21 août 2010

Paul Sauvé mort ou vivant!


90 jours au pouvoir. Trop dur. Mort et enterré!
« Paul Sauvé veut bien faire comprendre à ses concitoyens que le Québec se situe à un tournant de son évolution. La Belle province se trouve en fait à la croisée des chemins vers une ère de modernisation de ses institutions et de son administration. Les historiens qualifieront plus tard de “Révolution des 100 jours” ce trop bref passage à la tête de l'État. Certains même y verront une forme de prélude au grand remue-ménage de la Révolution tranquille des années 1960. Son action s'inspire effectivement de l'“idéologie du rattrapage” qui pavera la voie à l'ère des réformes de la Révolution tranquille. Paul Sauvé, le plus progressiste des conservateurs, semble s'être donné pour objectif de faire entrer le Québec de plain-pied dans l'ère de la modernité. »
Au nombre des mesures mises de l'avant au cours de ses 112 jours de règne, signalons le coup de barre donné dans le dossier des relations avec le monde des médias, le règlement si longtemps espéré de la question des subsides fédéraux aux universités, la reconnaissance du droit d'association et l'ouverture aux mouvements de syndicalisation, le renforcement des acquis de la Fonction publique, instrument indépendant de l'appareil de l'État. Paul Sauvé crée également un poste de chef de l'information afin de mieux faire valoir auprès la population le bien-fondé des nouvelles orientations de son gouvernement.
Il sait déléguer et faire confiance à son cabinet. Ses ministres auxquels il laisse plus de latitude conservent la responsabilité de leurs décisions. Il relance les discussions sur la frontière du Labrador, déclare l'urgence de réévaluer le système d'éducation. Nous le voyons prendre part aux négociations fédérales-provinciales sur le partage des impôts et la fiscalité. Sur le plan des infrastructures, il inaugure l'autoroute des Laurentides et annonce la construction de trois centrales hydroélectriques sur la rivière Manicouagan. 
Son décès subit le 2 janvier 1960 déconcerte les milieux politiques, attristés devant la disparition d'une des plus brillantes figures de sa génération. Selon Georges-Émile Lapalme, sans ce départ prématuré, Paul Sauvé aurait sans doute eu la volonté et l'intelligence politiques de procéder à la plupart des grandes réformes qui transformeront bientôt de fond en comble notre paysage socioculturel québécois au cours de la Révolution tranquille. » (Un homme politique tourné vers l'avenir, Paul Sauvé)
Je suis profondément nostalgique. Je vais organiser une séance de spiritisme et faire revenir Sauvé pour quelques heures pour lui demander conseil. Je vais aussi lui demander comment il se fait qu'un homme dont on rêvait la mort dans plusieurs milieux intellectuels eût pu permettre à un homme aussi progressiste de prendre en charge des réformes aussi fondamentales que les allocations sociales aux plus pauvres et les écoles techniques de formation continue et professionnelle dirigées par des laïcs : Paul Sauvé. C'est un aréna maintenant. Pauvre homme. Après 112 jours, il semble en avoir fait plus qu'en 8 huit ans pour la majorité des autres. Le plus tragique est qu'ils vous diront que les défis ne sont pas les mêmes; à cette époque historique, tout était à faire. Dieu, qu'ils sont stupides et ignorants. L'histoire est fabriquée par les vivants; c'est leur manque d'imagination et leur paralysie cérébrale qui est le problème. Le Plan Nord par exemple; en voilà une idée fantastique. Mais il en faut du cran et de l'intelligence pour le pousser. Il en faut du courage pour pousser de l'avant un développement aussi gargantuesque pour de si petits estomacs. Les idées, les principes, la langue de bois, ce hachis ne nous mènent nulle part. La santé claudique; l'éducation s'édulcore; la société se désarticule. Mais on parle; on parle beaucoup, et on chiale, et on grève, et on menace, et on se pourlèche tellement son nombril qu'on en oublie que l'on vit en société.

Qui a initié les Pays d'en haut? Qui a ouvert l'Abitibi? Ça me fait penser à une réflexion, plutôt débile vous me passerez l'expression, d'un ami qui m'avait fait la remarque suivante : le gouvernement nous donne l'argent pour partir des projets, mais quand ils sont en marche les subventions cessent et il faut le rentabiliser par nous-mêmes. Si les enfants se disaient la même chose, ils ne quitteraient jamais la maison. Si je te donne une automobile, faut-il que je te paie la gazoline pour les trois prochaines années? Et la quatrième année, tu vas m'en vouloir pour te couper les vivres? Bon enfin, tous les goûts sont dans la nature!

Paul Sauvé, qui avait mis l'équipe entière de Duplessis sur la guillotine, avait adopté le slogan « Désormais ». Une coupure avec le passé, un clin d'oeil sur le futur, mais surtout un geste pour le présent.   Il n'a pas eu le temps de tout faire. Quelque temps après sa mort, la puissante Union nationale pique du nez; c'est Lesage et ses libéraux qui remportent les élections. Ils ne le diront pas trop fort, mais ils vont reprendre la feuille de charge de Sauvé et changer le Québec pour toujours. Où est ta statue mon Paul? Ça te va tellement mal un aréna; là où on patine. Tu devrais être un barrage, ou un aéroport.

Aucun commentaire: