31 octobre 2008

Comment détruire la société!

Il suffit de la confier à des incompétents. Et aujourd'hui, nous y sommes! Oh! Je ne parle pas de la grande échelle hiérarchique où on se perd dans les théories et les titres ronflants. Je ne parle pas de nos politiciens, de nos dirigeants spirituels, des puissants de ce monde. Non! Je parle de moi. Je suis le grand destructeur de la société.


Je pense à Obama. Je reste froid face à ce personnage rongé par l'ambition. Oh! Horreur! J'ai trouvé McCain sympatique au Saturday Night Live. Noir ou blanc? Les démocrates, en panne sèche de candidat charismatique, court-circuité par l'ex-première-dame Clinton-je suis-corrompue-à-l'os, a jeté son dévolu sur une étude de marché qui définissait la couleur d'un preacher s'avérait le seul compétiteur valable pour remplacer le preacher blanc. Pauvre McCain, soldat de plomb, Top Gun de la plèbe, riche par alliance, qui ignore le nombre de ses maisons... de son épouse : cela dit assez l'importance qu'il accorde à ce détail. Et si on demandait à Barrack le total de ses placements...!?


Je pense à l'attention médiatique universelle sur l'élection présidentielle. Fugace! Une marée d'humains à la recherche d'une cause. Je pense que tout cela est vain : une horde de minus en orbite du soleil tentant de placer leur ombre pitoyable en relation avec l'Astre. Les Américains décideront et nous vivrons avec leur décision... une fois de plus... en bon conquis!


Je pense à la futilité de parler. Au manque de courage d'agir. Il vaut mieux faire le spectacle que marcher à l'affront. Mercredi matin, nous pleurerons notre dépendance, peu importe le résultat, car notre société se sera prouvée une fois de plus que notre colonialisme n'est pas seulement dans notre âme, il siège dans notre génétique.


Je pense à la destruction... Non! Je pense à mon prochain congé pour me baigner avec Bob de l'Ohio qui vit en Floride grâce à son ingénierie dans une multinationale pour discuter des vraies affaires : la culture générale d'un Américain intelligent!

28 octobre 2008

Instruments de torture


Ainsi va la vie. On meurt. On finit toujours par mourir. Et la plus belle mort est définitivement la dernière; la vraie; la tombe; la cendre; la disparition définitive!

La vie est fourbue de zombies : êtres plus ou moins moches, pourrissant mentalement et physiquement : tu périras par là où tu as péché : la gorge, le coeur, le cerveau, le cul...

En 81, une marche dans une nuit noire, avec un jeune étudiant à Argenta, Dylan. On n'avance que par l'instinct de reconnaître la route de terre et le son de nos bottes. Nous parlons de la vie. de la sienne et de la mienne; je suis en quelque sorte son tuteur; il termine sa douzième année; il vient de Upper New York près des Finger Lakes. Je crois encore aujourd'hui qu'il était très intelligent, mais surtout courageux : il est devenu prospecteur et s'aventure dans la jungle amazonienne. En arrivant à destination, quelque deux kilomètres plus loin, nous avons soudainement assisté au lever de la Lune : il faut avoir vécu en montagne pour avoir un sens de ce moment. La Lune peu à peu rayonne sur le faîte de la montagne, puis graduellement se dévoile et enfin la délaisse pour briller dans le ciel noir. Il fait clair. La forêt environnante, le sentier, les falaises s'enveloppent de poudre phosphorescente. Debout, en silence, happés par la féerie.

Ces moments de vie vont et viennent. Non! Pas vraiment! Il faut les chercher et les mériter. Il faut non pas accueillir l'aventure, mais trouver, prendre, le courage d'y pénétrer. La plupart des cons qui végètent à reporter à demain en attendant gaspillent leur temps et celui des autres. Ils torturent leur vie pour atteindre des instruments de silices. Je n'ai pas d'épaule pour les larves.


18 octobre 2008

Dernier droit (3)

Attention! Sur la civière à droite! Laisse le défibrillateur à gauche à la tête. Le cardio à droite, la pression ici, le régulateur, le dextrose là, la tente, appelle le neuro au cas. Vite Christ! Vous autres au rapport au poste.
Branche à l'encéphalogramme et au manomètre. Va me chercher de l'amphétamine et du Valium.
— Ah! Monsieur le docteur, il vient d'arriver des Îles par hélicoptère. Arrêt complet de toutes les fonctions moteur. Le pouls est normal, considérant. Le cerveau, on sait pas encore. On le branche?
— C'est Robert Plante.
— Qui? Lui? Comment...
— Robert Plante. Le conjoint de Diane.
—?!?!?
Manquait plus que lui... Le subir tout mon secondaire... École privée. À l'orée de la révolution tranquille. Le p'tit blond parfait de la banlieue cossue stationnant sa puissante moto de performance sous les yeux de tous. Assez curieusement, son regard rencontrait régulièrement le mien. Quartiers différents, histoire familiale aux antipodes, fréquentations irréconciliables, loisirs inabordables, l'univers de l'un représentait l'Olympe de l'autre.

Les leurres de la jeunesse. On avait été, tous les deux, témoins de la fornication d'un chien et de sa chienne, deux animaux sales d'environ trente centimètres de haut, maigres à frémir, laids à chier. Devant la porte d'entrée du séminaire, parmi les autres animaux à peine mieux dressés qui s'engouffraient dans l'humide sous-sol aux cases de tôle, ils tentaient, en hurlant, de se détacher. La nature ayant pourvu le Mâle canin d'un pénis avec des arêtes de retenu pour assurer non seulement une pénétration, mais un emprisonnement cadenassé de l'appareil dans le vagin de la Chienne, les deux goinfres se retrouvaient titubant maladroitement essayant de fuir la foule criarde. Cris bizarres : mélange de peur, d'urgence, de désespoir; de lui et d'elle, aigus à souhait, dents sorties, se tortillant comme des damnés aux enfers.... selon les gravures de l'Encyclopédie de la Jeunesse du moins... Lui et moi regardions un peu gênés, hébétés, alternativement l'emprise sexuelle et nos regards à la fois surpris, amusés et curieux! C'est la seule fois où nous assistions au même spectacle sauf la fois où, arrivant à la maison de Diane pour un samedi de petting, je les avais observés dans son salon en état de préparation avancée.

- Allez Éric! Sors-moi de là.

Un sage à entendre


Bof! J'arrête à la porte. Je cogne sur le cadre car la porte est ouverte. J'entre, demande une minute sachant bien, et lui aussi, qu'on en a pour plus. Je m'assieds, pousse un long soupir de dépis et pose ma question. Quelle est-elle? On s'en balance. Quand je viens le voir, c'est simplement pour entendre un peu de salubrité humaine, ce qui est rare!

Il est un repère. Pas une bouée. Pas un guide. Juste un cerveau qui parle bien, et juste. Je m'en sers de temps à autres pour défragmenter mon disque. Les individus indépendants ne court pas les rues; chez nous, oasis parmi mille mirages. À l'entrée, comme le casse-tête chinois, les blocs de bois, sphériques, cubiques, coniques ou élicoïdales s'étalent pêle-mêle sur le plancher. Je les jette là presque comme un défi que je nous donne. Vas-y! Essaie donc un peu de voir un ordre là-d'dans! Un certain nombre de phrases entrecoupées de quelques uns de mes grongnements s'écoulent. Je regarde plus que je n'écoute; ici les paroles comptent moins que leur association. Curieux à dire, peut-être plus encore à comprendre, c'est la logique qui est fascinante à élucider dans le propos, pas sa signification. Un peu comme l'ordre (pas dans le sens de classifier, mais dans le sens de commander): il sécurise; il clarifie. Le faible plie; le fort affronte. Les tergiversations parlent de bois; les décisions parlent. Lui, sa logique ordonne; elle n'est pas inquisitoire; elle se contente d'être déchiffrable, évolutive et solidaire. Déchiffrable, elle est limpide dans sa démonstration. Évolutive, elle monte graduellement ou descend inéluctablement vers le finalité à atteindre. Solidaire, elle n'est pas infaillible, mais englobante de tout l'univers concerné par l'objet de discussion.

Quelques minutes après mon arrivée, les pièces reposent toujours sur le plancher, mais ils font du sens. Je les ramasse; sors; hoche un peu de la tête; déambule calmement vers mon bureau: bon intermède.

16 octobre 2008

MoMA - Pollock

I have a dream! But who has an answer for me? The bridge crosses a river no longer existing. It dried up. It was damed! The water holds, stuck up for production. People on both sides now walk across dry foot. Plants and trees have started to grow up there where mice, crows and rats commutes from downton to suburb.


Je suis Pollock. J'ai bu. Une immense toile assiège mes yeux. Mes mains sont fébriles. Mon cerveau fige. Peu à peu, je suis envahi par une épilepsie cérébrale. Dans le gris, mes neurones s'énervent, se choquent. Elles se rebellent. Elles électocutent ma paroi crânienne. Le sang s'échauffe. Le pression monte. Tout mon corps commence à trembler. Je vais peindre bientôt. Je vais mouiller mes mains, mes doigts; mes ongles égratigneront le canevas entre la pression crevassante et la déchirure.



Outside in. Old words with no meannig. Remember Bill when we wanted to decontruct the words to build poetry instead of writing it. Join the sound to the feeling instead of the traditional highway of the words. Too late. You don't write and neither do I...


Pollock promena son américanité toute sa vie dans sa carcasse de blanc. L'indien du Wyoming lui colla tous les jours à la peau. Au fond de la bouteille, il trouva les gestes de son "addiction".

J'aime Pollock.
Pour Ève...

9 octobre 2008

Ne jamais baisser les bras!

Je ne connais jamais le présent du prochain coin de rue... de la prochaine station...


Il y a des rats que j'ai vus hier soir galoppant sur une croûte d'immondices brunâtres. De jeunes rats fouillant la crasse pour survivre dans leur bonheur communal et souterrain, leur longue et effilée queue noire cliquetant contre l'acier de la voie ferrée.

Même au détriment du hasard et des pires tragédies...

Ne jamais baisser les bras!

Jamais, même dans la pire noirceur.
Il y a toujours un trou dans le tunnel... quelque part!

8 octobre 2008

Fébrilité!

Frétillement! Agitation! Trépidation! Effervescence! Émoi...

Cinq cents milliards de petits martiens Et moi, et moi, et moi
Comme un con de parisien
J'attends mon chèque de fin de mois
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie

Selon Jacques Dutronc.

Mon chèque de paie, il ne vient pas depuis assez longtemps pour me faire oublier les années de vaches maigres. Je pensais hier à un certain nombre de personnes qui ne connaîtront jamais ce calme de l'esprit. J'avais quarante ans passés lorsqu'un employeur me mentionna que « tu sais, c'est plutôt symbolique cette permanence ». Il ne réalisait pas jusqu'à quel point elle me soulageait cette satanée symbolique.

Les poètes du grand siècle pouvaient bien se gargariser avec leur retraite familiale. Je lisais justement aujourd'hui le destin de Baudelaire qui dépensa frivolement une grande partie de l'héritage de son père avant qu'il ne soit ralenti par sa famille avant qu'il ne dilapide tout le reste. Alors seulement, il se mit à l'écriture sérieusement... Pour embellir une maigre pension. Je ne connais pas de poètes riches; tout au plus certains romanciers qui vivent et certains essayistes et dramaturges qui complètent un pécule intéressant en complétant par d'autres médias. Nous ne sommes pas aux États-Unis! Là-bas, ils ne sont pas rares ceux qui font fortune, mais ils ne sont pas légion non plus. Chez nous, la littérature payante, elle s'enseigne, elle ne se publie pas.

Les millions de martiens sont outre frontière. Les quelques héros meurent après quelques années et sont rarement ressuscités. J'ai lu dernièrement que c'est Raymond Queneau qui aurait permis à Réjean Ducharme d'entrer chez Gallimard par la porte d'en avant. Aquin ne s'était pas encore suicidé dans la cour des Soeurs de l'Assomption à Montréal. C'était l'époque où le Refus global se mariait avec l'universalité et où des poètes, Miron, Grandbois, Lapointe, canevassaient sur un Riopel ou un Mousseau. Effervescence! Disparue! Éteinte! Sous une grande tente de kermesse où de petits écriveurs de parade se lancent et nagent jusqu'à la prochaine strophe. Il n'y a pas de vie sur Mars. Il n'y a pas de Martiens! Ils ont foutu l'camp!

J'ai reçu mon chèque aujourd'hui. Je vais tenter de croire en mon indépendance intellectuelle. Je vais déplacer mon cavalier vers la tour pour assiéger le destin. Échec au roi! Bouffer par la reine! Échec et mat par le fou... Je vais relire Stendhal. Et Robertson Davies. Je me dois bien une trilogie.

7 octobre 2008

Le soleil


Une journée ensoleillé, en plein milieu d'octobre... J'ai la chance de pouvoir travailler de mon bureau à la maison et voici ce que je vois à gauche puis à droite. Je bois une bière avant d'aller chercher ma p'tite dernière à la garderie. Je veux quand même prendre ma retraite le plutôt possible, mais ma vie roule tout de même assez bien.


Dernier droit (2)


Une sirène brise le silence. On aura téléphoné. Les gens s'affairent autour de cadavre vivant. Catalepsie. La marée a à peine eu le temps de se rendre aux genoux. Tant pis pour la peur! On l'a glissé sur la civière avec l'attention requise. Un cadavre. Il ballotte sous les sangles.

— Comment faire pour faire signe à ces gens?

— On le branche?

— Je ne vois pas pourquoi; pouls normal; pupilles dilatées, mais bon...

— Soluté?

— Oui, vas-y. On va l'hydrater...

C'est le départ vers l'hôpital. Diane est assise; les yeux rouges. Elle n'a pas pleuré. Elle est hébétée, abasourdie.

— Qu'est-ce qui arrive à mes vacances? Pourquoi aux Îles? L'air frais, le calme, la mer...

Soixante ans! Bel anniversaire! Troisième semaine de retraite après une vie de fou à gravir les échelons méthodiquement, avec abnégation et ambition. Des responsabilités envahissantes, mais des défis surmontables.

— J'étais tellement plus en contrôle au bureau.

Une fille, deux garçons : Natacha, Patrick, Frédéric : trente, vingt-huit, vingt-six. Réglés à l'horloge. Coordonnatrice de section, directrice de secteur, superviseure pour l'Est du pays. Quand Fréderic est entré à la maternelle, ce fut Forest Hill la cossue avec la direction nationale. Cinq pieds onze, tailleur haute couture, verres d'appoint et mallette marquée.

— Merde, Robert, qu'est-ce qui se passe?

Il l'avait croisée aux HÉC. Elle l'avait remarqué. Un intello un peu perdu en commerce international. Plus philosophe que comptable, il se promenait d'un cours à l'autre avec des A et des B. Toujours en broussailles, sentant la veille et soufflant l'oignon. Gentil, sans naïveté : un futur prof pourvu que le coup de pouce pour le doc y soit.

Le soleil avait complété l'arc. Le froid et le frimas étaient revenus sur l'île. Le médecin du village avait recommandé le Centre hospitalier régional à Campelton. L'hélicoptère pendant deux heures. Robert s'en est allé en ville. Diane est restée seule. Elle n'a jamais apprécié l'hélico : trop bruyant... et les vibrations! Bof!

— Je dois aller chercher les choses à l'Auberge de toute façon. Allez-y! Il semble stable. Je vous rejoindrai dès que possible. Voici mon numéro de portable : 674-188-5151. Je l'ai toujours avec moi.

Les ambulanciers se sont regardés en esquissant une moue.

— Bon, c'est bon! On dira de vous tenir au courant.

Un bruit d'enfer enlève le cadavre.

— Foutu bourbier! Je suis Johnny got his gun. Lui avait tous ses membres à la Première Guerre mondiale; il ne lui restait qu'une seule articulation : le cou. Le morse deviendra sa seule voie de communication. Mais moi? Je suis mort...


(à suivre)

3 octobre 2008

Dernier droit

Un homme et son épouse marchent sur la plage des Îles de la Madeleine. Ils se rappellent leur voyage de camping voilà plusieurs années, avant les enfants et le traintrain de la vie professionnelle. Ils ne se tiennent pas la main, tout de même pas une publicité de Liberté 55, mais ils ont une belle connivence. Elle a le vent dans les cheveux. Doucement, ses rides, ses lèvres plus minces, ses cheveux plus empaillés se marient aux vagues. L'air salin plisse ses yeux; il s'imagine à l'aventure : premier matelot à débarquer sur l'île pour la posséder. La plage est longue et blonde, ponctuée de lichens et de rocaille sablée; des coquillages, tout fracassés, jonchent la ligne d'eau. Le ciel promène quelques nuages. Le soleil pointe à 45 degrés sur l'Atlantique.

— Bon déjeuner!

— Juste ce qu'il faut.

— T'as pensé à Natacha?

— Ouais! Un peu...

— J'espère que tout va.... s'arranger.

— À son âge! Faut l'espérer. Arrête... Reste ici....

— Pas facile de faire le vide.

— T'as vu la nageoire là-bas!

— Où?

— Là, à gauche.

— J'vois pas.

— Ben oui, là, juste là, suis mon doigt...

— Vraiment, je n'vois rien...

—...

— Robert! Robert...

Robert est muet. Sa bouche a cessé d'obéir. Il fronce les sourcils. Des mots dans sa bouche refoulent dans sa gorge. Il fronce les sourcils plusieurs fois devant Jocelyne qui se demande à quoi il joue.

— Robert.

Il continue. Puis, il secoue son bras gauche. Son bras droit. Il sent un peu d'engourdissement; c'est le froid. Non...

Robert tombe à la renverse. Pas de convulsion, pas de mouvement, pas de plainte.... Dans son cerveau, ça tourne à mille milles à l'heure. Je m'en vais. Communiquer avec l'extérieur à tout prix. Ne criez pas si fort. J'entends! Le vague... Bougez; donnez un signe. Pas pouvoir transmettre quoi que ce soit. La lumière est trop forte; peut pas fermer mes paupières. Le vent... je sens le vent. Ma peau est sensible. Je forme des mots; je crie en moi; je bouge de toutes mes forces. Regardez-moi quelqu'un!

Seul. Plus personne. Le silence sauf la mer qui bruisse et le vent qui cille. Pas un ACV, je n'ai pas mal à la tête; mon coeur bat normalement. Bon, je ne suis pas médecin, mais pas un ACV comme j'en ai entendu parler. Qu'est-ce que c'est cet arrêt total? Est-ce que j'ai uriné? Est-ce que mon pantalon est mouillé? Je crois toujours avoir ce contrôle. Mais, oui oui, mon pantalon est humide. Le sable! C'est le sable qui est trempé qui humecte mon pantalon. Ouf! Cette fonction-là, je ne veux pas la perdre. Le bruit des vagues a changé. Il est plus fort; le vent se lève et augmente le volume des vagues. Ma cheville est très froide. Je sens mon pied qui bouge. C'est moi qui actionne mon pied? Je pourrais bouger l'autre aussi alors! Non, seulement le droit. Bizarre. Ça continue. Mon pied droit vit. Mon mollet vit aussi.... Ah merde! C'est mouillé, c'est vraiment mouillé! C'est la foutue marée. Elle monte la vache. Et moi alors.... Hé! quelqu'un! Je crie sans m'entendre. Hé! Diane? Où es-tu?
(à suivre)

2 octobre 2008

Le principe Oreo




Il n'est guère surprenant qu'un Noir aboutisse finalement à la course à la présidence des États-Unis. Enfin noir comme il y a les beurres et les blancs et les rouges ; les seuls vrais sont les jaunes et, si les insectes hériteront de la Terre, les jaunes ramasseront la civilisation. Les couleurs ne représentent plus que le périmètre social de leur origines biologiques. Nous avons un bagage génétique ; nous avons un bagage générationnel; nous n'avons plus de couleur... et nous aimons à renier les locales!
Hier soir, au débat francophone des chefs canadiens en route vers l'élection du 14 octobre, on a vu attablé à une grande table ovoïde cinq pantins colorés au teint du jour sous la direction d'un non moins clownesque d'un animateur tout aussi peinturluré recevant une réflexion éclatante sur la figure d'un réflecteur luminescent dont la position n'était pas la trouvaille du siècle.

Alors nous obsevâmes cinq noirs pâles, tels cinq spermatozoïdes avides et ambitieux, freluquant allègrement pour traverser la coquille où nichait sur un azur de plexiglace la rouge feuille d'érable, ovule précieux, objet de convoitise. Et on viendra dire que je manque d'imagination...

Et le principe Oreo, vous connaissez ? Il s'agit d'une expression qui définit, aux États-Unis, un Noir riche qui vit comme un Blanc : noir à l'extérieur, blanc à l'intérieur. Dans le prochain débat vice-présidentiel, nous aurons un homme et une femme : parfaits candidats, typique image d'une certaine stupidité naïve propre à tout vice-président; qui, "in the world" veut se battre pour être second sauf un ambitieux plutôt niais ou un gaffeur insécure? Par la suite, la table sera mise pour le vrai débat, celui que tout le monde attend : Obama et McCain. Le Noir contre le Blanc ; mais leur couleur épidermique sera très similaire. On pourra reconnaître le noir par sa physionomie et le blanc de même. Les couleurs se marieront ; bon, je sais, on n'ira pas dans l'étude de la pigmentation, je connais les variations épidermiques et soucutanées des deux peaux négroïde et caucasienne; ici, je parle de couleur. Pour la première fois de leur histoire, les Américains voteront en partie pour une couleur, inexistante, et en partie pour une idéologie tout aussi inexistante. Mais, tout de même, le 4 novembre, ils voteront pour la différence la plus marquante de leur jeune démocratie.

C'est la même chose de ce côté-ci de la frontière. Ils sont tous pareils ; ils disent et se dédisent ; se lancent de la boue plus ou moins poliment et s'essuie délicatement du bout des lèvres. Une fois l'exercice terminé, ils nous regardent tout charme en cherchant dans nos votes la récompense de leur performance. Je ne nie pas leur pouvoir, le réel et le potentiel, mais un pays, comme ces immenses réservoirs flottants que sont les cargos pétroliers, représente une masse beaucoup lourde, avec beaucoup trop de poids mort, pour effectuer rapidement une bifurcation importante. Je n'ai rien vu hier soir pour m'encourager à changer mon vote. Mon vote sera un message sur le futur dans mon pays. J'exercerai mon droit en mon âme et conscience en soupesant plusieurs facteurs : le parti, le chef, le candidat. Avec ce trio, je réfléchirai au futur à court, à moyen et à long terme. Finalement, je reconsidérerai mes convictions personnelles. Au bureau de vote, je placerai mon X intelligemment. Le débat d'hier n'aura, quant à moi, que prouvé l'importance du cirque médiatique que sont devenues les élections canadiennes. Il est de plus en plus difficile d'en apercevoir le bien-fondé, parce que la fabrication d'image prédomine de façon inexorable sur la substance. J'ai connu assez personnellement assez de politiciens provinciaux, fédéraux, et même à l'extérieur du pays, jusqu'en Pologne, pour être convaincu que, s'ils portent un soin vigilant à leur apparence, ils font aussi partie, les vrais, d'une catégorie tout à fait particulière d'individus à l'intérieur desquels on retrouve bien sûr une grande ambition, mais aussi des qualités humaines qui vont au-delà du simple aspect de la fonction publique. Le courage de faire de la politique à son plus haut niveau, celui de la représentation du peuple, relève vraiment de la mission peu importe l'avenue choisie pour dérouler le futur. Aujourd'hui, on a tué cette humanité par nos exigences de rectitude non pas politique, mais médiatique ; la preuve étant que dès qu'un candidat devient naturel et candide, un terrible tollé s'empare du personnage public en l'affligeant des pires calomnies.

La politique, c'est dur. Il faudrait sans doute, la ramener vers son premier mandat, celui de définir notre conduite nationale, et cesser de cancaner sur des dossiers dont on ne connaît à peu près rien et dont personne n'a pris la peine de vérifier l'exactitude, laissant ce soin à des médias qui vivent de ce type déficient et vicieux de dérapages dont ils sont la source, qu'ils cultivent allègrement... et qui fait vendre du papier. Faire confiance aux médias, c'est vouloir croire à l'innocence de sa conjointe aperçu sortant d'une hôtel avec un mec quand elle nous affirme: Tu n'es pas cocu chéri! Quel être un peu intelligent peut encore accorder quelque crédibilité fodamentale à ces articles, dépêches, dossiers et autres écritures, très souvent guère plus élevés que les commentaires du citoyens moyens. Se fier aux médias qui recueillent nos politiciens et les manipulent avec la complicité de ces spécialistes de l'image qui font leur choux gras des artifices, prouve la profonde noirceur informationnelle dans laquelle nous sommes tombés. Nous ne discutons plus sur des textes sources mais sur deux répliques.

Le débat d'hier nous fit voir un spectacle d'Oreo ; de qui est-ce la faute ? Éduquons-nous!




1 octobre 2008

Une évidence obsurcie : l'éclipse cérebrale


À observer l'élection canadienne, on ne peut certainement pas douter de la paresse intellectuelle du pays entier. Je fais le tour régulièrement des médias d'un océan à l'autre; l'absence de débat de fond est sidérante. Pas surprenant que plusieurs regardent et suivent avec plus d'attention au sud de la frontière.

À l'Ouest, dans les sables bitumineux, au centre, à l'Est et au coeur avec les deux valves, la rouge et la bleu, tous les médias confondus s'arrachent les imbécilités, les rumeurs et les futilités. La putain vient de dire la vérité : vite une enquête publique! Les gens n'en demandent pas davantage, bienheureux fossiles ancrés dans une médiocrité tranquille qu'ils voient comme salutaire. Sur cyberpresse aujourd'hui, un éditorialiste mentionne le vide économique de Harper sur lequel Dion ne peut riposter se trouvant dans le chaos; May n'a pas de passé très lourd, comme néophyte pas difficile de se tenir loin des scandales. Layton a beau jeu de lancer des solutions sociales-démocrates à la sauce déficitaire, il veut Stornoway. En cerise sur la sunday, monsieur Duceppe caresse la balance du pouvoir en flattant la xénophobie et le vocabulaire du terroir convaincant que l'antichambre veut bien mieux que le ring. Et pour une fois que le vert est comme le gazon frais où il est défendu de marche...

Nous sommes tous béats. J'ai accepté de participer à un débat sur l'élection américaine le 4 novembre. C'était avant le déclenchement des nôtres. Cette situation, bien qu'elle me rende un peu mal à l'aise, me soulage dans la mesure où je ne saurais sans doute pas rendre aussi intéressante celle de mon pays. Mais j'ai honte tout de même, car cela signale un terrible esprit de colonisé : faire tout un plat d'une élection dans un pays étranger et même pas un hors-d'oeuvre pour celle de mon pays... Hum! Je fais partie des cons qui ne voient rien d'intéressant chez nous. Il faut dire que c'est plus facile de parler des autres que de soi-même! Tout de même.

On parle du débat des chefs demain...