12 septembre 2008

L'héliocentrisme


Le roi Louis XIV adopta le surnom de Soleil: tout le monde tourne autour de moi. Il signa le Décret de fondation de l'Académie française : texte rédigé à la demande de Richelieu. Bien bon monde ces gaillards!

La clique des aristocrates aux talons pointus typiques, Versailles les dorlotait gentiment et en grandes pompes. Comme disait Beaumarchais par la bouche de Figaro au sujet de ces courtisans : « Recevoir, prendre et demander, voilà le secret en trois mots ». C'était le Leche avant le mot — et l'association. Qui dit grossesse ne dit pas grossièreté, mais qui dit bon parler n'implique pas nécessairement préciosité. Molière en fit la preuve. Un oeuf cuit résiste mieux que celui qui sort de la poule. Toutefois, c'est l'intérieur qui, après la gestation, craque lui-même la coque. On y vient...?

Le plus embêtant dans les niveaux de langue, ce sont les stéréotypes qu'ils promènent. Et les préjugés bien sûr! Si je parle gras, je suis gaillard, de gauche, sans aucun doute franc et digne de confiance; si je parle pointu, j'hérite parfois de l'homosexualité, souvent de la tromperie, du snobisme, du factice et du maquillage. Langue de bois versus langue du bois. Et là, je ne décrirai pas tous les étages de notre idiome, nous n'en finirions plus. Je suis contre les préjugés. Et les stéréotypes. La langue française est ce qu'elle est. Il faut vivre avec son histoire. Et son évolution. Qu'on l'écrive de la façon que l'on voudra, la norme bouge, mais très lentement. On a vu la levée de boucliers à l'automne dernier quand l'Académie a donné sa bénédiction à quelques centaines de simplifications lexicales et grammaticales. Ces dernières changent le français. Les pontifes ont dû y venir, car la pratique force l'évolution. Encore chanceux qu'elle change notre langue : cela illustre sa vitalité.

Alors, va pour l'identification de parler avec son personnage. Mais non à la marée de la langue familière. Jamais je ne pourrai négocier la richesse du vocabulaire, sa précision et sa profondeur contre des raccourcis aussi veules qu'imprécis. Quant à la syntaxe, nous devons y porter un soin tout à fait particulier. Si les Celtes n'ont pu cultiver leurs dialectes, c'est en grande partie parce qu'ils ne pouvaient l'appuyer sur une écriture originale basée sur leurs paroles. Le verbe a besoin de l'écrit pour se perpétuer; l'écrit peut facilement se passer du parler, la preuve étant la survie (je n'ai pas dit la popularité) du latin et du grec et autres langages du passé. Les linguistes s'accordent pour confirmer que la syntaxe est essentielle à la croissance d'une langue : vous perdez votre syntaxe, il ne reste que le vocabulaire à interchanger? Piouf! Voilà votre langue en maladie chronique!

Que Tremblay s'amuse avec le joual, bien! Mais je ne l'ai jamais entendu parler avec cet idiome. Et outre ces pièces de théâtre (que des paroles) et ses dialogues (dans sa prose), le reste est dans un français très correct.

Alors, Gaëtan le prolifique, le preux! Toi qui m'amènes dans les dédales de tes contes hypertrophiés et maléfiques, je veux lire ta voix et entendre celle de tes personnages.

Bravo et bon souffle écrivain émergeant!






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1 commentaire:

Gaétan Bouchard a dit...

Parler de mon meilleur, Louis XIV, c'est me faire plaisir.

Tu es la preuve vivante que l'on n'a pas besoin d'écrire en joual pour se faire comprendre. Ce sera ta mission sur terre. La mienne sera de raconter des niaiseries comme ça vient, sans jouer à l'académicien.

Dans ma prochaine fable, je vais développer un peu plus sur Géronimo, Mad Dog Vachon et Little Beaver.

À Rome, on fait comme les Romains.

À Twois-Wivièwes... ben on fait dur, mais c'est pas par méchanceté.

Merci de me lire!

Un fidèle lecteur