L'enseignement ne rivalise avec aucune autre profession : elle règne en maître absolu et... éclairé! La publicité au poteau! La réalité à l'affiche! L'acte d'enseigner demeure le geste humanisant le plus posé de par le monde. Jour après jour, tout le long des mois année après année, des professeurs de tous les niveaux travaillent d'arrache-pied à faire comprendre le monde et ses merveilles. De mille façons, à des milliers de cerveaux différents quelque part et semblable dans leur intimité biologique. Aucune profession ne détient de pouvoir comparable et personne n'a le droit de mettre en doute la volonté des artisans qui ont le courage de retourner à la lutte contre l'ignorance.
Les journalistes, appuyés par certains professeurs et des sondages au financement tordu et aux interprétations sensationnalistes, ne cessent de pourfendre les qualités et compétences de nos étudiants. C'est la mode! Rien n'est bon... La santé fout le camp; les politiciens sont véreux; l'économie défaille; les familles s'émiettent; les assistés sociaux végètent... La liste pourrait s'allonger. Je vais danser à un autre archet, car selon moi, ces malaises dont les médias font des choux gras ne valent pas plus que la valeur de récupération du papier sur lesquels ils sont imprimés.
Mon abandon des instruments informatiques cette année, rend encore plus évident cette relation humaine essentielle au progrès humain. Il faut chercher toujours à l'améliorer; il faut aussi cesser d'en critiquer aléatoirement les résultats de façon étroite.
Mon opinion ne compte pas statistiquement. J'en suis bien aise! Elle n'en reflète pas moins ma réalité. Elle est donc, à défaut d'être représentative, véridique.
Cette session d'automne 2008 : quatre groupes; 112 étudiants; deux du secteur professionnel et un de Science nature; un dernier mixte secteur professionnel et préuniversitaire. Nous entamons présentement la cinquième semaine. Comme je le mentionnais dans l'article précédent, je n'utilise plus l'informatique, je rencontre mes étudiants quatre heures par semaine par groupe en vue de l'atteinte de la compétence finale du cours de français 601-101: la rédaction d'une analyse littéraire de 700 mots.
Je divisais, les années précédentes, les quatre en deux blocs : deux heures en classe traditionnelle et deux heures dans le laboratoire informatique. Les heures en classe servaient habituellement à la présentation de la théorie littéraire sur l'analyse littéraire et à des ateliers; j'utilisais le laboratoire pour du travail en ligne sur l'histoire littéraire et les extraits de diverses époques. Cette session-ci, tout se fait en classe.
Ce retour au magistral confirme mon glissement depuis dix ans vers une presque obsession des instruments d'enseignement. Je me souviens d'une conversation à un congrès sur les technologies de l'information avec un futur ingénieur pédagogique. Je découvrais que l'atteinte des compétences dont me parlait mon directeur des Études, celle-là même qui m'obligeait à revoir de fond en comble mes méthodes de transmission du savoir, s'appuyait sur une science exacte dans le secteur de l'ingénierie. Moi, le roi des cancres en cartésianisme, je me mis à scruter avec ce futur maître du savoir savoir les fondements de cette grotte. Je m'aperçus rapidement que si les stalactites pullulaient, les stalagmites peinaient; en effet, les théories fusaient de partout, humectaient la moindre crevasse, dégouttaient sur tout en bas sans réserve, sans discrimination; si la projection de son application se vendait assez bien chez les programmeurs, rien n'existait pour le travailleur en classe. Ce fut, toutefois, un encouragement extraordinaire pour poursuivre le chemin que je traçais pour mon enseignement littéraire. J'y entrevoyais mille et une avenues fertiles pour mes activités de formation. Dix ans plus tard, après avoir entendu les sirènes, combattu le Minotaure, traversé le Charron, je n'ai jamais pu séduire Pénélope. Elle jouait allègrement à Warcraft en ligne avec les Olympiens.
Je revins donc tout penaud dans mon petit Lyré. En classe, devant de bonnes vingtaines d'individus, je ressasse les notions historiques et littéraires des siècles passés. Je joue à la vedette. Mon public captif ne se trouve pas en communication grâce à un écran. Le contact est direct et immédiat; pour reprendre la terminologie informatique, nous sommes en synchrone; nous sommes aussi in vivo. À la fin de mes cours, je me souris souvent intérieurement. J'ai aimé ma performance. Je crois qu'ils ont appris quelque chose; ils ont posé des questions; nous avons communiqué à l'aide de la bonne vieille méthode : la voix et les oreilles. On n’a pas construit Rome en quelques jours, mais tout y mène. Reviendrai-je un jour au virtuel? J'y suis toujours, vous en êtes la preuve. Pour mon enseignement? Je crois qu'il reste du chemin à faire avant trouver la solution idéale entre la personne et la machine. Je ne retournerai sûrement pas sur le même sentier. La solution est ailleurs. Le virtuel n'est pas fait pour les notions traditionnelles. Il faut l'utiliser pour des acquisitions différentes, concurrentes, réactionnelles. On verra...
17 septembre 2008
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