30 septembre 2008

L'identité


Canal Académie présente cette semaine une critique du dernier volume de Michel Serres: Le mal propre : polluer pour s'approprier (http://www.canalacademie.com/Le-mal-propre-Polluer-pour-s.html). Étrange, mais logique, ce principe de l'impossibilité de posséder parce que nous ne pouvons vraiment détacher le bien de son créateur. Il parle entre autres des autos qui ne nous identifient pas, mais qui portent toujours la marque et donc rappelle que ce véhicule appartient encore à la compagnie d'où ils proviennent. Nous ne possédons pas plus les personnes; tout se situe au niveau de la location, du temporaire. La pollution dès lors provient du désir de posséder qui n'est jamais satisfait. On veut s'approprier sans jamais atteindre l'appropriation.

D'ailleurs, Michel Serres offrait en avril dernier, sur ce même canal Académie, un commentaire sur le sens de l'identité reliée à nos appartenances (http://www.canalacademie.com/Corps-et-identite-qui-sommes-nous.html). L'identité est la somme de nos appartenances et nos appartenances sont la somme de toutes nos activités et de nos liens avec les autres, passés et présents. Sa parole est complexe. Je vous invite à l'écouter. Il touche aux ethnies et à la culture. Il mentionne aussi le fait que la langue est l'élément essentiel qui maintient la culture. Il parle ainsi des Gaulois qui se sont latinisés sous le despotisme des Romains et non par leur effort de communiquer avec les conquérants. Il ne s'agit pas nécessairement d'un processus innocent.


Le crachat souille la soupe, le logo l’objet, la signature la page. La
propriété se marque, comme on laisse des traces. D’où le théorème du philosophe
Michel Serres de l’Académie française dans son livre Le mal propre : « le propre
(la propriété) s’acquiert et se conserve par le sale. Mieux : le propre, c’est
le sale ».


Pour Michel Serres, « l’acte de s’approprier est issu d’une origine
animale, éthologique, corporelle, physiologique, organique, vitale… et non d’une
convention ou de quelque droit positif ».

J'ignore si le lien est valable, mais cela me fait penser au matérialisme. Alors, le lien entre notre phobie de la pollution qui nous fait ramasser tous les déchets que nous trouvons, toutes les bouteilles que nous vidons, tous les bouts de papier que nous griffons, et ce mal propre conduirait directement vers le principe de la simplicité volontaire. Plus tu récupères, plus tu gaspilles. Plus tu tentes de purifier l'univers, plus tu la pollues. Intéressant dilemme non?


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