Juste avant de sortir dehors pour la fin de semaine, je regarde par la fenêtre: un ciel bleu avec quelques nuages très blancs, de la ouate sur une couette. quelques feuilles vibrent sur le côté gauche, une touche de fragilité et de mouvement. Le collège est plutôt paisible; la plupart de la population étudiante est partie; la grande majorité des habitués de l'aile des professeurs ont quitté aussi: seul et heureux. Je reprends mon souffle.
La sensation au sortir de la salle de cours me fascine encore. Parfois, je sors les yeux inquiets. La satisfaction n'y est pas. Il y a eu une bourde, une erreur quelconque. Quand ces choses-là arrivent le vendredi après-midi, le travail me suit toute la fin de semaine. Pas cette fois-ci! Ce vendredi-ci, le cours s'est bien terminé. Des sourires et des "bonnes fin de semaine", puis je verrouille la porte. Je déambule le corridor vers mon bureau. Je rentre, active mon écran endormi, vérifie mon courrier; je prends une longue respiration. Je suis en fin de semaine. J'aime mes étudiants.
Je lis un article sur la prochaine élection. On ira voter un peu avant les américains. C'est bien! Nous aurons peut-être un gouvernement majoritaire...
Je veux parler d'autre chose...
Je suis heureux de réécrire. Je ne dois plus arrêter. Je sais que je me parle; personne ne lit, mais le risque est là. Et, comme disait Lévesque, c'est un beau risque. Les textes que j'accumule me représentent bien. De tout; un peu de tout. Je mentionnais à mes étudiants cet après-midi que j'étais à la recherche de mon fils. Certains sont à la recherche de leur père, de leur mère; moi, c'est de mon fils. Je suis père: père de quatre filles merveilleuses que j'adore plus que tout. Et elles me le rendent bien. Je ne pourrais espérer avoir une paternité plus agréable. Elles me gâtent. Mais il demeure cet espace vacant dans ma tête: un fils. Je veux venger l'absence de mon père. Selon certains, elle n'est pas, ne peut être, physique puisqu'il était toujours à la maison. Alors elle devait être psychologique, ou morale, ou quelque chose, car je ne la vois nulle part dans mon enfance ou dans mon adolescence. Je ne vois que d'autres hommes. Ah oui! quelques souvenirs épars: le lavage de la vaisselle que je devais faire avec lui; le lavage du linge la samedi; sa crise de larmes à la messe de départ du cardinal Léger; ses sommes le midi; les chicanes avec ma mère. Bon, dans le genre. Je cherche peut-être un fils parce qu'il voulait être le mien ce grand enfant qui me chargeait continuellement de responsablilités diverses. En tout cas, je suis meileur père que lui.
Quelle discussion pour un vendredi! Allez va-t-en! Sors et va chercher Emma à la garderie!
Je souris un peu. Je me lève. Je mets mon sac à dos. Je déambule dans le corridor. Je suis déjà dans mon futur.
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