La Literary Review of Canada publie ce mois-ci une analyse du livre de Richard Poplak, Ja, No, Man: Growing Up White in Apartheid-Era South Africa, rédigé par David Dyzenhaus. La politique de l’ordinaire retrace la vie d’un Sud-Africain blanc et juif dans le tourbillon de la contestation de l’apartheid :
« His book clearly describes a life in what he calls “the miasmic fog that kept the country in darkness during the Apartheid years”: the fog of ideology that made it possible for white South Africans to avoid recognizing their brutal exploitation and oppression of the country’s black population.»
Il faut lire ce commentaire; il faut lire ce livre. Dans l’environnement canadien, un pays qui n’arrive pas à solutionner son morcellement national, coincé entre des nations étouffées – celles des amérindiens– fondatrices – ironiques de songer à une fondation émergeant de l’annihilation d’autres civilisations – , immigrantes – de plus prégnantes devant la faiblesse voire la non-existence de facto d’une identité claire – , les quotidiennetés de cette famille juive ressemble à s’y méprendre à une possible maisonnée de Hérouxville dit Code de vie québécois!
L’aveuglement est le même :
« The Poplaks were trying their best to lead an ordinary life, much as any middle class Canadian family tries to do, but this can obviously mean profoundly different things in different contexts. A Canadian-born friend of mine once spoke to me of his great “moral luck” at not having been born South African. He meant that living an ordinary life in a rather ordinary society like Canada is very different, morally speaking, from living that same life in a society where great injustice is so much part of daily life that it is possible to be oblivious, or on my argument, to make oneself oblivious to it. Another white South African friend who had many white close acquaintances deeply involved in the resistance to apartheid remarked to me in the 1980s that one of the things he hated about South Africa was that it made many people who were unsuited to politics of any sort feel compelled to take part in the dangerous politics of resistance. They were constitutionally suited to living ordinary lives. »
Pas aveugle pour blesser. Aveugle de bêtise. Être ordinaire est-il une vertu? Dans le magazine littéraire du mois d'octobre, Enrique Vila-Matas suggère « Une stupidité lucide : [une des attitudes à adopter] se fonde sur Érasme qui suggéra qu’en temps d’abrutissement général, l’homme sage doit feindre d’être idiot (comme le sot de son Éloge de la folie) et se montrer incapable de prendre position, conscient que c’est la meilleure façon de réussir dans le grand théâtre de l’Univers. » J’attends avec impatience les conclusions de messieurs Bouchard et Taylor de la Commission sur les accommodements raisonnables. Après les banales parfois très rustres souvent orchestrées salades de bettes à carde fanées et amers, le monde entier jasera de la sagesse des musulmans, des questionnements perspicaces de certains et de l’étroitesse d’esprit, j’aimerais dire naïve mais doit me contenter de niaise, de plusieurs.
« When my son jokingly sings “Oh Canada, our home’s on native land,” for example, the point is that Canada is a settler society, with a brutal history of “native” exploitation and segregation—indeed, a history that the white regimes of South Africa took as an example in establishing the Bantustans. And the fact that the live-in or live-out nanny comes not from the aboriginal communities of Canada but from the Philippines might make little moral difference. The rich countries of the north police their boundaries, even extend their boundaries into other countries, in order to ensure that only those migrant workers enter who are considered appropriately exploitable, much as the apartheid police in South Africa maintained the boundaries between the rich white enclaves and the areas set aside for blacks. »
Depuis la fin de l’apartheid, l’Afrique de Sud a changé. Les noirs ont droit de cité. Les blancs commencent à comprendre. Au Canada, les blancs sont toujours endormis et offusqués dès qu’une de ces fédérations, nations, ou communément nommée tribus ou gang de la réserve, pointe le nez sur une voie de chemin de fer, sur une route ou sur un pont. En cela, l’unité nationale canadienne est en sécurité : nous sommes tous pareils. Dès que quelqu’un de différent entre dans notre cour, nous pavoisons notre caucasienne blancheur judéo-chrétienne et réclamons la soumission.
Depuis la fin de l'apartheid, l'Afrique de Sud, n'a pas changé. Les traditions d'incestes, de violences et de faible scolarité sont tenaces. Chez nous, sous la pression toujours plus forte des communautés amérindiennes et immigrantes, nous réussirons peut-être un jour à atteindre une certaine maturité. Qui sait?
Poplak’s autobiography proves then to be a deeply political work: it shows that politics is situated unavoidably in the ordinary, and illustrates that the mechanics of political obliviousness do not reside entirely in a fog machine controlled by politicians. Rather, the mechanics involve countless daily, individual choices to maintain that fog, choices that will require more or less investment depending on one’s background. Political obliviousness is always resolute.
Vive la tranquillité!
Merci à l’auteur dont le nom apparaît ci-bas et à la revue pour les citations. Vous pouvez acheter l’édition de Literary Review of Canada ici .
The Politics of the Ordinary
Piercing the “fog” of apartheid ideology.
A review by David Dyzenhaus
Ja, No, Man: Growing Up White in Apartheid-Era South Africa
Richard Poplak
Penguin Canada
321 pages, softcoverISBN 9780143050445
2 novembre 2007
La politique de la quotidienneté
Libellés :
Afrique,
Canada,
Histoire,
littérature,
sciences humaines
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