12 juillet 2010

Arts non saturés et Espace Shawinigan

La comestibilité des arts est infinie. Rien ne se perd, rien ne se crée. Croire dans la futilité des dogmes aide très certainement aux visites dans les galeries d'art; préférable aussi de garder les yeux ouverts; l'esprit aussi, qui, comme les parachutes fonctionnent mieux ainsi (lu sur l'autocollant installé sur le vélo d'un ami: «L'esprit, c'est comme les parachutes, ça ne fonctionne que lorsque c'est ouvert!» Pierre Dac).

Ces jours derniers, je visitai le AGO (Arts Galery of Ontario) à Toronto; le secteur Arts modernes du ROM (Royal Ontario Museum) à Toronto aussi; le musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa; puis finalement aujourd'hui, l'Espace Shawinigan à Shawinigan bien sûr. Assez curieux de rassembler ces quatre institutions ensemble; le plus curieux, et le plus réjouissant, c'est que grâce à l'initiative de l'équipe de l'Espace et de la persévérance du créateur, Richard Drury, la Mauricie s'accouple soudainement avec impunité et mérite, faut le dire, avec les plus grandes créations de l'art moderne.

Drury, par l'Écol-Eau, s'inscrit dans une mouvance d'oeuvres éphémères dans leur théâtralité, mais dans la permanence thématique de notre société moderne. Cette fleur d'eau dans laquelle nous baignons, dans cette pluie qui se disperse constamment, sur ces pitounes de draveurs sur lesquelles nos pieds dérapent, et , finalement dans cette pollution plastique multicolore qui s'accroche à nos orteils sous des rayons de nuage nucléaire, cette eau nous capte dans le vortex doté de la même puissance que Dan Perjovschi et ses «in vivo» caricatures sur les murs du ROM. Rien à envier à la stupéfiante force des palmes de Anselm Kiefer au AGO. Dans la même temporalité, Angela Grauerholz, The inexhaustible image ... Épuiser l’imageà la Galerie nationale du Canada, fouille notre présent et sa nudité.

Non, nous ne parlons pas du même type d'impact, de la même approche, du même apprivoisement. Aucun des contemporains de Drury, que nous venons de nommer, n'aurait réussi à séduire mes jeunes filles. Elles ne voulaient pas partir; elles posaient des questions sur la signification de ces tableaux; surtout, elles s'amusaient en devenant elles-mêmes parties de l'art. Elles nous aidaient à visualiser cette nature symbolisée, démantelée et colorée au phosphore.

Faites, à votre enfant, ou à celui qui se trouve encore en vous, la faveur d'aller voir cette exposition. Allez vous mouiller!

Aucun commentaire: