27 juin 2010

Fou à lier!








La folie est fascinante. Nous pourrions nous demander où nous en serions si elle ne nous avait pas accompagner dans notre périple civilisateur.  Dans son Éloge de la folie, Érasme donne vie et fabule sur ce merveilleux romantisme qui déclenche inévitablement la joie féconde sinon la gaieté gaillarde.

«Quoi que dise de moi le commun des mortels (car je n'ignore pas tout le mal qu'on entend dire de la Folie, même auprès des plus fous), c'est pourtant moi, et moi seule, qui, grâce à mon pouvoir surnaturel, répands la joie sur les dieux et les hommes. Je viens encore d'en donner la preuve éclatante ; à peine ai-je paru au milieu de cette nombreuse assemblée, pour prendre la parole, que tous les visages ont aussitôt été éclairé par la gaieté la plus nouvelle et la plus insolite; tous les fronts se sont tout de suite déridés; vous m'avez applaudi avec des rires si aimables et si joyeux que, vous qui êtes venus de partout et tels que je vous vois, vous m'avez l'air ivre du nectar des dieux d'Homère mélé de népenthès, alors qu'il y a un instant vous étiez sur vos sièges aussi sombres et soucieux que si vous veniez de sortir de l'antre de Trophonius. Mais quand le soleil montre son beau visage d'or à la Terre, quand après un rude hiver le printemps nouveau souffle ses caressants zéphyrs, aussitôt toutes choses prennent figure nouvelle, nouvelle couleur et vraie jeunesse; de même dès que vous m'aviez vu votre physionomie s'est transformée. Et ainsi ce que des orateurs d'ailleurs considérables peuvent à peine obtenir par un grand discours longuement préparé, je veux dire chasser de l'âme les soucis importuns, je n'ai eu qu'a me montrer pour y parvenir.»
  • Népenthès: Herbe miraculeuse et euphorisante.
  • Trophonius: Meurtrier de son frère. Se trouve dans son antre un oracle qu'on ne peut écouter sans être malheureux toute sa vie.

Le bonheur recherche la folie. Ne devrait-on pas vider les sanatoriums?

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