14 mars 2009

Fiction

J'écoute un cours de littérature sur le podcast du Collège de France. Proust en est la vedette. Antoine Compagnon y parle entre autres de Blanchot, critique et auteur français à la plume sévère et riche tant dans sa fiction que dans son regard sur l'autre. Ils sont d'accord, tous les deux, pour affirmer que la fiction ne peut se détacher totalement de la réalité: toute création littéraire demeure le reflet d'une vie. Assouline, incidemment, touchait ce dilemme en étudiant la dernière oeuvre de Carrère (Classe de neige); il le fait régulièrement sur plusieurs auteurs et leur vie. Les deux univers se touchent nécessairement, mais la fiction n'existe que dans la distance que l'auteur place entre lui et ses personnages.

L'autobiographie devient dès lors un phénomène intéressant. Nous pourrions aussi parler de la «story life», terme qui naquit aux États-Unis dans les années 60 qui est devenu un genre littéraire en propre et qui romance à souhait le véridique pour y laisser planer toute l'invraisemblance que veut bien y placer l'auteur. Incidemment, le livre de Nicholson Baker, U and I, pastiche updikien du, alors, jeune auteur avec son héros chemine le long du même sentier. On y entre avec méfiance; on reconnaît le milésime littéraire du créateur du célèbre Rabbit et du grand succès cinématographique Witches of Eastwick dont l'origine est un autre de ses romans; puis, peu à peu, la structure styllistique cahoteuse typique du grand romancier devient plus originale: nous en arrivons au cliffhanger narratif où le jeune disciple ne laisse que des ombres. Updike, lui-même, d'ailleurs n'est pas sans rappeler certaines tournures de Dos Passos: la vie américaine riche de sexe, de chaleur, de profusion et de leur vie... quotidienne.

La fiction est un jeu. Que le meilleur gagne et devienne la racine du prochain. On ne parle pas de plagiat; on parle de culture.


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