10 novembre 2010

Bibi de Victor Lévy Beaulieu


Ouais ben le Prix Décembre est allé à Shifter. Bibi de Lévy-Beaulieu, qui avait atteint la finale, n'a pas fait long feu. Il y a bien eu un débat d'environ une heure et demie, mais le débat se faisait entre les deux autres romans; Bibi, pas dans la game!

On se demande même pourquoi ils l'ont monté jusque-là. Que Paris a envoyé une demi-douzaine de journalistes pour les parachuter à Trois Pistoles pour placoter avec le bon Victor. Traitement royal disait un intello du Plateau, comme s'il vernissait son orgueil à lui. J'aurais tout de même bien aimé être un p'tit oêseau pour entendre leur discussion : les outres-frontières regardant la plaine au pied de la colline puis plus loin le fleuve l'autre bord du jardin, parce que les mots entendus ne leur parlaient pas trop trot. Ils avaient sans doute décidé de placer un p'tit frère dans Grasset pour le volet ouverture et pis, ça leur permettait de zieuter le caniveau l'autre bord de l'Atlantique.

Bibi, c'est Bibi. Il n'entre jamais dans un tiroir. Il reste sur la table; il agace; il intrigue; il ne gagne pas de prix : inclassable et relativement illisible avec les yeux.

J'aime Lévy-Beaulieu. J'ignore s'il avait besoin de ces trente mille euros; probablement; toujours utile pour une prochaine campagne électorale. Il les méritait. Il méritait surtout de le gagner ce prix parce que son écriture est, elle est tellement plus que tellement d'autres :

« On place un pendule devant soi et il finit par nous hypnotiser. Mais le pendule peut être à l'intérieur de soi. Écrire, c'est un peu ça, c'est jouer avec un pendule. Pour atteindre un au-delà de l'écriture, si je peux dire, comme Maupassant par exemple, il faut arriver à des états comme ça, sinon ça donne une littérature rationnelle qui s'exprime souvent par un sujet, un verbe et un complément, mais qui se limite à ça. Joyce, lui, appelait ça des épiphanies. » (Victor Lévy-Beaulieu et Margaret Atwood, Deux solicitudes, page 214)

Aucun commentaire: