, j'ai totalement délaissé l'informatique, mon compagnon, plutôt drogue, que j'utilisais de plus en plus systématiquement depuis dix ans. Je me sens en vacances. Ne plus travailler dans le sous-sol avec le ronronnement des trente ordinateurs me soulage déjà; ne plus avoir à répondre à des dizaines de courriels de mes étudiants me libère; ne plus me préoccuper de suivre le cheminement individuellement de chacun me redonne mes soirées; toutes les mises en ligne de tous les documents et la programmation de tous les contrôles et examens en plus de leur mise en ligne, la cerise sur le gâteau. D'esclave, je deviens maître de mon horaire. Quelques photos sur le quai un mardi matin, hum! Une promenade au Luxembourg sous la bise de fin septembre. Quel luxe!

Je rêve de gagner une somme mirobolante à la loterie. Je place mes richesses imaginaires. Je jalouse les bourgeois qui déroulent leurs vacances en devises étrangères et en îles du Pacifique. Je n'ai pas accès à ce genre de luxe. J'y aspire, je n'en fais pas une affaire de survie. L'argent que je gagne ne me suffit pas; j'en veux plus pour profiter plus; toutefois, je ne veux pas plus de responsabilités, ni plus de temps consacré au travail — consacré, terme intéressant faisant penser à la sacralisation de la vie qui passe. Si j'avais une fortune, j'écrirais plus et je me promènerais plus souvent; et, bien sûr, je voyagerais plus souvent. Ma vie n'est pas mal pour autant. J'en ai déjà plus que beaucoup, plus que plusieurs, pas plus que j'en voudrais...

Mes voyages m'amèneraient aux confins de mon imagination. Trois-Rivières fut le berceau de plusieurs explorateurs intrépides. Mon préféré est Radisson; à cheval entre le nomadisme et la finance. Très beau personnage Radisson. Il ne s'est pas rendu aux Rocheuses comme son concitoyen Lavérendrye, mais le sud des Grands Lacs n'avait plus de secrets pour lui. Je relirais On the road de Kerouac et L'Oeuvre au noir de Yourcenar. Le premier pour un itinéraire et le deuxième pour le rêve. Puis je mettrais Ivanhoe et Les trois mousquetaires, pour le héros et pour la quête. Mais dans ma besace, dans la poche de façade, une version usée en Livre de Poche de L'Homme sans qualité de Musil pour les longues nuits en solitaire dans les campements de fortune. Dieu que la lecture est bonne!

Je suis riche! Je suis en vacances puisque j'aime ma profession; j'aime la vie parce que j'aime ma conjointe; j'aime mon futur dans le regard de mes enfants. Ma vie n'est pas faite que d'espoir, il y a plein de tout de suite.

J'imagine Radisson à la fin de sa journée. Aussi difficile qu'elle ait pu être, il dormait bien. Sur la rocaille ou le lit de sapinage, dans une caverne ou un tipi, toujours entouré de son canot et de son ravitaillement, la nuit l'envahissait jusqu'à l'aurore. Son lendemain ne se révélait jamais avant l'heure. Pourtant, le doute ne faisait pas partie de ses questionnements : quelle direction? quel rapide? quel portage? quelle bourgade? quel animal? quel gain? Pas de peut-être! En avant, en aval ou en amont, vers le lointain ou vers la maison, en avant, toujours, à se prouver face à cette nature où il trouvait une formidable compréhension mutuelle.


Il fait soleil. Ce matin, je me suis arrêté au Parc portuaire pour prendre quelques photos. Un luxe: mardi matin, sur un des bancs, un vieillards assis au soleil; un plus jeune promenant son chien. Presque personne! Et moi avec mon appareil photo à faire quelques clichés sans prétention. Je n'ai pas de cours le mardi; j'en profite pour corriger et préparer des cours et lire.


Au début de la session d'automne, j'ai totalement délaissé l'informatique, mon compagnon, plutôt drogue, que j'utilisais de plus en plus systématiquement depuis dix ans. Je me sens en vacances. Ne plus travailler dans le sous-sol avec le ronronnement des trente ordinateurs me soulage déjà; ne plus avoir à répondre à des dizaines de courriels de mes étudiants me libère; ne plus me préoccuper de suivre le cheminement individuellement de chacun me redonne mes soirées; toutes les mises en ligne de tous les documents et la programmation de tous les contrôles et examens en plus de leur mise en ligne, la cerise sur le gâteau. D'esclave, je deviens maître de mon horaire. Quelques photos sur le quai un mardi matin, hum! Une promenade au Luxembourg sous la bise de fin septembre. Quel luxe!

Je rêve de gagner une somme mirobolante à la loterie. Je place mes richesses imaginaires. Je jalouse les bourgeois qui déroulent leurs vacances en devises étrangères et en îles du Pacifique. Je n'ai pas accès à ce genre de luxe. J'y aspire, je n'en fais pas une affaire de suvie. L'argent que je gagne ne me suffit pas; j'en veux plus pour profiter plus; toutefois, je ne veux pas plus de responsabilité, ni plus de temps consacré au travail - consacré, terme intéressant faisant penser à la sacralisation de la vie qui passe. Si j'avais une fortune, j'écrirais plus et je me promènerais plus souvent; et, bien sûr, je voyagerais plus souvent. Ma vie n'est pas mal pour autant. J'en ai déjà plus que beaucoup, plus que plusieurs, pas plus que j'en voudrais....


Mes voyages m'amèneraient aux confins de mon imagination. Trois-Rivières fut le berceau de plusieurs explorateurs intépides. Mon préfére est Radisson; à cheval entre le nomadisme et la finance. Très beau personnage Radisson. Il ne s'est pas rendu aux Rocheuses comme son concitoyen Lavérendrye, mais le Sud des Grands Lacs n'avaient plus de secret pour lui. Je relirais On the road de Kerouac et L'Oeuvre au noir de Yourcenar. Le premier pour un itinéraire et le deuxième pour le rêve. Puis je mettrais Ivanhoe et Les trois mousquetaires, pour le héros et pour la quête. Mais dans ma besasse, dans la poche de façade, une version usée en Livre de Poche de L'Homme sans qualité de Musil pour les longues nuits en solitaire dans les campement de fortune. Dieu que la lecture est bonne!

Je suis riche! Je suis en vacances puisque j'aime ma profession; j'aime la vie parce que j'aime ma conjointe; j'aime mon futur dans le regard de mes enfants. Ma vie n'est pas faite que d'espoir, il y a plein de tout de suite.

J'imagine Radisson à la fin de sa journée. Aussi difficile qu'elle ait pu être, il dormait bien. Sur la rocaille ou le lit de sapinage, dans une caverne ou un tipi, toujours entouré de son canot et de son ravitaillement, la nuit l'envahissait jusqu'à l'aurore. Son lendemain ne se révélait jamais avant l'heure. Pourtant, le doute ne faisait pas partie de ses questionnements: quelle direction? quel rapide? quel portage? quelle bourgade? quel animal? quel gain? Pas de peut-être! En avant, en aval ou en amont, vers le lointain ou vers la maison, en avant, toujours, à se prouver face à cette nature où il trouvait une formidable compréhension mutuelle.
Prendre le large n'est pas nécessairement une question d'espace ou de moyen. ne s'agit-il pas simplement de trouver le courage de prendre le temps à notre disposition pour vivre. Le luxe n'est pas une cage dorée. C'est s'offrir l'horizon pour admirer le miroitement de notre futur.

15 septembre 2008

La solidarité

Les premières pages de nos quotidiens ces jours-ci débordent de thèmes électoraux. À leurs côtés, nous trouvons quelques autres nouvelles qui, de plus ou moins prêt, y sont reliées. De nos jours, tout est politique. Notre société est devenue l'esclave de l'État. Encore ce midi où trois ex-politiciens ergotaient sur le futur lointain encore du Centre hospitalier universitaire de Montréal comparant sa situation à celui du Centre universitaire de santé McGill, lui, à quelques jours de sa première levée de terre, nous ne pouvions entendre que Premier ministre par ci, ministre par là, alliés de l'opposition en dessous, choix du ministre par dessus... Taratata! On n'en finit plus. C'est maladif. Ah! C'est sûr, les anglos, ils se serrent les coudes quand ils veulent quelque chose, pas comme nous: des mariolles dans une comedia de'll arte!

Les anglos sont bicaméraux : ils aiment leur reine pour le symbole d'une puissance inatteignable et impériale; ils ont inventé la démocratie, tué leur roi, pour le remplacer et le placer en chapelle ardente sous le feu d'un parlement. Ils sont bizarres ces engins. Mais ils s'enfargent rarement dans les fleurs du tapis. Ils fabriquent, font de l'argent, partagent peu et donnent beaucoup... Allez comprendre! McGill est un des plus grands propriétaires immobiliers du Canada... grâce à qui? À des anciens qui leur lèguent continuellement des immeubles ou des droits en usufruits. Ils sont solidaires ces brits.

Les germanos carburent à la spirale. C'est ce que m'avait mentionné Margaret Krall, une Allemande d'environ 35 ans à l'époque, qui avait épousé le riche propriétaire de la maison où elle était femme de ménage; imaginez, elle avait 24 ans au mariage et lui 64. Pour elle et sa famille, sauvées in extremis du razzia de Hitler, traversant les Alpes à dos d'âne pour aboutir en France d'où ils s’embarquèrent pour l'Amérique, le riche, ça signifiait le salut. Alors, elle a pris la vie comme on achète un char usagé qu'on ne pourrait jamais se procurer neuf. Et bien sûr, quand il est mort, sa vie a commencé. Alors la spirale, c'est qu'il n'y a jamais vraiment ni commencement ni fin. Peu importe le moment où tu décides d'embarquer dans le cycle, ce n'est qu'à ce moment-là que tu peux faire, créer, bâtir quelque chose. Madame de Staël n'a pas dit autre chose dans De l'Allemagne, oeuvre majestueuse sur le romantisme. Wagner monte et monte, descend encore et encore; il envoûte comme les anneaux du serpent... sans queue ni tête. Hitler n'est rien d'autre que cette image d'un slinky qui descend, qui s'affaisse et qui attend paisiblement qu'une autre poussée vienne repartir le bal. Le mur : cette séparation, qui comme le foetus a créé deux puissances. Sa chute, qui a fait renaître l'empire en devenir qui gravit silencieusement toutes les sphères du pouvoir international dans un stoïcisme mystérieux.

Les francos? Ils pleurent de voir leur roi déguisé, leur président faire trop people. Ils se trompent : Sarkozy, c'est Louis XVI, et Carla, Marie-Antoinette. La révolution? Non non! Ils sont trop nounours et endormis. Ils sont comme nous, les cousins francos de l'Amérique : en attente de l'État pour qu'il les prenne un peu plus en charge. Déçu par les socialistes de ne pas les avoir bordés, ils tuent le compagnonnage et cherchent à droite comment refaire la monarchie démocratique qui les déculpabiliserait et les protégerait. Sarkozy les rend malades, mais ils l'aiment. Ils ne font plus rien. Comme me mentionnait mon prof de socio au collège dans le temps, les Français vivent avec Napoléon dans la tête depuis qu'ils l'ont perdu. Si je pouvais voyager dans le temps, j'irais faire un tour dans le gouvernement de Vichy. Je chercherais à me faire repérer par les résistants, avec un peu de chance je croiserais Malraux, et quelques autres poilus. Ils ont tous dû fuir dans les campagnes à siroter leur cassis. On n’a rien à leur envier : les francos d'ici rongent du liège au lieu de moucheter de la poudre.

Alors, continuons à nous chicaner, à se fendre mutuellement, à n'aller nulle part. On devrait jouer au roi du silence. Les gueulards des médias sentent le poisson. À force de fouiller les poubelles, j'espère qu'ils attraperont quelque virus mortel. Si la solidarité pouvait prendre racine, ils pourraient tenter de lui donner un peu de terre au lieu de continuellement lancer du sable et de la vase. Un consensus se bâtit, ce n'est pas un phénomène de génération spontanée. Les anglos se serrent les coudes? Ils ont peut-être tout simplement compris que l'évolution ce n'est pas seulement la division cellulaire; c'est aussi la parthénogenèse.

Et les germanos? Le rapport? Sont comme les vendeurs de diamants : ils possèdent ce que tu désires le plus, et quand tu peux l'avoir, c'est encore eux qui ramassent le total... ;-))

Bonne vie!

14 septembre 2008

La chaude pisse automnale


Quelle grossièreté!




Pourtant, alors que je regarde par ma fenêtre les véhicules de tout acabit déambulés sur le pont dans cette ouate chaude et humide de mi-septembre, je ne peux que penser qu'à l'urine (ouf! voilà un terme plus approprié) qui, immanquablement, vous frise sur les mains quand vous devez remplir votre petit codet du laboratoire. Et encore, je me réjouis, et vous en choeur messieurs, imaginez si vous étiez une femme. Une amie dont le conjoint possède une boutique de chasse et pêche me montrait, à cet effet, l'autre jour, un appareil, sorte d'entonnoir à l'alllure étonnamment fallique, pour permettre à la gente chasseresse féminne de pisser vers l'avant sans dégât. Dieu! Ce qu'on peut trouver dans une boutique chasse et pêche de nos jours. Pour la amateurs cherchez cette appareil juste à côté des lampes de poche...

Donc, dans l'attente de Ike le terrible balayeur des côtes texannes, je pompe de ma porte-patio cet air aux allures de sueurs sportives. Été bizarre, automne similaire. Peut-être devrais-je recycler plus de rebus, je mériterais plus de soleil.

Les RV commencent à glisser vers le Sud. Petit, moyen ou gros, à selette ou non, un deuxième morceau de famille en remorque, ils vrombissent dans un nuage de pluie. La grande migration est entamée. Qu'est-ce que je foue ici?

Rien ne vient à qui sait trop attendre. C'est l'histoire de bien des peuples. Les proverbes usent nos cerveaux plutôt que nos semelles. Ce côté de la réflexion est plutôt vicieux. Souvent, je dis à ma conjointe que ce serait bien de s'assoir devant un bon feu de foyer et comme nous n'en avons pas, cette phrase nous permet de hocher la tête d'abnégation devant le malheur. La pluie tombe: on attend le soleil. On ne fait rien: on attend le bonheur.

J'envie parfois les images de ne jamais refléter que ce qu'elles sont. À deux dimensions, c'est plus simple. Dès la troisième, on ajoute la profondeur; et alors là, quand on s'embarque à miroiter la quatrième... Foutu! On s'embarque pour la gloire, celle de l'impossible quadrature du cercle.

J'aime encore mieux essayer d'être heureux....


12 septembre 2008

L'héliocentrisme


Le roi Louis XIV adopta le surnom de Soleil: tout le monde tourne autour de moi. Il signa le Décret de fondation de l'Académie française : texte rédigé à la demande de Richelieu. Bien bon monde ces gaillards!

La clique des aristocrates aux talons pointus typiques, Versailles les dorlotait gentiment et en grandes pompes. Comme disait Beaumarchais par la bouche de Figaro au sujet de ces courtisans : « Recevoir, prendre et demander, voilà le secret en trois mots ». C'était le Leche avant le mot — et l'association. Qui dit grossesse ne dit pas grossièreté, mais qui dit bon parler n'implique pas nécessairement préciosité. Molière en fit la preuve. Un oeuf cuit résiste mieux que celui qui sort de la poule. Toutefois, c'est l'intérieur qui, après la gestation, craque lui-même la coque. On y vient...?

Le plus embêtant dans les niveaux de langue, ce sont les stéréotypes qu'ils promènent. Et les préjugés bien sûr! Si je parle gras, je suis gaillard, de gauche, sans aucun doute franc et digne de confiance; si je parle pointu, j'hérite parfois de l'homosexualité, souvent de la tromperie, du snobisme, du factice et du maquillage. Langue de bois versus langue du bois. Et là, je ne décrirai pas tous les étages de notre idiome, nous n'en finirions plus. Je suis contre les préjugés. Et les stéréotypes. La langue française est ce qu'elle est. Il faut vivre avec son histoire. Et son évolution. Qu'on l'écrive de la façon que l'on voudra, la norme bouge, mais très lentement. On a vu la levée de boucliers à l'automne dernier quand l'Académie a donné sa bénédiction à quelques centaines de simplifications lexicales et grammaticales. Ces dernières changent le français. Les pontifes ont dû y venir, car la pratique force l'évolution. Encore chanceux qu'elle change notre langue : cela illustre sa vitalité.

Alors, va pour l'identification de parler avec son personnage. Mais non à la marée de la langue familière. Jamais je ne pourrai négocier la richesse du vocabulaire, sa précision et sa profondeur contre des raccourcis aussi veules qu'imprécis. Quant à la syntaxe, nous devons y porter un soin tout à fait particulier. Si les Celtes n'ont pu cultiver leurs dialectes, c'est en grande partie parce qu'ils ne pouvaient l'appuyer sur une écriture originale basée sur leurs paroles. Le verbe a besoin de l'écrit pour se perpétuer; l'écrit peut facilement se passer du parler, la preuve étant la survie (je n'ai pas dit la popularité) du latin et du grec et autres langages du passé. Les linguistes s'accordent pour confirmer que la syntaxe est essentielle à la croissance d'une langue : vous perdez votre syntaxe, il ne reste que le vocabulaire à interchanger? Piouf! Voilà votre langue en maladie chronique!

Que Tremblay s'amuse avec le joual, bien! Mais je ne l'ai jamais entendu parler avec cet idiome. Et outre ces pièces de théâtre (que des paroles) et ses dialogues (dans sa prose), le reste est dans un français très correct.

Alors, Gaëtan le prolifique, le preux! Toi qui m'amènes dans les dédales de tes contes hypertrophiés et maléfiques, je veux lire ta voix et entendre celle de tes personnages.

Bravo et bon souffle écrivain émergeant!






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11 septembre 2008

À la bastille!


Je veux chanter. Je veux voyager dans le temps et devenir Gavroche. Je veux porter les armes à Waterloo, n'importe quel côté, juste pour vivre l'histoire... Parce que présentement on qualifie les élections américaines de « One in a life time» et que la nôtre ici est censée être déterminante pour le futur de notre pays. Quelle illusion! Faut vraiment se faire ramasser à la petite cuillère pour coller à de telles balivernes.

Nous aimons à nous leurrer des petits pièges et nous vantons d'en découvrir les détours. Petits hommes de petites histoires. Nous partageons Américains que nous sommes nos espoirs pathétiques et les observons à la loupe. Nous cherchons notre fierté à appartenir à une des plus formidables civilisations terrestres. Celle-là qui a pris une immense jungle et qui l'a domestiquée. Mieux et plus grand que même Gengis Khan ou Alexandre, dépassant de loin les exploits de tous les Césars réunis, nous sommeillons doucement devant nos écrans, messagers colorés de courtes-pointes folkloriques.

Je parlais de Cortès cette semaine; de Marco Polo aussi; de Gutemberg et de Cabot. Vous imaginez-vous la superficialité de nos doutes et de nos débats. Même nos coureurs de bois, héros découvreurs de notre vaste territoire, jouent les figurants. Ils auraient d'ailleurs tous foutu le camp devant ces politicailleries. Mais c'est tout ce qui nous reste. Jouer les découvreurs de sornettes domestiques.

Je ne nie pas l'intérêt de ces gestes. Ils gardent de toute évidence une signification certaine et une importance relative pertinente. Il serait, toutefois, tellement agréable de replacer ces questionnements, de les mettre en perspective et de leur accorder la place qu'ils méritent. Cessons de grossir impunément les petits riens pour se rendre intéressant.

10 septembre 2008

Simplement déchiré!



Cher Gaëtan Bouchard,

Je ne lis pas toute ta production par manque de temps. Par contre, j'en lis assez de phrases et assez régulièrement pour la goûter et y retourner pour une deuxième bollée. Je n'ai pas encore contacté la listériose ou autres bibittes microscopiques. Bon signe! Je te réponds à partir de mon blogue pour susciter un peu d'action. Tu connais ça n'est-ce pas? Faut dire qu'après plusieurs mois de silence, pas évident pour les lecteurs s'il y en avait. Bémol... Mais, bon...

J'aime ton style. Toutefois, comme le dit mon titre, je suis déchiré. Ma chemise est toujours intacte; mon moral aussi : je ne perds pas de sommeil sur ton écriture. Mais voilà : je suis professeur de français! Comment veux-tu que je cautionne tes rabelaiseries? En fait, nous sortons à peine du chapitre du Moyen Âge mes étudiants et moi. Tous ces alchimiques méandres plus ou moins barbares que je scrute depuis des années me fascinent. Les Goths des quatre coins des Caucases et des steppes ont détruit l'Antiquité romaine et, bien sûr, buté contre la musulmane pour la fameuse et combien intéressée conquête de la tombe du Christ à Jérusalem. Ça fait penser à Bush en Iraq; ça maintient un calme relatif à la maison et de l'argent plein la forge. Mais on a dû attendre longtemps avant de retrouver un semblant de littérature! Des lustres, avant de foutre une baffe aux cléricaux liseurs de bréviaire morons qui tenaient le peuple dans l'ignorance et couchaient avec les potentats. Alors, si je suce la substantielle moelle, je ne veux pas gruger mon os. J'aime bien ma civilisation finalement. Gutenberg est mon héros; Gates, ma passerelle! Gaëtan! Le françoé de douze cents avait encore des mailles dans l'oesophage et Rabelais quelques poussières dans le collimateur.

Cette semaine, je commence à aborder la Renaissance avec sa boulimie de connaissances. Chaque session, je me fascine moi-même quand, devant mes étudiants, je procède à ma description, ce catalogue ahurissant, de ces quelques années où on a voulu prendre le raccourci du connu antique pour gambader gaiement vers des découvertes qui bouleversèrent notre civilisation. Allô Montaigne, un café? Avec Marot? Hé! À la bonne citerne!

Je te le reconfirme : j'aime ta parlure. Mais je ne peux l'endosser totalement. Je sais pertinemment que ta culture est vaste; que ton courage est à toute épreuve. Mais j'aime moins que ta langue cherche son originalité dans la forme plus que dans le mot. Je te choque : désolé. Remarque que je t'envie cette rage lexicale qui fait un peu penser à ces hordes de peuples nomades qui envahirent l'Empire romain pour la détruire, bien sûr, mais aussi pour nettoyer une société salie à un point de non-retour. Gaëtan le nettoyeur! ;-)

Porte ton message! Je lui souhaite longue vie!

Amicalement!

Pic

9 septembre 2008

Isabelle Saulnier




Je n'ai jamais eu de longues conversations avec Isabelle. Que des bonjours et quelques bribes dans le stationnement ou un des corridors du collège oû on enseignait ensemble. Elle et ses congénères vivaient au sous-sol: Santé animale et ses cages, son laboratoire et sa salle d'opération, habitaient dans du béton, pour le meilleur et pour le pire.



Pour une raison ou une autre, la conversation dont je me souviens le mieux demeure celle où l'on avait parlé de Handball. Je ne sais trop comment nous étions arrivés à parler de ce sport, mais Isabelle le connaissait très bien. Elle avait même joué en Europe dans une ligue semi-professionnelle.

-C'est un sport extraordinaire.

-Oui, de la vitesse, de la force, les réflexes...

-Et cet instant, arrivant devant le but adverse, où tu te projettes dans les airs avec le ballon collé sur le corps... Arrêt du temps. Pendant quelques fractions de seconde, tout s'arrête. Tu as dépassé la ligne des buts, ton trois secondes s'achève, tu fixes le gardien mais tes yeux ont tout le filet dans la mire...

-Ouais! Dans les airs en suspension, et tu décides où tu vas lancer ton ballon pour compter. Comme un arrêt du temps, comme un temps où plus rien n'existe que toi et le gardien. Tu n'entends plus rien. Ton corps s'arque vers l'avant. tes pieds nagent dans le vide. Ton corps est trempé et tu sens l'eau soudainement dans un courant d'air sur ton front. Ta bouche s'ouvre très grande, et tu cries...

-Tu cries de rage, un cri primaire, et tu lèves ton bras bandé comme une catapulte, et le ballon explose vers le point que tu veux de toutes tes forces.

-Puis plus rien. Tout est fini. Ce n'est même pas important d'avoir réussi ou non. Tu as vécu ton moment et tu retournes dans ton territoire pour reprendre le jeu. Et tu espères jusque dans le tréfond de ton âme que tu vas reprendre le ballon pour recommencer.

-Ta vie pour sauter avec le ballon à nouveau pour essayer de vivre pour vrai.

La cancer ne t'a pas tué. Il t'a juste un peu éloigné du jeu...

Merci Isabelle Saulnier. T'étais une vraie.

Adieu.

Pierre

8 septembre 2008

Hommage à mes filles


Merci Miriam, Ève, Laurence et Emma!


Ce matin, regardant Laurence gravir les marches de l'autobus scolaire, Emma a éclaté en sanglots. Elle voulait suivre sa grande soeur à l'école.

— Encore quelques années, tu iras aussi entamer ton parcours d'apprentissage. Comme Miriam et Ève, voilà quelques années.

Difficile à décrire le bonheur de voir ses enfants se lancer des défis qui donnent des frissons; la grandeur de leurs ambitions, puis l'ampleur du risque, vous font passer des nuits blanches. Oh! Vous apprivoisez bien, lentement et sûrement, les étapes de leur vie. Toutefois, ils arrivent toujours à vous remettre sur le qui-vive : père un jour, père toujours. Miriam apprend à frayer dans une multinationale; Ève se taille un écrin dans la grande, l'immense, ville de Toronto. Laurence s'élance vers sa maternelle. Alors, ma petite Emma, calme-toi lorsque ta soeur s'éloigne. Tu y parviendras aussi à ce monde qui exigera le meilleur de toi. Tu auras tes bonheurs et tes malheurs; tes gloires et tes misères; tes succès et tes échecs. Je tenterai de t'accompagner; mais même quand je ne serai pas à tes côtés, je t'accompagnerai tout de même. Un compagnon de route comme grand-papa Ernest l'a été pour moi. Une bouée de sauvetage quand le vent est trop fort ou que la brume est trop épaisse. Aujourd'hui, c'est plutôt ta grand-mère Bibianne qui sert de guide quand les remparts risquent de céder. On va la voir souvent pour lui dire un mot. Alors moi aussi, je serai toujours quelque part à attendre tes messages. Ne t'inquiète pas, je t'entendrai, comme je crois avoir entendu tes soeurs malgré de grandes distances et de longues absences. Je te suivrai avec mes yeux, avec mon coeur. Et je tenterai de dormir paisiblement, inutile espoir, en faisant confiance au destin et à ta force. Je tenterai de rationaliser mon absence ou la distance qui pourra parfois nous éloigner l'un de l'autre.

Merci mes filles! Si les deux dernières ralentissent la gangrène des années, les deux aînées représentent le meilleur modèle que l'on puisse espérer.

Merci Miriam, Ève, Laurence et Emma!

6 septembre 2008

Le référent (Élection canadienne 001)

Référent : objet du monde auquel un signe fait référence, en tant qu'il est déjà perçu à travers un filtrage cognitif et culturel. Il se distingue donc de l'objet-en-soi (Saussure)Lisez ce texte, je vous rejoins au bas.


Le signe et le sens :La langue est un système de signes et un signe est une image acoustique ayant unsens — un signifié. Ainsi, un signe n'est pas visible : il n'est qu'audible. Il faut donc distinguer soigneusement la conception classique du signe de la conception de Saussure. Car celle-ci compare le mot avec un signe dans le sens propre de ce mot; c'est-à-dire que le signe est une chose visible (par exemple un drapeau) qui renvoie à ce qu'il veut dire. En latin, signum, comme en grec semeion ont une telle signification. D'où la différence visible entre le signe — chose visible — et ce que le signe veut dire. Dans ce sens, il n'y a pas de signelinguistique avant l’écriture. C'est le mot écrit qui dissocie le mot de ce qu'il veut dire et cette séparation peut ainsi rendre le mot écrit comparable au signe visible. Référent et mot écrit surgissent en un même geste et le mot devient un signe qui remplace quelque chose. La question est seulement en quel sens? Et la réponse est que ce rapport est modelé sur le mot qui semble avoir une relation immédiate à son référent et qui semble lui appartenir; c'est-à-dire le nom propre. De cette façon, le mot peut avoir une relation à son référent parce qu'il est le nom de ce référent; il est ce qu'il nomme proprement selon le modèle du nom propre. Signer, c'est écrire son nom qui est là sur la feuille en l'absence de son référent nommé. Ainsi s'institue le cercle de la philosophie entre le mot et la chose — ou plus généralement — entre le mot et le référent. À partir de ce cercle, c'est le référent et le problème du sens quideviennent importants et la discussion philosophique se concentre sur le statutdu référent et sur le lien entre les deux (choses, idée, signification, etc.). Ce qui est présupposé, c'est que le mot est un nom. Le nominalisme convient donc pour Platon aussi bien que pour Aristote, et il détermine aussi bien le naturalisme que le conventionnalisme comme les deux prises de position sur le rapport entre le mot et le référent. Dans la grammaire, ce cercle soutient la thèse, quant au parallélisme logico-grammatical, que la grammaire reflète la logique. Selon cette conception, la parole est portée par la pensée comme elle est analysée par l’écriture. Voilà pourquoi le cercle entre la parole et l’écriture fut rompu en même temps que la grammaire se dissocie de la logique. Pour Saussure, on vient de le voir, ceci implique de lier la parole à la langue et pas directement à la pensée. Mais c'est aussi dans le même geste qu'estdénoué le cercle mot-référent dans le sens qu'il ne fait pas une nouvelle théorie du référent, mais ce qui est plus fondamental, une nouvelle théorie du mot qui nous permet de dépasser la circularité entre le mot et le référent.
http://www9.georgetown.edu/faculty/spielmag/docs/semiotique/signe1.htm
(Guy Spielmann, Georgetown)

Ne vous inquiétez pas, je ne désire pas vous entraîner dans une séance de masturbation intellectuelle. Aussi jouissante puisse-t-elle être, j'aimerais simplement pointer l'actualité de cette discussion à l'orée de cette élection canadienne déclenchée le sept septembre par monsieur Harper et achevée le 14 octobre, le mardi suivant l'Action de Grâce. Parenthèse : trois semaines et des miettes avant la conclusion de l'Américaine.

Que viennent faire le référent et le signe sur cette piste démocratique?
Les campagnes électorales se composent en grande partie de paroles : les dites, les rapportées, les senties, les cajoleuses, les cruelles; bon, nous ne ferons pas le tour des qualificatifs. Toujours est-il que les mots auront le haut de pavé. La majorité des personnes qui utiliseront ces mots n'en connaîtront fort probablement pas toutes les définitions; j'imagine que leur connaissance lexicologique minime. Je ne parle pas bien sûr quantitativement, mais qualitativement. Les mots à leur disposition pour tourner autour de pot ne manqueront pas; mais la signification qu'ils voudront accoler à ces mots demeurera souvent obscure voir ignorée. Ces mots seront livrés en pâture à la population. Cette population, souvent représentée par des journalistes, les recevra en réverbération. Il faudra donc faire confiance à ces transmetteurs. Premier niveau d'interprétation. Ensuite, les lecteurs, plus souvent les auditeurs puisque nous ne lisons plus, dès la réception, commenceront le jeu du téléphone. Les mots s’y dilueront comme l'eau de mer dans le golfe Saint-Laurent, et vice versa. Où sera le sens des mots? Nous aurons sauté d'ignorance en ignorance.

Quand Saussure parle de cette dialectique entre le signe et sa source, le référent, la chose, le concept, nous tombons très rapidement dans une abstraction. Une belle et fascinante abstraction. Pour les électeurs, il s'agira d'une confrontation. Le politicien, le référent, tentera de convaincre la population, le signe, que sa liaison proposition-réalité est la meilleure. La population se divisera sur un certain nombre de lignes paramétrées sur leur vision de ces réalités offertes par les propositions. À la fin, une décision démocratique décidera de la relation la plus crédible, du moins la plus désirée. Dès lors, le référent, toujours le politicien, jouera sur un nouveau signe, une nouvelle interprétation de la réalité. Le besoin de soutien aura disparu pour un temps. Comme le consensus temporaire qui fit que Goupil servit à l'identification d'un animal, et que plus tard ce consensus pencha pour le nom renard.

Il faudra bientôt poursuivre cette discussion sur la pertinence et l'intégrité de cette relation.

À bientôt!

5 septembre 2008

Quelques instants


Juste avant de sortir dehors pour la fin de semaine, je regarde par la fenêtre: un ciel bleu avec quelques nuages très blancs, de la ouate sur une couette. quelques feuilles vibrent sur le côté gauche, une touche de fragilité et de mouvement. Le collège est plutôt paisible; la plupart de la population étudiante est partie; la grande majorité des habitués de l'aile des professeurs ont quitté aussi: seul et heureux. Je reprends mon souffle.

La sensation au sortir de la salle de cours me fascine encore. Parfois, je sors les yeux inquiets. La satisfaction n'y est pas. Il y a eu une bourde, une erreur quelconque. Quand ces choses-là arrivent le vendredi après-midi, le travail me suit toute la fin de semaine. Pas cette fois-ci! Ce vendredi-ci, le cours s'est bien terminé. Des sourires et des "bonnes fin de semaine", puis je verrouille la porte. Je déambule le corridor vers mon bureau. Je rentre, active mon écran endormi, vérifie mon courrier; je prends une longue respiration. Je suis en fin de semaine. J'aime mes étudiants.

Je lis un article sur la prochaine élection. On ira voter un peu avant les américains. C'est bien! Nous aurons peut-être un gouvernement majoritaire...

Je veux parler d'autre chose...

Je suis heureux de réécrire. Je ne dois plus arrêter. Je sais que je me parle; personne ne lit, mais le risque est là. Et, comme disait Lévesque, c'est un beau risque. Les textes que j'accumule me représentent bien. De tout; un peu de tout. Je mentionnais à mes étudiants cet après-midi que j'étais à la recherche de mon fils. Certains sont à la recherche de leur père, de leur mère; moi, c'est de mon fils. Je suis père: père de quatre filles merveilleuses que j'adore plus que tout. Et elles me le rendent bien. Je ne pourrais espérer avoir une paternité plus agréable. Elles me gâtent. Mais il demeure cet espace vacant dans ma tête: un fils. Je veux venger l'absence de mon père. Selon certains, elle n'est pas, ne peut être, physique puisqu'il était toujours à la maison. Alors elle devait être psychologique, ou morale, ou quelque chose, car je ne la vois nulle part dans mon enfance ou dans mon adolescence. Je ne vois que d'autres hommes. Ah oui! quelques souvenirs épars: le lavage de la vaisselle que je devais faire avec lui; le lavage du linge la samedi; sa crise de larmes à la messe de départ du cardinal Léger; ses sommes le midi; les chicanes avec ma mère. Bon, dans le genre. Je cherche peut-être un fils parce qu'il voulait être le mien ce grand enfant qui me chargeait continuellement de responsablilités diverses. En tout cas, je suis meileur père que lui.

Quelle discussion pour un vendredi! Allez va-t-en! Sors et va chercher Emma à la garderie!

Je souris un peu. Je me lève. Je mets mon sac à dos. Je déambule dans le corridor. Je suis déjà dans mon futur.

4 septembre 2008

Barbie goes to Washington! (Élection américaine 004)


Quel remue-ménage dans la grande famille politique mondiale. Après l'élection du très plébéien Sakorzy, et le noir au nom bronzé Obama, voici Sarah Palin, la campagnarde, la hockey mom!

Je lisais ce matin un éditorial enflammé au sujet de la barbie vice-présidente républicaine. La photo de l'auteur de l'article garnissait l'entête: feuille d'épinard fanée délaissée sur une Lyonnaise en fin de repas. Je n'arrive pas à me décider entre justesse et pruderie... Molière avait bien défini le concept dans ses Précieuses ridicules.

Honnêtement, madame Palin est vraiment agréable à regarder. Elle fait plaisir à entendre aussi : fraîche, souriante, lunettes sexuées et talons hauts, jupe très saillante, chemisier invitant, une dentition à faire mordre. Et les lèvres... Presque un fantasme. J'imagine mon ex-belle-mère du Midwest, les yeux bridés regardant en coin son mari paillard et repu pensant : ça y est, il vient de prendre sa décision, Mc Cain pour l'armée et Palin pour l'entrejambe. Elle se dit aussi : après tout ce que j'ai dû endurer comme merde, moi aussi c'est décidé, je l'aime bien cette poupée; elle ne semble même pas assez tordue pour mentir correctement. Lipstick and Bull terrier!

Le parti démocrate vient de faire la preuve qu'un ticket jeune noir Oreo et vieux blanc aristocrate peut survivre. Le parti républicain vient de le piétiner en illustrant un mariage entre le vieil Ulysse sur son trône bien revenu d’héroïque voyage et Pénélope la courtisane qui attise les courtiers. L'éditorialiste mentionne que la nouvelle candidate va mettre le monde entier en chemin vers Armageddon. A-t-elle pensé à la même chose au sujet de Bush? En tout cas, c'est un argument que les femmes républicaines et démocrates pourraient très bien lui mettre sur le nez. Jalousie, jalousie... Un journaliste du Washington Post l'a déjà mentionné : Quayle! Dole! Voire Jonhson... Cheney... Mais oui celui qui a tiré sur son compagnon dans un champ de tir par accident. Alors, pardonnez ma remarque, j'aime autant l'audace infantile que la niaiserie sénile.

Il semble que ce soit lorsqu'un candidat met en jeu notre petite sécurité tranquille que les raisons les plus stupides émergent. Les Américains se lanceront-ils soudainement sur le corps de cette basketballeuse sirène? Qui sait? Mais de grâce, cessez de valser vos petites valeurs. Vous êtes les premiers à lancer à tous vents que ces personnages n'ont que très peu d'impact finalement sur les événements, que c'est plutôt une énorme machine de lobbyistes et de mandarins qui forment le vrai pouvoir.

Faites de l'air!

3 septembre 2008

Une brique et un fanal


Dehors sous le soleil, deux images frappantes me viennent à l'esprit: la brique, synonyme de poids et d'ordre; le fanal, symbole de lumière et de mouvement.

Historiquement , le sens de brique joue avec plusieurs expressions: thick as a brick (bête et épais); la célèbre brique et son fanal (attente intempestive); moucher avec une brique (risquerait d'éteindre la chandelle); Couler une brique pour attirer le jade (résultat inattendu). Outre les trois petits cochons, la brique n'a pas nécessairement bonne presse. Pourtant, j'aime bien; j'avais monté, dans mon premier appartement, une bibliothèque en briques. Un ami aussi suivit cette mode; à son grand dam, elle lui est tombée en pleine nuit dans un fracas d'enfer. Mieux vaut se buter sur une brique (difficulté inattendue) que la recevoir sur la tête (Malheur!) Pauvre other brick in the wall! Faut pas s'en faire... Une brique est une brique est une brique... École après école, du mur à mur souvent jaune diarrhée; boîte à vieux, rouge sang; boîte à banlieue, gris sombre.

Bon. Oui! Vaut mieux le fanal pour l'aventure. Maigre comme lui ou allumé comme l'autre. Coleman sous pression sous la tente sous la pluie. Lumière, oh! Lumière! Je siffle ma fragilité. Pour la balade de crotin sur la Place du Marché, paclop... paclop... allez hue la grise, je balote mais jamais ne m'éteint! Il n'atteindra jamais la direction; quand même, pas un phare le fanal. Au moins, on me voit de tous les angles tout le temps: pas de temps en temps en coup de vent. Lui, il 'éclaire partout et donc nulle part; moi, je sonde, avec moins de portée, mais plus de fiabilité. Parfois le goût de s'aventurer dans l'escalier de la tour est trop fort. La tête en l'air, le souffle un peu plus court, monte, monte, hummm! encore un peu. Oups! le porteur t'a laissé sur la marche. Il est monté seul le chien! Que l'écho... Il va te reprendre en descendant pour que tu continues à éclairer en bas... avec la cloche à vache...

Le temps de rentrer arrive. La fin de la pause. La brique et le fanal reprennent le chemin. Au p'tit trot, tout le monde reprend le collier pour encore quelques heures. La cariole rentre au bercail du cheminement. Ne cherche-t-on pas que ce qui est ailleurs; que ce qu'on n'a pas encore trouvé? La brique soutiendra; dans sa bêtise, on trouve la sagesse quelque part. La nécessité d'être là et pas ailleurs. La pertinence de l'ancrage, du connu, de l'origine du parcours. Fil d'Ariane... Et la lumière qui pointe vers l'insondable, elle amène vers le danger, l'inconnu apprivoisable. Vers l'Odyssée!

Allez hue!

1 septembre 2008

La Fête du travail


Je pense donc je suis. Non! La société contemporaine dit plutôt: "je travaille donc je suis".

Il fait soleil. Une légère brise sud-est souffle à peine sur les feuilles qui usent leur vert sur un fond d'automne. Je ne travaille pas; c'est la fête du Travail. Je monte à Montréal reconduire ma fille à Trudeau. Je descends lentement sur la 40. Demain, je retourne au collège.

Sur la route, je refais ma vie. Je scrute les coutures; il y en a plusieurs. Certaines déchirures aussi qui agacent encore. Passez l'âge! Avancez! Vers demain... sourire... Trop tard: Alea jacta est!

J'aime beaucoup le film "Back to the future" avec Michael G Fox.Le nom est intéressant; assez paradoxal. Retourner vers un futur qui, ancré par la passé, n'est autre chose qu'un présent amélioré grâce à un peu de courage et beaucoup d'encouragement. Ainsi va la vie. On a beaucoup de secondes chances. Je regarde ma vie, et les occasions fusent. Le destin... bof! C'est comme les arbres: les anneaux s'accumulent, disparaissent, s'éloignent de la réalité, mais demeurent. Au parc de Vieilles Forges, en fin de semaine, avec trois de mes filles, Ève, Laurence et Emma, en descendant le sentier vers la fontaine du diable, de très vieux ifs tordus plantés dans une pente érodée exibaient leurs racines torturées. Au centre de l'une d'elles un jeune if, d'un diamètre d'à peine le dixième du tronc en décomposition qui le contenait; il voulait sans doute relancer l'espoir. Non! Issu d'un vieil anneau, on l'avait scié: Vert tendre sur brun pourri. Le passé ne s'efface pas; au mieux, il pourrit et s'effrite. Au pire, il hante et persécute.

Back to the future... En Irlande, furetant dans les ruines d'un vieux monastère abandonné au beau milieu d'un champ de blé sauvage et adossé à un petit cimetière cahoteux, j'avais lu des épitaphes des 7ième siècle au 12ième siècle; quelque part dans un coin, une toute jeune de la deuxième guerre mondiale. Il n'y avait rien de particulier sur l'enregistrement vidéo. Tout était normal: pas d'ombre blanche ou de torsion de couleur. Rien! Comme du passé; invisible. Sauf pour les pierres.

Avancez en arrière! Back to the future! Tiens, je voudrais bien me souvenir du futur.