On écrit dans le malheur, dans l'agressivité, dans le négatif. Facile de débourrer les frustrations. Je lisais dernièrement le livre de Noah Richler, Here my Canada, what's yours. Bon livre dans l'ensemble; encensé par les critiques comme s'ils devaient un vingt à Mordicai... Certains passages sont excellents. Toute la thématique, qui va et revient comme le vent des Îles à travers tout le livre, sur les peuples autochtones et beaucoup ceux du Grand Nord est majestueuse. Le livre y prend sa vraie mesure. Il sort aussi la Prairie des boules à mites. Toujours est-il qu'il relate les paroles d'un groupe d'auteurs de Terre-Neuve dans lequel les auteurs s'entendent pour dire qu'un écrivain doit accepter la possibilité de créer le chaos dans son entourage immédiat, même dans sa famille, car ses personnages en sont issus et cela cause des frictions. Qui dit écriture publique dit confrontation. Vraiment!
Cet après-midi, j'écris comme je parlerais si j'avais un interlocuteur marchant sur un sentier dans la forêt, ma sempiternelle caméra à mon épaule. Il écoute patiemment mes cascades. Ce jour-là, sans emploi, j'avais dévalé la route jusqu'au parc national de la Mauricie. J'avais pris un sentier et traînais mes bottes de marche dans le suc boisé de l'haleine du bois. Il faisait gris. Un tas d'eau en suspension. Je me suis arrêté au pied d'un arbre, n'importe lequel, peu importe; je l'ai enlacé; appuyé ma joue contre son écorce et j'ai parlé à mon défunt grand-père. Quelques instants seulement... J'ai repris ma route un peu soulagé. Il écoute encore. Il me suit. Quelques grognements, quelques syllabes, une phrase ou deux de temps à autre. Suffit!
Le bien des paroles de bois sans témoin ou avec un alter ego, c'est la discrétion assurée. Tout le contraire du blogue. Là, on est dans un bouillon. Remarquez qu'il est facile d'ignorer l'auditoire. C'est la bouteille à la mer. Les filles dorment en bas. À leur réveil, je cesserai cette conversation. Je vais me servir du temps. On the rock! Je vais me payer le luxe de quelques phrases encore. Je ne me demanderai ni quoi dire ni comment le faire. Au va! Comme si je voulais commencer à vraiment écrire un long texte. Comme si j'avais la discipline. Comme si j'avais le courage de tout reprendre pas le commencement : « Il était une fois... » Trois points de suspension qui disent tout. Je devrais faire un conte qui commence par « Il fut une fois... » un petit garçon naïf à qui on refusa de servir la messe parce qu'il n'y avait pas de soutanes assez petites pour lui. Et au retour à la maison, dépité par ce refus, sans doute d'avoir été repoussé là où ses amis avaient été acceptés, possiblement aussi parce que cela décevait son père catholique de voir son fils rejeter par l'Église. Il n'en a pas parlé, bien sûr! Mais la rasion du refus n'était autre que lui, ce père, collé sur cette Église pédophile comme Jésus à sa croix. Jamais ni le curé ni les vicaires n'oseraient accepter dans leur environnement comme petits serviteurs de messe le fils de l'acolyte.
Fiction; friction; faction. Tous les faits et les personnages présentés dans ce texte sont « fictionnels » et inventés. Les plus grands fantasmes voient le jour dans la solitude. Les plus grandes solitudes se réservent des secrets... ceux de la confession et de la culpabilité. Avec l'âge, le regard sur les choses devient comme le vol des guêpes à l'automne : ralenti, engourdi et moins efficace. Toutefois, si on réussit à retourner au nid, il devient plus efficace. En fin de saison, même les ouvrières sortent pour participer à la récolte. Foire et poids du nombre juste avant l'hibernation!
J'entends des voix en bas... À la prochaine!
3 commentaires:
Vous voyez, monsieur, il n'est pas nécessaire de sacrer pour écrire un bon texte...
J'apprécie, sans farce.
Il faut être seul pour mieux parler à tous.
De ce temps-ci, je tente de sortir un texte qui est en d'dans; profond. Tout ce qui sort ne sont que des anneaux de la spirale, jamais satisfaisant, jamais au coeur. Mais faut y tendre! Faut pas continuer...
Vous y tendez à merveille.
Bravo.
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