16 septembre 2008

Le luxe relativisé


Il fait soleil. Ce matin, je me suis arrêté au Parc portuaire pour prendre quelques photos. Un luxe : mardi matin, sur un des bancs, un vieillard assis au soleil; un plus jeune promenant son chien. Presque personne! Et moi avec mon appareil photo à faire quelques clichés sans prétention. Je n'ai pas de cours le mardi; j'en profite pour corriger et préparer des cours et lire.

Au début de la session d'automne, j'ai totalement délaissé l'informatique, mon compagnon, plutôt drogue, que j'utilisais de plus en plus systématiquement depuis dix ans. Je me sens en vacances. Ne plus travailler dans le sous-sol avec le ronronnement des trente ordinateurs me soulage déjà; ne plus avoir à répondre à des dizaines de courriels de mes étudiants me libère; ne plus me préoccuper de suivre le cheminement individuellement de chacun me redonne mes soirées; toutes les mises en ligne de tous les documents et la programmation de tous les contrôles et examens en plus de leur mise en ligne, la cerise sur le gâteau. D'esclave, je deviens maître de mon horaire. Quelques photos sur le quai un mardi matin, hum! Une promenade au Luxembourg sous la bise de fin septembre. Quel luxe!

Je rêve de gagner une somme mirobolante à la loterie. Je place mes richesses imaginaires. Je jalouse les bourgeois qui déroulent leurs vacances en devises étrangères et en îles du Pacifique. Je n'ai pas accès à ce genre de luxe. J'y aspire, je n'en fais pas une affaire de survie. L'argent que je gagne ne me suffit pas; j'en veux plus pour profiter plus; toutefois, je ne veux pas plus de responsabilités, ni plus de temps consacré au travail — consacré, terme intéressant faisant penser à la sacralisation de la vie qui passe. Si j'avais une fortune, j'écrirais plus et je me promènerais plus souvent; et, bien sûr, je voyagerais plus souvent. Ma vie n'est pas mal pour autant. J'en ai déjà plus que beaucoup, plus que plusieurs, pas plus que j'en voudrais...

Mes voyages m'amèneraient aux confins de mon imagination. Trois-Rivières fut le berceau de plusieurs explorateurs intrépides. Mon préféré est Radisson; à cheval entre le nomadisme et la finance. Très beau personnage Radisson. Il ne s'est pas rendu aux Rocheuses comme son concitoyen Lavérendrye, mais le sud des Grands Lacs n'avait plus de secrets pour lui. Je relirais On the road de Kerouac et L'Oeuvre au noir de Yourcenar. Le premier pour un itinéraire et le deuxième pour le rêve. Puis je mettrais Ivanhoe et Les trois mousquetaires, pour le héros et pour la quête. Mais dans ma besace, dans la poche de façade, une version usée en Livre de Poche de L'Homme sans qualité de Musil pour les longues nuits en solitaire dans les campements de fortune. Dieu que la lecture est bonne!

Je suis riche! Je suis en vacances puisque j'aime ma profession; j'aime la vie parce que j'aime ma conjointe; j'aime mon futur dans le regard de mes enfants. Ma vie n'est pas faite que d'espoir, il y a plein de tout de suite.

J'imagine Radisson à la fin de sa journée. Aussi difficile qu'elle ait pu être, il dormait bien. Sur la rocaille ou le lit de sapinage, dans une caverne ou un tipi, toujours entouré de son canot et de son ravitaillement, la nuit l'envahissait jusqu'à l'aurore. Son lendemain ne se révélait jamais avant l'heure. Pourtant, le doute ne faisait pas partie de ses questionnements : quelle direction? quel rapide? quel portage? quelle bourgade? quel animal? quel gain? Pas de peut-être! En avant, en aval ou en amont, vers le lointain ou vers la maison, en avant, toujours, à se prouver face à cette nature où il trouvait une formidable compréhension mutuelle.


Il fait soleil. Ce matin, je me suis arrêté au Parc portuaire pour prendre quelques photos. Un luxe: mardi matin, sur un des bancs, un vieillards assis au soleil; un plus jeune promenant son chien. Presque personne! Et moi avec mon appareil photo à faire quelques clichés sans prétention. Je n'ai pas de cours le mardi; j'en profite pour corriger et préparer des cours et lire.


Au début de la session d'automne, j'ai totalement délaissé l'informatique, mon compagnon, plutôt drogue, que j'utilisais de plus en plus systématiquement depuis dix ans. Je me sens en vacances. Ne plus travailler dans le sous-sol avec le ronronnement des trente ordinateurs me soulage déjà; ne plus avoir à répondre à des dizaines de courriels de mes étudiants me libère; ne plus me préoccuper de suivre le cheminement individuellement de chacun me redonne mes soirées; toutes les mises en ligne de tous les documents et la programmation de tous les contrôles et examens en plus de leur mise en ligne, la cerise sur le gâteau. D'esclave, je deviens maître de mon horaire. Quelques photos sur le quai un mardi matin, hum! Une promenade au Luxembourg sous la bise de fin septembre. Quel luxe!

Je rêve de gagner une somme mirobolante à la loterie. Je place mes richesses imaginaires. Je jalouse les bourgeois qui déroulent leurs vacances en devises étrangères et en îles du Pacifique. Je n'ai pas accès à ce genre de luxe. J'y aspire, je n'en fais pas une affaire de suvie. L'argent que je gagne ne me suffit pas; j'en veux plus pour profiter plus; toutefois, je ne veux pas plus de responsabilité, ni plus de temps consacré au travail - consacré, terme intéressant faisant penser à la sacralisation de la vie qui passe. Si j'avais une fortune, j'écrirais plus et je me promènerais plus souvent; et, bien sûr, je voyagerais plus souvent. Ma vie n'est pas mal pour autant. J'en ai déjà plus que beaucoup, plus que plusieurs, pas plus que j'en voudrais....


Mes voyages m'amèneraient aux confins de mon imagination. Trois-Rivières fut le berceau de plusieurs explorateurs intépides. Mon préfére est Radisson; à cheval entre le nomadisme et la finance. Très beau personnage Radisson. Il ne s'est pas rendu aux Rocheuses comme son concitoyen Lavérendrye, mais le Sud des Grands Lacs n'avaient plus de secret pour lui. Je relirais On the road de Kerouac et L'Oeuvre au noir de Yourcenar. Le premier pour un itinéraire et le deuxième pour le rêve. Puis je mettrais Ivanhoe et Les trois mousquetaires, pour le héros et pour la quête. Mais dans ma besasse, dans la poche de façade, une version usée en Livre de Poche de L'Homme sans qualité de Musil pour les longues nuits en solitaire dans les campement de fortune. Dieu que la lecture est bonne!

Je suis riche! Je suis en vacances puisque j'aime ma profession; j'aime la vie parce que j'aime ma conjointe; j'aime mon futur dans le regard de mes enfants. Ma vie n'est pas faite que d'espoir, il y a plein de tout de suite.

J'imagine Radisson à la fin de sa journée. Aussi difficile qu'elle ait pu être, il dormait bien. Sur la rocaille ou le lit de sapinage, dans une caverne ou un tipi, toujours entouré de son canot et de son ravitaillement, la nuit l'envahissait jusqu'à l'aurore. Son lendemain ne se révélait jamais avant l'heure. Pourtant, le doute ne faisait pas partie de ses questionnements: quelle direction? quel rapide? quel portage? quelle bourgade? quel animal? quel gain? Pas de peut-être! En avant, en aval ou en amont, vers le lointain ou vers la maison, en avant, toujours, à se prouver face à cette nature où il trouvait une formidable compréhension mutuelle.
Prendre le large n'est pas nécessairement une question d'espace ou de moyen. ne s'agit-il pas simplement de trouver le courage de prendre le temps à notre disposition pour vivre. Le luxe n'est pas une cage dorée. C'est s'offrir l'horizon pour admirer le miroitement de notre futur.

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