25 novembre 2011

Mouvement citoyen


Je ne suis pas parfaitement à l'aise avec l'expression « Mouvement citoyen ». Voter est un mouvement citoyen; payer honnêtement ses impôts et ses taxes aussi; de même une foule de gestes comme la récupération, le respect des propriétés publiques et privées. Alors pour quelle raison ce terme de Mouvement citoyen s'enracine-t-il avec une connotation relativement subversive, ou plutôt contestataire? Parce que le système qui génère ce type de mouvance n'est plus un système citoyen?

Voilà, selon moi, le noeud gordien de la situation actuelle. Ce mouvement mondial de prise de parole par les populations bouleverse soudainement un ordre social qui a glissé lentement vers la corruption et un gaspillage de plus en plus profonds, de plus en plus chroniques; de plus en plus génétique aussi je dirais en ce sens qu'il fait désormais partie intégrante de la substance même de la conduite de nos édiles. Si nous parlons régulièrement de cynisme et de perte de confiance, il faut nécessairement accepter le fait que cette situation provient de comportements récurrents qui s'échelonnent sur plusieurs années. Nous pouvons identifier deux coupables : les dirigeants d'une part et les citoyens d'autre part.

Les dirigeants ont glissé vers du patronage et le favoritisme légaux et illégaux. En s'appuyant sur des mandats plus ou moins clairs basés sur un nombre toujours fléchissant de taux de participation, ils ont commencé à tenir pour acquis que les firmes de fabrication d'images suffiraient à les rendre victorieux; plus de substance, que des comportements superficiels se transforment en règle de conduite standardisée. La réalité leur a donné raison : plus ils ont investi dans l'imagerie, plus ils ont récolté de bénéfices. Berlusconi en l'exemple parfait. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, en est un autre exemple. « Selon un de ses collaborateurs, l'élection d'Ahmadinejad à la présidence de la République islamique d'Iran n'est pas un accident, mais “est le résultat de deux ans de planification compliquée et aux facettes multiples” par une coalition qui inclut des Commandants des gardiens de la révolution, des représentants du clergé, des dirigeants du mouvement Basij et les amis et alliés qu'Ahmadinejad s'est fait pendant son mandat à la mairie de Téhéran. » (Abbas Milani, « Pious Populist. Understanding the rise of Iran's president» [archive], Boston Review, Novembre — décembre 2007). La planète vogue vers la futilité. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que la volatilité des bourses mondiales offre une réponse très pertinente à ce phénomène : les gouvernements mondiaux ne parviennent pas à replacer la croissance tranquille de la spéculation financière. Cette spéculation est basée sur la production; une production réelle, même s'il ne s'agissait que de la production de service ou de la production de consommation pure. Les bourses aujourd'hui ne peuvent se donner une direction précise puisque cette production ne comporte plus de prospective. Le citoyen se promène d'une image à une autre au gré des fabricants d'images; il ne décide plus; il suit. Devant cette volatilité sociale, les maisons boursières se retrouvent en pleine tempête de volatilité aussi.

Cette situation est d'ailleurs aggravée par la mondialisation des communications, une image fabriquée aux antipodes se retrouvant rapidement aux quatre coins de l'univers.

Le mouvement citoyen est un comportement naturel et souhaitable dans la mesure où ce même citoyen a la capacité de prendre des décisions fermes et indépendantes en regard avec ses besoins. Il est corrompu s'il reste à la remorque des mirages offerts par leurs dirigeants.

L'actualité nous suggère, je crois, un certain réveil.


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