16 février 2009

De l'esprit des lois

Le mot est de Montesquieu: le grand essayiste français.

Il a joué à l'écrivain en romançant dans les Lettres persannes la vie de deux étrangers observant la France du XVIIIième; ce regard lui coûta; il fut mis au banc de la société.

Son Esprits des lois, masse livresque, veut faire un tour de l'esprit, tel qu'il le dit bien, et non pas de la lettre.  L'approche est inversée: la loi ne s'applique pas, elle se justifie. Elle perd son exécutif pour se centrer sur son législatif. L'obéissance à une prescription n'existe pas tant par le risque de la pénalité qu'entraîne le manque à s'y conformer, que par l'évidence de la nécessité de sa présence: manipuler son voisin naïf est légal; le voler, illégal.

«Dans quel gouvernement faut-il des censeurs? Il en faut dans une république, où le principe du gouvernement est la vertu; mais encore les négligences, les fautes, ne certaine tiédeur dans l'amour de la patrie. des exemples dangereux. des semences de corruption; ce qui ne choque point les lois, mais les élude; ce qui ne les détruit pas, mais les affaiblit: tout cela doit être corrigé par les censeurs.» (livre I  V  XIX)
Nous vivons dans une monarchie constitutionnelle par procuration. Nous vivons dans une république par procuration. Notre esprit des lois est biscornue. Nous respections l'organigramme de la couronne britannique, mais sans y accorder assez de crédibilité pour en respecter les fondements. On peut réaliser toute l'importance que la reine revêtit pour Blair! Ici, Harper devrait se fier à Michaëlle Jean... Pas vraiment! Au Sud, on se veut le miroir de cette république impériale, mais en oubliant des paramètres fondamentaux: un leader élu au suffrage universelle et deux chambres électives aussi d'une puissance despotique. Et les lois dans tout cela...
Nos lois ne peuvent nous représenter sainement puisque nous ne sommes pas une population fixe avec une mission claire. Nous obéissons dans le plus grand désintérêt parce que notre pays est une continuelle réflexion des autres. Montesquieu vante sans ambages la monarchie; la république prend le deuxième juste devant le despote. Selon lui, la monarchie exige l'honneur et cultive l'ambition, alors que la république vénère le vertu et l'égalité et doit nécessairement être soutenu par des religions pour soutenir les inévitables inégalités. Et nous...

Nous avons des morceaux de l'un et de l'autre. Nous avons le manipulateur et le voleur. L'ambitieux sans scrupule et le dévot par décret.

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