13 juillet 2010

L'Art et la monnaie

Une entrevue sur la monétisation absolue de l'Art par Christine Sourgins sur Canal Académie analyse le marketing à outrance.
«Elle commence par définir ce mot ambigü : "contemporain". Il est souvent pris dans le sens d’une "lutte contre ce qui est". Il s’agit donc pour les tenants de cet "art" de déconstruire. « La transgression de l’art devient l’art de la transgression », s’écrie-t-elle en commentant bon nombre « d’œuvres » souvent achetées à grand frais avec l’argent public. Cette dimension mercantile s’affirme comme indispensable à l’expression d’un système fondé sur le clientélisme. Mieux que cela, l’Art contemporain réalise une synthèse inédite entre les apôtres de la Révolution et les idolâtres de l’argent. En procédant à la « vidange des valeurs » (Jean Clair), il veut éradiquer tout ce qui s’opposerait à la seule loi du marché»
Après la viste du Pop à Ottawa, pour qui la mise en marché est très importante car elle confirme la popularité relative du produit, la réflexion de Sougins apparaît sensée mais passéiste. Pourtant, nous pouvons difficilement biffer les raisons qui la motivent. La manipulation du matériau par l'artiste passerait-il en second après la cogitation qui permet de définir le but et la symbolisation ultime de l'oeuvre. Nous revenons sans cesse à l'urinoir de Duchamps qui le premier soumit un objet usuel sans le modifier en clamant que c'était là un objet d'art.
«L’art est l’incarnation d’une inspiration dans la matière, grâce à un travail des formes. Dans cette inspiration, il peut y avoir des idées, des émotions, des rêves…peu importe. Mais il faut re-présenter, c’est-à-dire rendre présent, manifester une présence. L’art est médiation entre le réel et un plan plus élevé, plus spirituel qui devient ainsi sensible, visible grâce au travail artistique. L’Art dit contemporain, détourne, s’approprie, refuse la médiation : c’est une prédation du réel. Il nie toute transcendance, c’est un art de l’Absence. Bien sûr il existe des zones frontières où les deux définitions se chevauchent, en particulier parce que la confusion (subie ou entretenue volontairement) règne chez beaucoup d’acteurs de l’art.»
Si le quotidien devient art, les musées et les galeries deviendront totalement désuètes. Nos trottoirs suffiront aux expositions futures.

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