8 octobre 2008

Fébrilité!

Frétillement! Agitation! Trépidation! Effervescence! Émoi...

Cinq cents milliards de petits martiens Et moi, et moi, et moi
Comme un con de parisien
J'attends mon chèque de fin de mois
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie

Selon Jacques Dutronc.

Mon chèque de paie, il ne vient pas depuis assez longtemps pour me faire oublier les années de vaches maigres. Je pensais hier à un certain nombre de personnes qui ne connaîtront jamais ce calme de l'esprit. J'avais quarante ans passés lorsqu'un employeur me mentionna que « tu sais, c'est plutôt symbolique cette permanence ». Il ne réalisait pas jusqu'à quel point elle me soulageait cette satanée symbolique.

Les poètes du grand siècle pouvaient bien se gargariser avec leur retraite familiale. Je lisais justement aujourd'hui le destin de Baudelaire qui dépensa frivolement une grande partie de l'héritage de son père avant qu'il ne soit ralenti par sa famille avant qu'il ne dilapide tout le reste. Alors seulement, il se mit à l'écriture sérieusement... Pour embellir une maigre pension. Je ne connais pas de poètes riches; tout au plus certains romanciers qui vivent et certains essayistes et dramaturges qui complètent un pécule intéressant en complétant par d'autres médias. Nous ne sommes pas aux États-Unis! Là-bas, ils ne sont pas rares ceux qui font fortune, mais ils ne sont pas légion non plus. Chez nous, la littérature payante, elle s'enseigne, elle ne se publie pas.

Les millions de martiens sont outre frontière. Les quelques héros meurent après quelques années et sont rarement ressuscités. J'ai lu dernièrement que c'est Raymond Queneau qui aurait permis à Réjean Ducharme d'entrer chez Gallimard par la porte d'en avant. Aquin ne s'était pas encore suicidé dans la cour des Soeurs de l'Assomption à Montréal. C'était l'époque où le Refus global se mariait avec l'universalité et où des poètes, Miron, Grandbois, Lapointe, canevassaient sur un Riopel ou un Mousseau. Effervescence! Disparue! Éteinte! Sous une grande tente de kermesse où de petits écriveurs de parade se lancent et nagent jusqu'à la prochaine strophe. Il n'y a pas de vie sur Mars. Il n'y a pas de Martiens! Ils ont foutu l'camp!

J'ai reçu mon chèque aujourd'hui. Je vais tenter de croire en mon indépendance intellectuelle. Je vais déplacer mon cavalier vers la tour pour assiéger le destin. Échec au roi! Bouffer par la reine! Échec et mat par le fou... Je vais relire Stendhal. Et Robertson Davies. Je me dois bien une trilogie.

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