Référent : objet du monde auquel un signe fait référence, en tant qu'il est déjà perçu à travers un filtrage cognitif et culturel. Il se distingue donc de l'objet-en-soi (Saussure)Lisez ce texte, je vous rejoins au bas.
Le signe et le sens :La langue est un système de signes et un signe est une image acoustique ayant unsens — un signifié. Ainsi, un signe n'est pas visible : il n'est qu'audible. Il faut donc distinguer soigneusement la conception classique du signe de la conception de Saussure. Car celle-ci compare le mot avec un signe dans le sens propre de ce mot; c'est-à-dire que le signe est une chose visible (par exemple un drapeau) qui renvoie à ce qu'il veut dire. En latin, signum, comme en grec semeion ont une telle signification. D'où la différence visible entre le signe — chose visible — et ce que le signe veut dire. Dans ce sens, il n'y a pas de signelinguistique avant l’écriture. C'est le mot écrit qui dissocie le mot de ce qu'il veut dire et cette séparation peut ainsi rendre le mot écrit comparable au signe visible. Référent et mot écrit surgissent en un même geste et le mot devient un signe qui remplace quelque chose. La question est seulement en quel sens? Et la réponse est que ce rapport est modelé sur le mot qui semble avoir une relation immédiate à son référent et qui semble lui appartenir; c'est-à-dire le nom propre. De cette façon, le mot peut avoir une relation à son référent parce qu'il est le nom de ce référent; il est ce qu'il nomme proprement selon le modèle du nom propre. Signer, c'est écrire son nom qui est là sur la feuille en l'absence de son référent nommé. Ainsi s'institue le cercle de la philosophie entre le mot et la chose — ou plus généralement — entre le mot et le référent. À partir de ce cercle, c'est le référent et le problème du sens quideviennent importants et la discussion philosophique se concentre sur le statutdu référent et sur le lien entre les deux (choses, idée, signification, etc.). Ce qui est présupposé, c'est que le mot est un nom. Le nominalisme convient donc pour Platon aussi bien que pour Aristote, et il détermine aussi bien le naturalisme que le conventionnalisme comme les deux prises de position sur le rapport entre le mot et le référent. Dans la grammaire, ce cercle soutient la thèse, quant au parallélisme logico-grammatical, que la grammaire reflète la logique. Selon cette conception, la parole est portée par la pensée comme elle est analysée par l’écriture. Voilà pourquoi le cercle entre la parole et l’écriture fut rompu en même temps que la grammaire se dissocie de la logique. Pour Saussure, on vient de le voir, ceci implique de lier la parole à la langue et pas directement à la pensée. Mais c'est aussi dans le même geste qu'estdénoué le cercle mot-référent dans le sens qu'il ne fait pas une nouvelle théorie du référent, mais ce qui est plus fondamental, une nouvelle théorie du mot qui nous permet de dépasser la circularité entre le mot et le référent.
http://www9.georgetown.edu/faculty/spielmag/docs/semiotique/signe1.htm
(Guy Spielmann, Georgetown)
Ne vous inquiétez pas, je ne désire pas vous entraîner dans une séance de masturbation intellectuelle. Aussi jouissante puisse-t-elle être, j'aimerais simplement pointer l'actualité de cette discussion à l'orée de cette élection canadienne déclenchée le sept septembre par monsieur Harper et achevée le 14 octobre, le mardi suivant l'Action de Grâce. Parenthèse : trois semaines et des miettes avant la conclusion de l'Américaine.
Que viennent faire le référent et le signe sur cette piste démocratique?
Les campagnes électorales se composent en grande partie de paroles : les dites, les rapportées, les senties, les cajoleuses, les cruelles; bon, nous ne ferons pas le tour des qualificatifs. Toujours est-il que les mots auront le haut de pavé. La majorité des personnes qui utiliseront ces mots n'en connaîtront fort probablement pas toutes les définitions; j'imagine que leur connaissance lexicologique minime. Je ne parle pas bien sûr quantitativement, mais qualitativement. Les mots à leur disposition pour tourner autour de pot ne manqueront pas; mais la signification qu'ils voudront accoler à ces mots demeurera souvent obscure voir ignorée. Ces mots seront livrés en pâture à la population. Cette population, souvent représentée par des journalistes, les recevra en réverbération. Il faudra donc faire confiance à ces transmetteurs. Premier niveau d'interprétation. Ensuite, les lecteurs, plus souvent les auditeurs puisque nous ne lisons plus, dès la réception, commenceront le jeu du téléphone. Les mots s’y dilueront comme l'eau de mer dans le golfe Saint-Laurent, et vice versa. Où sera le sens des mots? Nous aurons sauté d'ignorance en ignorance.
Quand Saussure parle de cette dialectique entre le signe et sa source, le référent, la chose, le concept, nous tombons très rapidement dans une abstraction. Une belle et fascinante abstraction. Pour les électeurs, il s'agira d'une confrontation. Le politicien, le référent, tentera de convaincre la population, le signe, que sa liaison proposition-réalité est la meilleure. La population se divisera sur un certain nombre de lignes paramétrées sur leur vision de ces réalités offertes par les propositions. À la fin, une décision démocratique décidera de la relation la plus crédible, du moins la plus désirée. Dès lors, le référent, toujours le politicien, jouera sur un nouveau signe, une nouvelle interprétation de la réalité. Le besoin de soutien aura disparu pour un temps. Comme le consensus temporaire qui fit que Goupil servit à l'identification d'un animal, et que plus tard ce consensus pencha pour le nom renard.
Il faudra bientôt poursuivre cette discussion sur la pertinence et l'intégrité de cette relation.
À bientôt!
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