31 juillet 2010

La rupture...


Dionne Brand, What we all long for, un roman presque trop réaliste, indéniablement trop près. Il me reste une soixantaine de pages à lire : chapter twenty. Clara vient tout juste de « score the skin of the car all the way square to the far tail light. Fucking prick! She yelled at the house. » Tuen, Oku et Clara ont leur couleur, leurs faiblesses, leurs joies, leurs défaites, leur vie à eux, quoi! Mais ils sont devenus du sang qui coule dans mes veines.

Que faire quand on ne veut pas quitter un livre. Que l'atteinte de la dernière page développe la crainte de terminer la relation. Je lis quelques pages, un chapitre, puis je dois arrêter et poser la question à Tuen : Et, dis, tu vas survivre toute seule à la fin? Et Oku, tu vas continuer à le suivre?

J'adore lire Zola. Il est un des très rares auteurs dont je peux délaisser le roman pour plusieurs mois, puis retourner à la page dite dernière lue et tout reprendre comme si je l'avais laissé la veille. Quand je lis Zola, je suis chez moi! Je lis le plus souvent possible des romans canadiens-anglais; ils sont ontariens, albertains, terre-neuviens, québécois, mais j'ai un penchant certain pour les manitobains : j'aime leur sable et leur vent, j'aime leur nationnalité toute en subtilité; c'est un peu comme lire du Sahel : 

« La littérature sahélienne se définit à travers une double caractéristique dialectique. En effet, elle est d’abord l’expression d’un environnement répulsif qui se traduit dans les romans étudiés par les notions de démaîtrise et de déconstruction. Par le biais de ces démarches scripturaires, les écrivains sahéliens tentent de restituer l’instabilité du Sahel qui dépasse souvent les arguments opposés par ses habitants. Cependant, cette lecture à tendance pessimiste est dynamique, car l’acceptation du caractère répulsif de la littérature est un facteur de prise de conscience qui se concrétise, dans le cas de ces romans, par l’expérimentation d’une écriture audacieuse. » BOULAMA Kaoum, La double caractéristique de la littérature sahélienne à travers quelques romans.
Immédiatement après, c'est Toronto et Montréal et Vancouver que j'aime vivre à travers la littérature. Et Dionne Brand est là. Chez moi, dans cet univers petit et pas très propre de la grande ville canadienne. Un monde dans un monde : des jeunes qui cherchent leur identité à travers leur quotidien. La livraison en vélo; la sculpture domestique dans l'appartement, la musique dans la tête avant le karaoké... la délinquance immédiate avant la loi. Rand a bien raison :
« Anonimity is the big lie of a city. You arent anonymous et all. You're common really, common like so many pebbles, so many specks of dirt, so many atoms of materiality. »  (page 3)
Je m'en vais terminer mon livre. Je vous souhaite la lecture jusqu'à la fin de vos jours...


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