13 décembre 2010

La guillotine du dévouement


Dévouement:
  • Action de se consacrer entièrement à une personne, à une cause.
  • Disposition à servir quelqu'un pour son bien-être.
Combien de personnes mortes au nom de ce grand cantique grégorien sans fin et sans soulagement? Quand il pleut, il pleut; il peut pleuvoir toute une vie sans une seule journée de plein soleil quand on circule sur la pente spirale du dévouement. La seule satisfaction nous est définie par les profiteurs qui ont organisé la mission. Ils ont installé un dogme, un credo quelconque qui, à l'origine, ne nous appartient pas du tout, auquel on n'a aucune relation. Ils nous établissent un certain nombre de prières à répéter de temps à autres; ils organisent des messes officielles, d'autres officieuses, pour polir leur blason à l'aide de notre énergie : il nous donne accès à notre salut. C'est du plus plate paternalisme.

Les commentaires sur le manque de passion chez les jeunes face à l'emploi sont monnaie courante. Dans le fond, le plus inquiétant pour les patrons est la perte de l'emprise sur leur conscience. À l'heure où on voudrait de leur part une politisation, une implication, une « comitment », ils répondent par une moue. Ils ont compris que leur salut ne dépend que d'eux. Ils ont sans doute vu leurs parents participé au grand cirque de l'ambition; ils les ont vus s'éteindre avec un beau certificat photocopié et une soirée hommage, alors que tout autour d'eux avait pris des allures de grand saule ravagé par les parasites. Leur indépendance déroute.

Tant mieux pour leur vie. Tant pis pour les banquiers de la productivité.

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