9 février 2011

Monsieur Kafka et la diffamation


Il n'en fallait pas plus pour finir ma semaine en pleine extase. Cet article qui compare le procès de monsieur Pierre Karl Péladeau au procès de Kafka me réjouit profondément. En tant que professeur de littérature, voir ces disciples de Démosthène défendre le marquis de Québécor en faisant référence à Kafka, auteur schizophrène qui mourut dans une misère abjecte, incompris par ses concitoyens et affublé d'une cote de lecture terriblement pitoyable, relève du fantasme.
« Vous avez sans doute presque tous senti, ô Athéniens! toute l'ardeur des sollicitations factieuses dont on a entouré ces débats, en voyant, il y a peu d'instants, ceux qui, pendant que le sort proclamait vos noms, vous assiégeaient de leurs importunités. Pour moi, je ne demanderai à vous tous que ce que l'équité accorde, même sans prières : ne préférez ni faveur ni rang à la justice et au serment que chacun de vous a juré avant d'entrer ici; considérez ces deux objets comme votre sauvegarde, comme celle de la République entière, et ces actives supplications des protecteurs de l'accusé comme le soutien de quelques ambitions privées, que les lois, en vous réunissant, vous ordonnent de réprimer, loin de sanctionner leur pouvoir sur le sort des coupables. » (Démosthène, 273 VIII, IX Procès de l'ambassade).
Vous remarquerez que cet article date déjà de quelques mois. Je l'avais commencé puis mis de côté pour une quelconque raison. En panne d'inspiration ce soir, je fouillais dans mes archives quand je tombai sur ce début de texte. Il fera l'affaire. Ce même Péladeau la Charettte foule toujours au pied ses employés. À croire que toute l'industrie soutient activement et solidairement ce magnat de la presse pour détruire une fois pour toutes tous les ressorts professionnels que les journalistes peuvent encore garder.

D'autre part, le bon peuple québécois lui lèche les bottes quotidiennement. Le tirage du journal en lock-out n'a jamais été aussi bon. Honnêtement, on ne voit aucune raison pour laquelle il plierait.

Kafka? Ce n'est pas Péladeau. C'est le journalisme coincé dans les griffes capitalistes d'une sangsue insatiable.




 


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