2 octobre 2008

Le principe Oreo




Il n'est guère surprenant qu'un Noir aboutisse finalement à la course à la présidence des États-Unis. Enfin noir comme il y a les beurres et les blancs et les rouges ; les seuls vrais sont les jaunes et, si les insectes hériteront de la Terre, les jaunes ramasseront la civilisation. Les couleurs ne représentent plus que le périmètre social de leur origines biologiques. Nous avons un bagage génétique ; nous avons un bagage générationnel; nous n'avons plus de couleur... et nous aimons à renier les locales!
Hier soir, au débat francophone des chefs canadiens en route vers l'élection du 14 octobre, on a vu attablé à une grande table ovoïde cinq pantins colorés au teint du jour sous la direction d'un non moins clownesque d'un animateur tout aussi peinturluré recevant une réflexion éclatante sur la figure d'un réflecteur luminescent dont la position n'était pas la trouvaille du siècle.

Alors nous obsevâmes cinq noirs pâles, tels cinq spermatozoïdes avides et ambitieux, freluquant allègrement pour traverser la coquille où nichait sur un azur de plexiglace la rouge feuille d'érable, ovule précieux, objet de convoitise. Et on viendra dire que je manque d'imagination...

Et le principe Oreo, vous connaissez ? Il s'agit d'une expression qui définit, aux États-Unis, un Noir riche qui vit comme un Blanc : noir à l'extérieur, blanc à l'intérieur. Dans le prochain débat vice-présidentiel, nous aurons un homme et une femme : parfaits candidats, typique image d'une certaine stupidité naïve propre à tout vice-président; qui, "in the world" veut se battre pour être second sauf un ambitieux plutôt niais ou un gaffeur insécure? Par la suite, la table sera mise pour le vrai débat, celui que tout le monde attend : Obama et McCain. Le Noir contre le Blanc ; mais leur couleur épidermique sera très similaire. On pourra reconnaître le noir par sa physionomie et le blanc de même. Les couleurs se marieront ; bon, je sais, on n'ira pas dans l'étude de la pigmentation, je connais les variations épidermiques et soucutanées des deux peaux négroïde et caucasienne; ici, je parle de couleur. Pour la première fois de leur histoire, les Américains voteront en partie pour une couleur, inexistante, et en partie pour une idéologie tout aussi inexistante. Mais, tout de même, le 4 novembre, ils voteront pour la différence la plus marquante de leur jeune démocratie.

C'est la même chose de ce côté-ci de la frontière. Ils sont tous pareils ; ils disent et se dédisent ; se lancent de la boue plus ou moins poliment et s'essuie délicatement du bout des lèvres. Une fois l'exercice terminé, ils nous regardent tout charme en cherchant dans nos votes la récompense de leur performance. Je ne nie pas leur pouvoir, le réel et le potentiel, mais un pays, comme ces immenses réservoirs flottants que sont les cargos pétroliers, représente une masse beaucoup lourde, avec beaucoup trop de poids mort, pour effectuer rapidement une bifurcation importante. Je n'ai rien vu hier soir pour m'encourager à changer mon vote. Mon vote sera un message sur le futur dans mon pays. J'exercerai mon droit en mon âme et conscience en soupesant plusieurs facteurs : le parti, le chef, le candidat. Avec ce trio, je réfléchirai au futur à court, à moyen et à long terme. Finalement, je reconsidérerai mes convictions personnelles. Au bureau de vote, je placerai mon X intelligemment. Le débat d'hier n'aura, quant à moi, que prouvé l'importance du cirque médiatique que sont devenues les élections canadiennes. Il est de plus en plus difficile d'en apercevoir le bien-fondé, parce que la fabrication d'image prédomine de façon inexorable sur la substance. J'ai connu assez personnellement assez de politiciens provinciaux, fédéraux, et même à l'extérieur du pays, jusqu'en Pologne, pour être convaincu que, s'ils portent un soin vigilant à leur apparence, ils font aussi partie, les vrais, d'une catégorie tout à fait particulière d'individus à l'intérieur desquels on retrouve bien sûr une grande ambition, mais aussi des qualités humaines qui vont au-delà du simple aspect de la fonction publique. Le courage de faire de la politique à son plus haut niveau, celui de la représentation du peuple, relève vraiment de la mission peu importe l'avenue choisie pour dérouler le futur. Aujourd'hui, on a tué cette humanité par nos exigences de rectitude non pas politique, mais médiatique ; la preuve étant que dès qu'un candidat devient naturel et candide, un terrible tollé s'empare du personnage public en l'affligeant des pires calomnies.

La politique, c'est dur. Il faudrait sans doute, la ramener vers son premier mandat, celui de définir notre conduite nationale, et cesser de cancaner sur des dossiers dont on ne connaît à peu près rien et dont personne n'a pris la peine de vérifier l'exactitude, laissant ce soin à des médias qui vivent de ce type déficient et vicieux de dérapages dont ils sont la source, qu'ils cultivent allègrement... et qui fait vendre du papier. Faire confiance aux médias, c'est vouloir croire à l'innocence de sa conjointe aperçu sortant d'une hôtel avec un mec quand elle nous affirme: Tu n'es pas cocu chéri! Quel être un peu intelligent peut encore accorder quelque crédibilité fodamentale à ces articles, dépêches, dossiers et autres écritures, très souvent guère plus élevés que les commentaires du citoyens moyens. Se fier aux médias qui recueillent nos politiciens et les manipulent avec la complicité de ces spécialistes de l'image qui font leur choux gras des artifices, prouve la profonde noirceur informationnelle dans laquelle nous sommes tombés. Nous ne discutons plus sur des textes sources mais sur deux répliques.

Le débat d'hier nous fit voir un spectacle d'Oreo ; de qui est-ce la faute ? Éduquons-nous!




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