16 août 2010

La mémoire et l'ordinateur.

Les contradictions abondent au sujet des univers virtuels qui nous entourent. Les plus vieux, le moins vieux, les moins jeunes, les plus jeunes; les riches, les pauvres, les patrons, les employés; les professionnelles, les intellectuels, les pervers, les maniaques... L'utilisation et la prolifération des outils de communication virtuelle amènent les scientistes dans des avenues novatrices à l'intérieur desquelles cette même nouvelle technologie devient à la fois l'objet de recherche et son outil.

Le New York Times publie aujourd'hui un long article sur une expérience, conduite par un psychologue qui enseigne à l'Université Washington de St-Louis, qui consiste à amener cinq neuroscientistes pour un voyage dans le sud de l'Utah pour descendre la rivière San Juan. 
Le but du voyage est de vérifier si la concentration et l'attention et dès lors la performance dans l'immédiateté et la pertinence des réponses à toutes sortes de situations se trouvent améliorer par leur état de concentration nouvelle une fois coupé de leurs médias virtuels.
«Behavioral studies have shown that performance suffers when people multitask. These researchers are wondering whether attention and focus can take a hit when people merely anticipate the arrival of more digital stimulation.
“The expectation of e-mail seems to be taking up our working memory,” Mr. Yantis says.
Working memory is a precious resource in the brain. The scientists hypothesize that a fraction of brain power is tied up in anticipating e-mail and other new information — and that they might be able to prove it using imaging.
“To the extent you have less working memory, you have less space for storing and integrating ideas and therefore less to do the reasoning you need to do,” says Mr. Kramer, floating nearby.»
Il semblerait que, sortis de leur environnement virtuel, ces hommes de sciences augmentent leur performance de réponse. Nous entrons donc alors dans le schème de dépendance informatique qui nuirait à l'accomplissement de leur tâche dans la mesure où elle garde une partie de leur capacité cérébrale attachée à une attente qui n'a rien à voir avec cette tâche sur laquelle ils travaillent.

En tant que professeur, cela est d'un grand intérêt. Si cette hypothèse se vérifie dans le rapport que le psychologue Braver remettra, cela tendrait à annihiler les affirmations que les étudiants d'aujourd'hui ont la faculté de bien fonctionner à plusieurs tâches à la fois; par exemple, écouter sur leur iPod, leur cellulaire ouvert dans leur poche, en résolvant un problème sur l'ordinateur. Leur cerveau ne s'est pas modifié, ne s'est compartimenté pas différemment non plus depuis une génération : ils seraient tout simplement moins efficaces. Il faudrait alors, selon cette idée, les couper, non seulement de leurs appareils, mais, les éloigner d'eux, de sorte qu'ils n'aient pas non plus dans la tête l'appréhension de les réutiliser dans un futur proche, par exemple trois heures. Nous ne parlerions donc plus ici d'éteindre le cellulaire, pas plus que de le laisser quelque part pour le reprendre dans la prochaine heure. Il faudrait plutôt leur demander de les laisser à l'extérieur du lieu d'apprentissage pour la journée. Quelle révolution!

Pourtant, il ne fait aucun doute que cette dernière tendance de créer des moments pour des environnements sans nouvelles technologies de l’information, s’installe lentement. Entre autres, certaines industries, certaines universités aux États-Unis commencent déjà à encourager la tenue de moments durant la journée de travail durant lesquels toutes les communications informatiques sont coupées; les employés visés par cette mesure, bien qu'aucune étude exhaustive n'ait encore paru, semblent, après un certain nombre de séances, apprécier cette mesure de coercition qui devient un motif de redirection efficace sur le boulot à accomplir.


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