15 septembre 2008

La solidarité

Les premières pages de nos quotidiens ces jours-ci débordent de thèmes électoraux. À leurs côtés, nous trouvons quelques autres nouvelles qui, de plus ou moins prêt, y sont reliées. De nos jours, tout est politique. Notre société est devenue l'esclave de l'État. Encore ce midi où trois ex-politiciens ergotaient sur le futur lointain encore du Centre hospitalier universitaire de Montréal comparant sa situation à celui du Centre universitaire de santé McGill, lui, à quelques jours de sa première levée de terre, nous ne pouvions entendre que Premier ministre par ci, ministre par là, alliés de l'opposition en dessous, choix du ministre par dessus... Taratata! On n'en finit plus. C'est maladif. Ah! C'est sûr, les anglos, ils se serrent les coudes quand ils veulent quelque chose, pas comme nous: des mariolles dans une comedia de'll arte!

Les anglos sont bicaméraux : ils aiment leur reine pour le symbole d'une puissance inatteignable et impériale; ils ont inventé la démocratie, tué leur roi, pour le remplacer et le placer en chapelle ardente sous le feu d'un parlement. Ils sont bizarres ces engins. Mais ils s'enfargent rarement dans les fleurs du tapis. Ils fabriquent, font de l'argent, partagent peu et donnent beaucoup... Allez comprendre! McGill est un des plus grands propriétaires immobiliers du Canada... grâce à qui? À des anciens qui leur lèguent continuellement des immeubles ou des droits en usufruits. Ils sont solidaires ces brits.

Les germanos carburent à la spirale. C'est ce que m'avait mentionné Margaret Krall, une Allemande d'environ 35 ans à l'époque, qui avait épousé le riche propriétaire de la maison où elle était femme de ménage; imaginez, elle avait 24 ans au mariage et lui 64. Pour elle et sa famille, sauvées in extremis du razzia de Hitler, traversant les Alpes à dos d'âne pour aboutir en France d'où ils s’embarquèrent pour l'Amérique, le riche, ça signifiait le salut. Alors, elle a pris la vie comme on achète un char usagé qu'on ne pourrait jamais se procurer neuf. Et bien sûr, quand il est mort, sa vie a commencé. Alors la spirale, c'est qu'il n'y a jamais vraiment ni commencement ni fin. Peu importe le moment où tu décides d'embarquer dans le cycle, ce n'est qu'à ce moment-là que tu peux faire, créer, bâtir quelque chose. Madame de Staël n'a pas dit autre chose dans De l'Allemagne, oeuvre majestueuse sur le romantisme. Wagner monte et monte, descend encore et encore; il envoûte comme les anneaux du serpent... sans queue ni tête. Hitler n'est rien d'autre que cette image d'un slinky qui descend, qui s'affaisse et qui attend paisiblement qu'une autre poussée vienne repartir le bal. Le mur : cette séparation, qui comme le foetus a créé deux puissances. Sa chute, qui a fait renaître l'empire en devenir qui gravit silencieusement toutes les sphères du pouvoir international dans un stoïcisme mystérieux.

Les francos? Ils pleurent de voir leur roi déguisé, leur président faire trop people. Ils se trompent : Sarkozy, c'est Louis XVI, et Carla, Marie-Antoinette. La révolution? Non non! Ils sont trop nounours et endormis. Ils sont comme nous, les cousins francos de l'Amérique : en attente de l'État pour qu'il les prenne un peu plus en charge. Déçu par les socialistes de ne pas les avoir bordés, ils tuent le compagnonnage et cherchent à droite comment refaire la monarchie démocratique qui les déculpabiliserait et les protégerait. Sarkozy les rend malades, mais ils l'aiment. Ils ne font plus rien. Comme me mentionnait mon prof de socio au collège dans le temps, les Français vivent avec Napoléon dans la tête depuis qu'ils l'ont perdu. Si je pouvais voyager dans le temps, j'irais faire un tour dans le gouvernement de Vichy. Je chercherais à me faire repérer par les résistants, avec un peu de chance je croiserais Malraux, et quelques autres poilus. Ils ont tous dû fuir dans les campagnes à siroter leur cassis. On n’a rien à leur envier : les francos d'ici rongent du liège au lieu de moucheter de la poudre.

Alors, continuons à nous chicaner, à se fendre mutuellement, à n'aller nulle part. On devrait jouer au roi du silence. Les gueulards des médias sentent le poisson. À force de fouiller les poubelles, j'espère qu'ils attraperont quelque virus mortel. Si la solidarité pouvait prendre racine, ils pourraient tenter de lui donner un peu de terre au lieu de continuellement lancer du sable et de la vase. Un consensus se bâtit, ce n'est pas un phénomène de génération spontanée. Les anglos se serrent les coudes? Ils ont peut-être tout simplement compris que l'évolution ce n'est pas seulement la division cellulaire; c'est aussi la parthénogenèse.

Et les germanos? Le rapport? Sont comme les vendeurs de diamants : ils possèdent ce que tu désires le plus, et quand tu peux l'avoir, c'est encore eux qui ramassent le total... ;-))

Bonne vie!

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