9 septembre 2008

Isabelle Saulnier




Je n'ai jamais eu de longues conversations avec Isabelle. Que des bonjours et quelques bribes dans le stationnement ou un des corridors du collège oû on enseignait ensemble. Elle et ses congénères vivaient au sous-sol: Santé animale et ses cages, son laboratoire et sa salle d'opération, habitaient dans du béton, pour le meilleur et pour le pire.



Pour une raison ou une autre, la conversation dont je me souviens le mieux demeure celle où l'on avait parlé de Handball. Je ne sais trop comment nous étions arrivés à parler de ce sport, mais Isabelle le connaissait très bien. Elle avait même joué en Europe dans une ligue semi-professionnelle.

-C'est un sport extraordinaire.

-Oui, de la vitesse, de la force, les réflexes...

-Et cet instant, arrivant devant le but adverse, où tu te projettes dans les airs avec le ballon collé sur le corps... Arrêt du temps. Pendant quelques fractions de seconde, tout s'arrête. Tu as dépassé la ligne des buts, ton trois secondes s'achève, tu fixes le gardien mais tes yeux ont tout le filet dans la mire...

-Ouais! Dans les airs en suspension, et tu décides où tu vas lancer ton ballon pour compter. Comme un arrêt du temps, comme un temps où plus rien n'existe que toi et le gardien. Tu n'entends plus rien. Ton corps s'arque vers l'avant. tes pieds nagent dans le vide. Ton corps est trempé et tu sens l'eau soudainement dans un courant d'air sur ton front. Ta bouche s'ouvre très grande, et tu cries...

-Tu cries de rage, un cri primaire, et tu lèves ton bras bandé comme une catapulte, et le ballon explose vers le point que tu veux de toutes tes forces.

-Puis plus rien. Tout est fini. Ce n'est même pas important d'avoir réussi ou non. Tu as vécu ton moment et tu retournes dans ton territoire pour reprendre le jeu. Et tu espères jusque dans le tréfond de ton âme que tu vas reprendre le ballon pour recommencer.

-Ta vie pour sauter avec le ballon à nouveau pour essayer de vivre pour vrai.

La cancer ne t'a pas tué. Il t'a juste un peu éloigné du jeu...

Merci Isabelle Saulnier. T'étais une vraie.

Adieu.

Pierre

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Pierre,

Tu as rendu un bel hommage à notre collègue, je t'en remercie. S'éloigner du jeu... nous y sommes tous condamnés. Mais s'il est possible d'entendre une voix au milieu des ombres qui emportent Isabelle, je sais qu'aujourd'hui elle entend la tienne.

Christian

Anonyme a dit...

Merci Pierre,
Merci pour le bel hommage rendu au Docteure Isabelle Saulnier, m.v.

J'ai d'abord connue Isabelle comme superviseur, j'étais un employé-étudiant d'animalerie de fin de semaine. Comme la plus part des étudiants en Santé Animale, je l'ai aussi connue à titre d'enseignante et de vétérinaire. Puis, de fil en aiguille, Isabelle est devenue une amie.

Même s'il était possible de sortir Isabelle des Bas-fonds du Collège (c’est-à-dire de l'animalerie et du dépt. de TSA)... Il était impensable et infaisable de sortir le Collège et toutes ses p'tites bebêtes (animaux, étudiants, profs, personnel non-enseignants) de son grand coeur.

Son sens de l'humour, son grand sens du devoir et ses préoccupations à préserver la vie quelle quelle soit; ont fait d’elle une personne extraordinaire qui a marqué nos vies et qui continuera, probablement pour bien longtemps et pour bien des gens, à être un model de courage, de professionnalisme mais surtout d’humanisme.

Doc., maintenant que ta période de jeu est terminée…D’où tu es, je sais que tu nous regarde terminer la partie et que tu nous envoies des ondes positives pour que nous nous en sortons vainqueurs… On t’aime et MERCI pour tout!

AnnieDo.
Finissante 2004
TSA intensif