19 février 2009

Le jeu


Écrire. Je viens d'apprendre qu'un de mes collègues avait pressenti le futur. Inutile de savoir à quel sujet, qui il est ou comment cela s'est traduit et comment il m'en a fait la preuve; c'est un fait: neuf mois avant l'événement, il voyait la réalité à travers sa fiction. Fascinant!

La prescience. Savoir avant une réalité qui devrait exister selon un certain nombre d'indices précurseurs. Non, on ne parle pas ici d'une prédiction. Pas comme une joute sportive ou une course hippique où on calculerait les probabilités. Pas de statistique ici, que la connaissance intime, même si parfois totalement inconsciente, d'un événement qui se concrétisera. Une prophétie?

Pourquoi pas? Qu'est-ce qu'un prophète? L'oracle de Delphes.... Madame Soleil... Le Tarot... Pas de religion en cause, bien qu'un tel phénomène rapproche traditionnellement du pouvoir mystérieux du divin qui gère la destinée.

Je joue à pré-savoir. Comme le sable de la grève, qui accueille tout et efface tout; sauf le souvenir d'avoir déjà reçu une trace, un château, un mot d'amour. Un rire d'enfant adulte qui n'a que quatre ans dans son corps et déjà vingt dans sa tête. Tout est dans la perspective. Voyons un peu.

Un point sur le feuille. Un trait oblique qui monte de gauche à droite; un autre trait à la base à quarante-cinq degré; un troisième trait qui rejoint le deux autres de sorte que le point de départ se retrouve au centre de ce triangle. Chaque sommet est le départ de trois autres lignes qui rejoignent le point central. Qu'est-ce que j'obtiens un cratère ou un pic? Question de perspective. Il manque des éléments comme du remplissage de couleur, des précisions sur la situation exacte du point dans cet arrangement de lignes, mais la perspective est là; elle existe. Ce que je vois n'est qu'une interprétation, mais elle demeure une réalité en devenir. 

Si on se projète assez loin, on finira par vivre son avenir. Si on vit par procuration, on risque de devenir esclave de ses propres visions. Ne pas en avoir est fatal; vivre en fonction d'elles, donne des vertiges. Où est l'azimut? Où sont les lignes? Où sont les points d'ombre? Quelle est la perspective?

Écrire sur le sable, confier au vent: gestes à portée infinie; mots et paroles plus indélébiles pour l'être qui les gravures au burin.


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