25 juillet 2010

Poèmes de la résistance

Un vinyle du début 70 avec des grands et des petits, tous du Québec, qui chantaient, lisaient, gueulaient une résistance toute nouvelle dans son expression rockeuse, parfois vulgaire, mais surtout impatiente. Je les écoutais aujourd'hui, Michel Rossignol en tête, sur ma vieille table tournante juste avant de la ranger dans le garage avec les autres senteurs de moisi, d'oubli. Duguay tataouinait, Charlebois volait sur Lindberg avec Mouffe, Deschamps nasillait sur les boss.

Cette mélancolie m'est venue après la réception du bulletin hebdomadaire de l'Évène français qui offre la programmation de la compilation dissidente qui sera présentée sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris. Vous y verrez de grandes chansons de tous les âges.

Ferré:« La mélancolie, c'est un désespoir qui n'a pas les moyens »

Bien content parfois de ne pas avoir les moyens; ça permet de garder une petite ouverture sur l'horizon. Tout s'embrouille avec l'âge, même les idées : problème, pas de foyer pour les révolutions...

Cohen, The Partisan


« Hier encore nous étions trois
Il ne reste plus que moi
Et je tourne en rond
Dans la prison des frontières.

 

Le vent souffle sur les tombes
La liberté reviendra
On nous oubliera
Nous rentrerons dans l'ombre »

Bernard (Original)



« There were three of us this morning
I'm the only one this evening
But I must go on
The frontiers are my prison.

Oh, the wind, the wind is blowing
Through the graves the wind is blowing
Freedom soon will come
Then we'll come from the shadows. »

Cohen



Cohen l'optimiste ne mentionne pas l'oubli; le retour par les ombres garantit le souvenir. De quoi doit-on se souvenir au juste? De la jeunesse, des cris, des feux, de la fronde...



Boris Vian, Les joyeux bouchers:



« Faut qu' ça saigne
Appuie sur la baïonnette
Faut qu' ça rentre ou bien qu' ça pète
Sinon t'auras une grosse tête
Faut qu' ça saigne
Démolis en quelques-uns
Tant pis si c'est des cousins
Fais-leur sortir le raisin
Faut qu' ça saigne
Si c'est pas toi qui les crèves
Les copains prendront la r'lève
Et tu joueras la Vie brève
Faut qu' ça saigne
Demain ça sera ton tour
Demain ça sera ton jour
Pus d' bonhomme et pus d'amour
Tiens! Voilà du boudin! Voilà du boudin!
Voilà du boudin! »



Tu connais ça le sang? T'as vraiment déjà saigner p'tit con? Pas une égratignure; une cisaille, une vraie; une qui gicle et tache, qui t'entre dans la mémoire, mais aussi dans ta peau, qui entre et qui reste comme le plus profond tatous jamais aiguillés.



Georges Brassens, Mourir pour des idées :



Bon, oui, voilà, je veux bien mourir à cette idée que je ne perdrai jamais mon rêve, mais faites que je ne meure pas avant d'en avoir eu une autre.



Encore Ferré, Les Anarchistes:



« Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
Et s'il faut commencer par les coups d' pied au cul
Faudrait pas oublier qu' ça descend dans la rue
Les anarchistes
Ils ont un drapeau noir
En berne sur l'Espoir
Et la mélancolie
Pour traîner dans la vie
Des couteaux pour trancher
Le pain de l'Amitié
Et des armes rouillées
Pour ne pas oublier
Qu'y'en a pas un sur cent et qu' pourtant ils existent
Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous
Joyeux et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout »



Une idée quelqu'un pour organiser la liberté sans autorité. Ah! que je ris de me voir si belle dans le miroir! entonnait toujours la Castafiore... Et Haddock de rétorquer : Ta gueule poufiasse! Je t'emmerde... Je danse à chaque occasion : le seul endroit où je garde ma vie à moi.



Et pour finir en beauté :



J'suis un mannequin glace avec un teint de soleil.
Ravale, l'homme presse, mes conneries proférées
Sont le destin du monde, je n'ai pas le temps, je file,
Ma carrière est en jeu, je suis l'homme médiatique.
J'suis plus que politique, je vais vite, très vite,
J'suis une comète humaine universelle.

Je n'suis rien de tout cela. Mais, hé! J'ai une idée....




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