Aucun message portant le libellé démocratie. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé démocratie. Afficher tous les messages

1 octobre 2008

Une évidence obsurcie : l'éclipse cérebrale


À observer l'élection canadienne, on ne peut certainement pas douter de la paresse intellectuelle du pays entier. Je fais le tour régulièrement des médias d'un océan à l'autre; l'absence de débat de fond est sidérante. Pas surprenant que plusieurs regardent et suivent avec plus d'attention au sud de la frontière.

À l'Ouest, dans les sables bitumineux, au centre, à l'Est et au coeur avec les deux valves, la rouge et la bleu, tous les médias confondus s'arrachent les imbécilités, les rumeurs et les futilités. La putain vient de dire la vérité : vite une enquête publique! Les gens n'en demandent pas davantage, bienheureux fossiles ancrés dans une médiocrité tranquille qu'ils voient comme salutaire. Sur cyberpresse aujourd'hui, un éditorialiste mentionne le vide économique de Harper sur lequel Dion ne peut riposter se trouvant dans le chaos; May n'a pas de passé très lourd, comme néophyte pas difficile de se tenir loin des scandales. Layton a beau jeu de lancer des solutions sociales-démocrates à la sauce déficitaire, il veut Stornoway. En cerise sur la sunday, monsieur Duceppe caresse la balance du pouvoir en flattant la xénophobie et le vocabulaire du terroir convaincant que l'antichambre veut bien mieux que le ring. Et pour une fois que le vert est comme le gazon frais où il est défendu de marche...

Nous sommes tous béats. J'ai accepté de participer à un débat sur l'élection américaine le 4 novembre. C'était avant le déclenchement des nôtres. Cette situation, bien qu'elle me rende un peu mal à l'aise, me soulage dans la mesure où je ne saurais sans doute pas rendre aussi intéressante celle de mon pays. Mais j'ai honte tout de même, car cela signale un terrible esprit de colonisé : faire tout un plat d'une élection dans un pays étranger et même pas un hors-d'oeuvre pour celle de mon pays... Hum! Je fais partie des cons qui ne voient rien d'intéressant chez nous. Il faut dire que c'est plus facile de parler des autres que de soi-même! Tout de même.

On parle du débat des chefs demain...

30 septembre 2008

L'identité


Canal Académie présente cette semaine une critique du dernier volume de Michel Serres: Le mal propre : polluer pour s'approprier (http://www.canalacademie.com/Le-mal-propre-Polluer-pour-s.html). Étrange, mais logique, ce principe de l'impossibilité de posséder parce que nous ne pouvons vraiment détacher le bien de son créateur. Il parle entre autres des autos qui ne nous identifient pas, mais qui portent toujours la marque et donc rappelle que ce véhicule appartient encore à la compagnie d'où ils proviennent. Nous ne possédons pas plus les personnes; tout se situe au niveau de la location, du temporaire. La pollution dès lors provient du désir de posséder qui n'est jamais satisfait. On veut s'approprier sans jamais atteindre l'appropriation.

D'ailleurs, Michel Serres offrait en avril dernier, sur ce même canal Académie, un commentaire sur le sens de l'identité reliée à nos appartenances (http://www.canalacademie.com/Corps-et-identite-qui-sommes-nous.html). L'identité est la somme de nos appartenances et nos appartenances sont la somme de toutes nos activités et de nos liens avec les autres, passés et présents. Sa parole est complexe. Je vous invite à l'écouter. Il touche aux ethnies et à la culture. Il mentionne aussi le fait que la langue est l'élément essentiel qui maintient la culture. Il parle ainsi des Gaulois qui se sont latinisés sous le despotisme des Romains et non par leur effort de communiquer avec les conquérants. Il ne s'agit pas nécessairement d'un processus innocent.


Le crachat souille la soupe, le logo l’objet, la signature la page. La
propriété se marque, comme on laisse des traces. D’où le théorème du philosophe
Michel Serres de l’Académie française dans son livre Le mal propre : « le propre
(la propriété) s’acquiert et se conserve par le sale. Mieux : le propre, c’est
le sale ».


Pour Michel Serres, « l’acte de s’approprier est issu d’une origine
animale, éthologique, corporelle, physiologique, organique, vitale… et non d’une
convention ou de quelque droit positif ».

J'ignore si le lien est valable, mais cela me fait penser au matérialisme. Alors, le lien entre notre phobie de la pollution qui nous fait ramasser tous les déchets que nous trouvons, toutes les bouteilles que nous vidons, tous les bouts de papier que nous griffons, et ce mal propre conduirait directement vers le principe de la simplicité volontaire. Plus tu récupères, plus tu gaspilles. Plus tu tentes de purifier l'univers, plus tu la pollues. Intéressant dilemme non?


11 septembre 2008

À la bastille!


Je veux chanter. Je veux voyager dans le temps et devenir Gavroche. Je veux porter les armes à Waterloo, n'importe quel côté, juste pour vivre l'histoire... Parce que présentement on qualifie les élections américaines de « One in a life time» et que la nôtre ici est censée être déterminante pour le futur de notre pays. Quelle illusion! Faut vraiment se faire ramasser à la petite cuillère pour coller à de telles balivernes.

Nous aimons à nous leurrer des petits pièges et nous vantons d'en découvrir les détours. Petits hommes de petites histoires. Nous partageons Américains que nous sommes nos espoirs pathétiques et les observons à la loupe. Nous cherchons notre fierté à appartenir à une des plus formidables civilisations terrestres. Celle-là qui a pris une immense jungle et qui l'a domestiquée. Mieux et plus grand que même Gengis Khan ou Alexandre, dépassant de loin les exploits de tous les Césars réunis, nous sommeillons doucement devant nos écrans, messagers colorés de courtes-pointes folkloriques.

Je parlais de Cortès cette semaine; de Marco Polo aussi; de Gutemberg et de Cabot. Vous imaginez-vous la superficialité de nos doutes et de nos débats. Même nos coureurs de bois, héros découvreurs de notre vaste territoire, jouent les figurants. Ils auraient d'ailleurs tous foutu le camp devant ces politicailleries. Mais c'est tout ce qui nous reste. Jouer les découvreurs de sornettes domestiques.

Je ne nie pas l'intérêt de ces gestes. Ils gardent de toute évidence une signification certaine et une importance relative pertinente. Il serait, toutefois, tellement agréable de replacer ces questionnements, de les mettre en perspective et de leur accorder la place qu'ils méritent. Cessons de grossir impunément les petits riens pour se rendre intéressant.

1 février 2008

La toile de la démocratie

Sur le site de la revue des idées, nous retrouvons cet article fort intéressant sur les effets de la Toile sur nos démocraties. Au pluriel?! Oui, puisque nous vivons dans des démocraties bien différentes. En fait, nous dirions que nos démocraties vivront sans doute une nouvelle démocratie, cette fois plus unifiée pour ne pas dire plus unitaire: celle de la mondialisation des commentaires et des paricipations sur les quelques plateformes qui sont à notre disposition.

Bonne lecture!
Conclusion

"Internet, comme les autres outils médiatiques, a été marqué par les représentations que ses concepteurs pouvaient avoir de la communication sociale et politique. Ceux-ci furent autant des innovateurs sociaux que des innovateurs techniques. Ils sentirent et expérimentèrent ces nouvelles formes de relations sociales qu’on peut appeler «individualisme connecté » et qui caractérisent aussi bien la vie privée que la vie professionnelle [44]. Cette forme sociale apparaît aussi dans les nouveaux types d’engagement militant où l’individu choisit ses modes d’intervention, mais toujours en coordination avec les autres. Internet a donc une homologie forte avec de nouvelles formes de participation et de délibération démocratiques. Certes, tous les internautes, loin de là, ne sont pas des visiteurs des sites d’information et de débat politique, néanmoins de nouveaux dispositifs d’information sont apparus, de nouvelles formes de débats se mettent en place. Malgré sa nouveauté réelle, internet reproduit certaines caractéristiques des médias précédents. L’audience est fortement concentrée sur quelques sites de référence. Ceux-ci constituent donc ce terreau d’informations communes nécessaires à notre fonctionnement social. Internet est un réseau, une toile où les différentes informations sont reliées les unes aux autres. Cette géographie des liens hypertextes est moins ouverte qu’on ne pouvait le penser. Il y a donc un risque que le web ressemble plus à un archipel qu’à une toile unique. Mais cet éclatement des sources d’information se retrouve également dans d’autres médias. En définitive, internet n’a pas en lui-même d’effet négatif sur la délibération démocratique. Il s’est en partie moulé sur les caractéristiques de notre société, mais il offre aussi de réelles opportunités pour de nouvelles formes démocratiques, multiples et réticulaires, où le citoyen ne se contente pas d’élire ses représentants, mais où il peut débattre, surveiller et évaluer leurs actions."

par Patrice Flichy [14-01-2008]