1 juillet 2010

Le Magazine littéraire nous offre un commentaire sur l'essai de Frédéric Martel qui s'intitule La guêpe et l'araignée.
«Au fond, ce que démontre avec beaucoup de subtilité Frédéric Martel, exemples à l’appui, c’est que les Américains n’ont pas pour souci, comme on le croit trop souvent dans certains cercles, de tuer les cultures nationales. Ils se contentent de les maintenir dans leur sphère d’influence géographique, et même parfois les aident à survivre. Ces cultures nationales doivent servir de conservatoire. Il faut entretenir ces niches pour y puiser tout le suc qu’elles contiennent et y faire naître par la suite des projets qui continueront d’alimenter la Grande Machine culturelle qui tourne à plein rendement. Cette situation rappelle celle, chère aux entomologistes, dans laquelle la guêpe retient captive l’araignée, qu’elle immobilise grâce à son venin. La guêpe dépose ses oeufs dans le corps de son ennemie vivante. Par la suite, les larves vont absorber la chair de l’araignée, conservée fraîche, frémissante jusqu’à l’ultime bouchée. Une mort culturelle lente et cruelle, mais une conquête en douceur réalisée par la connaissance affûtée des réalités locales et des populations ciblées.»
Que faut-il craindre d'une production culturelle écrite, audio ou visuelle, sinon l'image de sa propre faiblesse, et surtout, de son propre refus de consommer la sienne propre.
La culture américaine est devenue pour notre époque contemporaine l'équivalent de la culture française au Siècle des Lumières, de la culture britannique sous l'empire colonial, ou encore sous la Hollande maritime. Tout le monde veut en être parce que tout le monde y est; tout le monde s'en accommode, parce que tout le monde en consomme et en redemande

La culture américaine n'est pas une guérilla; elle est un charme, un filtre, une aurore boréale qui laisse béat.

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