Que j'aime ce lieu pastoral!
Quelques marmottes qui font le bonheur de mes jeunes filles — le beau toutou qui bouge; trois familles de rats musqués qui rôdent autour de la piscine; des écureuils trop nombreux pour le compter qui grimpent sur le mur de stucco et les moustiquaires en nous regardant effrontément; huit mouffettes, bien comptées, attrapées dans les cages, dont deux ensemble la semaine dernière; bien sûr les chats; évidemment les nombreux oiseaux qui viennent se nourrir aux mangeoires; les quelques familles de souris des champs qui gambadent dans le plafond du sous-sol malgré les sacs de moulée empoisonnée et les quelque douze trappes enfromagées dispersées un peu partout. Il y a aussi la faune à peine civilisée qui orbite dans les chambres de l'hôtel, gagne-pain de ma conjointe, mais on y reviendra...
La vie sur le bord du fleuve n'en demeure pas moins idyllique. Les arbres de marais, la coulée à l'eau brunâtre et huileuse, bourrée de résidus huileux et nauséabond fruit de puisards qui rejettent directement leurs eaux; la berge marécageuse immédiatement à côté du pont qui sent le canard et l'algue poisseuse; et ce pont, mais oui ce fameux pont, qui charrie ces points lourds aux freins Jacob, tonitruant les oreilles en faisant vibrer la maison comme autant de tremblements de terre au cliquetis de tout objet plus ou moins bien fixé sur son socle.
Ah! divin lieu pastoral! Jamais le Lac de Lamartine n'aurait semé les larmes que mon fleuve et sa faune ne m'extirpent chaque nuit de tintamarre symphonique.
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