24 juillet 2010

Désaxé

Lisbeth Salander était définitivement une désaxée. La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette se brûle autant qu’elle brûle : barjot, fêlé, cinglé, cinoque, détraqué, dingo, dingue, foldingue, maboul, piqué, siphonné, timbré, toqué, zinzin – merci Antidote! –, mais un seul antonyme : sain d’esprit.

La composition du mot vient d’axis, essieu en latin; en y ajoutant le préfixe de privation « dé », nous visualisons le tout. Très social comme définition; très stéréotypé, puisque dès que l’on propose le terme, on doit immédiatement fixer l’axe à un point nommé… ou non, mais on le pense. Où est l’axe? Où est le point d’ancrage? Où se trouve la référence? À l’intérieur de la convention! Enfoui profondément dans la normalité. Alors, bien sûr, Salander est totalement désaxée. Voilà la principale pulsion de vouloir terminer le roman.

La lecture est relativement banale. La structure absolument prévisible : du beurre sur le comptoir à trente Celsius : ça beurre épais. Mais je me suis follement amusé; je veux lire la suite et fin pour apprendre ce qui adviendra aux deux larrons encore vivotant dans la nature suédoise.

Au delà de cette écriture, je trouve intéressant ces personnages qui orbitent, presque tous, dans des sphères satellitaires comme autant de lunes qui s’accrochent à une quelconque planète qui, honnêtement, pourraient aisément se passer d’eux tellement ils ne lui apportent rien : le néant! Les désaxés aiment les marges : parlez-en aux professeurs : ils y passent leur temps pendant leur correction. Mes ballades en vélo deviendraient des calvaires infernaux si, soudainement, une des mes roues décidait de se désaxer. Non, non! Tu restes en place; tu obéis; tu suis; de cette façon, je peux me désaxer, aller où je veux, enfreindre les lois de la circulation, faire à ma tête, c’est CAPital! Il faut toujours une dose d’axe pour pouvoir actionner le désordre. Le chaos n’existe que par l’ordre sur lequel il s’échafaude ou qu’il détruit…

Salander nous fait du bien. Sa super intelligence actionne nos espoirs : oui, on peut s’en sortir; s’agit de vouloir. Chose que nous ne voulons que peu et pour de très courtes périodes. Salander, on l’aime pour sa folie. Salander, Superman en jupon!


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