1 juillet 2010

Pétales


Au fil des saisons, les fleurs explosent. Parmi les premières, parmi les plus exubérantes, les plus mystérieuses, les pivoines. Elles poussent comme les asperges, vite et irrésistiblement; elles émergent de la boue printanière comme de vulgaires tiges à tête fripée; à peine quelques jours, les feuilles ont déjà envahi la platebande et font ombrage. Les bourgeons, billes vertes, que les fourmis parcourent, n'attendront que deux ou trois jours avant de percer. Aussitôt, le papier de soie coloré prend du soleil et embaume. Deux petites semaines, puis c'est le retour à la verdure intégrale pour le reste de la saison.

La bouteille de vin est vide. Les amis sont rentrés. La vaisselle est terminée. Les enfants sont bordés. C'est le retour dans le vaisseau spatial pour traverser la nuit. Encore une!

À qui appartient la nuit? Et si Fight Club n'était pas une fiction? Où loge le présent quand le conscient s'absente? J'ai déjà hâte de dormir pour vérifier... La pivoine refleurira-t-elle avant le printemps prochain...

29 juin 2010

Les moufettes et le trou

L'été dernier, huit moufettes prirent le chemin de la trappe; une cuillérée de beurre d'arachide les attendait puis.... clap! La porte se rabat d'un coup sec et sans appel. Embarrée, elle finit par se calmer, dormir et attendre. Le matin, au soleil, la senteur ne ment pas; un visiteur nocturne se fait prendre. Notre ami et agent de la faune est averti; il viendra faire un tour en fin d'après-midi. Il couvrira la cage d'une couverture; noussaisissons 'un côté chacun,la  déposone dans la camionnette poualibérer l’animal  dans un bois quelques kilomètres plus loin.

Les mouffettes commencèrent à se pointer de façon plus constante lorsque quelques marmottes, rats musqués et rats d'eau envahirent les environs de la maison. Des trous, quatre autour de la maison, quelques autres sur le terrain; quelques noyés dans la piscine et quelques effrontés jusque sur les patios avant et arrière. En ajoutant les mulots, les écureuils et les nombreux oiseaux, le surnom de zoo domestique devenait inévitable.

Parmi les invités,seuless quelques jeunes marmottes persistent; et les moufettes bien sûr, mais cette année une seule s'est promenée la nuit dernière; je ne l'ai pas vue, mais sentie oui! Les moufettes sont un peu paresseuses.Ellese n'aiment pas creuser alors elles envahissent les terriers des autres animaux. Ainsi, l'animal qui a patiemment creusé ses tunnelsarrivet un bon matin et trouve dans sa demeure un invité au parfum indéfendable. Il n'a d'autre choix que d'aller creuser ailleurs.

Je connais un certain nombre de moufettes. Ils entrent et sourient béatement quand on revien :: bienvenue chez vous! Et la dernière intention est bien de les suivre à l'intérieur de votre chez vous. Il faut pourtant se loger. Peut-être s'agit-il d'une gentille personne, pas du tout désagréable malgré une première impression complètement suffocante. Le courage d'y aller, le risque de rester marqér à vie par son influence...

Qui ne risque rien n'a rien. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Vive la témérité et le destin!

28 juin 2010

Girls just want to have fun...

Cindy Lauper l'a dit:
«Some boys take a beautiful girl 
And hide her away from the rest of the world 
I want to be the one to walk in the sun 
Oh girls they want to have fun 
Oh girls just want to have»
Hum...! Elles doivent être philosophes dans l'âme:
«Plutarch thought philosophy should be taught at dinner parties. It should be taught through literature, or written in letters giving advice to friends. Good philosophy does not occur in isolation; it is about friendship, inherently social and shared. The philosopher should engage in politics, and he should be busy, for he knows, as Plutarch sternly puts it, that idleness is no remedy for distress.»
Aristote, Socrate, Platon, Shopenhauer, Wittgenstein ou Pellerin, who cares really? Tout devient si horriblement sérieux de nos jours.
Les fuites, les scandales, les désastres, les gaspillages, les journalistes se chargent de nous les rappeler tous les jours. Et les rires, les hilarités comme les p'tits bonheurs qui s'en chargent? Allez continue à rire Laurence, tu nous rappelles que le vie est belle.

27 juin 2010

Fou à lier!








La folie est fascinante. Nous pourrions nous demander où nous en serions si elle ne nous avait pas accompagner dans notre périple civilisateur.  Dans son Éloge de la folie, Érasme donne vie et fabule sur ce merveilleux romantisme qui déclenche inévitablement la joie féconde sinon la gaieté gaillarde.

«Quoi que dise de moi le commun des mortels (car je n'ignore pas tout le mal qu'on entend dire de la Folie, même auprès des plus fous), c'est pourtant moi, et moi seule, qui, grâce à mon pouvoir surnaturel, répands la joie sur les dieux et les hommes. Je viens encore d'en donner la preuve éclatante ; à peine ai-je paru au milieu de cette nombreuse assemblée, pour prendre la parole, que tous les visages ont aussitôt été éclairé par la gaieté la plus nouvelle et la plus insolite; tous les fronts se sont tout de suite déridés; vous m'avez applaudi avec des rires si aimables et si joyeux que, vous qui êtes venus de partout et tels que je vous vois, vous m'avez l'air ivre du nectar des dieux d'Homère mélé de népenthès, alors qu'il y a un instant vous étiez sur vos sièges aussi sombres et soucieux que si vous veniez de sortir de l'antre de Trophonius. Mais quand le soleil montre son beau visage d'or à la Terre, quand après un rude hiver le printemps nouveau souffle ses caressants zéphyrs, aussitôt toutes choses prennent figure nouvelle, nouvelle couleur et vraie jeunesse; de même dès que vous m'aviez vu votre physionomie s'est transformée. Et ainsi ce que des orateurs d'ailleurs considérables peuvent à peine obtenir par un grand discours longuement préparé, je veux dire chasser de l'âme les soucis importuns, je n'ai eu qu'a me montrer pour y parvenir.»
  • Népenthès: Herbe miraculeuse et euphorisante.
  • Trophonius: Meurtrier de son frère. Se trouve dans son antre un oracle qu'on ne peut écouter sans être malheureux toute sa vie.

Le bonheur recherche la folie. Ne devrait-on pas vider les sanatoriums?

26 juin 2010

Sans début comment finir?

Je cherchais une raison d'écrire. Depuis hier... Je voulais taper quelques lignes sur mon blogue, mais sur quoi? Hier soir quand j'ai fermé mon Mac, les yeux brouillés de trop de vin, la tête engourdie de trop de conversation avec des amis, j'ai abandonné.

Ce matin, ça m'a repris. J'ai ouvert New York Times après que Cyberpresse n'ait rien eu d'autre que du placotage sauf une ou deux chroniques. Sur le NYTimes, je trouve toutes sortes de choses intéressantes. Y fouiner est un réflexe; c'est américain, bien sûr; mais c'est si riche... n'est-ce pas?

Bon, eh bien j'ai trouvé : Borges, le monstre. J'ai lu quelques-unes de ses nouvelles. Son espagnol sud-américain chasse le classique comme Cervantes les moulins. Ses histoires suivent des labyrinthes étranges et aussi complexes que son érudition :

«Think of it this way: there is a vast unwritten book that the heart reacts to, that it races and skips in response to, that it believes in. But it’s the heart’s belief in that vast unwritten book that brought the book into existence; what appears to be exclusively a response (the heart responding to the book) is, in fact, also a conjuring (the heart inventing the book to which it so desperately wishes to respond). »
Fascinant, non? On réagit à une absence en lisant une non-entité. Pour un individu qui a lu autant que Borges, il y a de quoi s'inquiéter. Ou alors, c'est comme Dom Juan qui cherche la femme en virevoltant de vagin en vagin sans jamais réussir sa quête : un peu de masturbation pourrait le soulager plus efficacement... et pour Borges, un peu de distance d'avec sa mère! On ne trouve plus à force de trop chercher... ou de ne pas se décider! C'est à voir.


« Which brings us back to worship. If serial rereading is one way to define worship, then one of Borges’s most revered gods was Robert Louis Stevenson. This even though in Borges’s time, Stevenson’s work was basically considered kid stuff. The first seven editions of the Norton Anthology of English Literature do not deign to include Stevenson, though he finally surfaces in the eighth edition, published in 2006. Borges not only commented on books that didn’t exist. He read books — pulpy and arcane alike — that few others bothered to see.
The Stevenson book Borges revisited most often was “The Wrecker,” a relatively obscure novel that Stevenson wrote with his stepson. Published in 1892, “The Wrecker” is a story of high seas adventure, high stakes speculation and high interest loans; it’s part mystery novel, part adventure novel, part mock Künstlerroman. The title refers to the practice of auctioning off the remains of wrecked ships along with any recoverable cargo, which is, yes, an irresistibly resonant metaphor for neglected books. »
 Mais oui! Lire pour pouvoir répondre, même inadéquatement, même partiellement, même en désespoir de cause : pour se convaincre que notre lecture apporte quelque chose de plus que notre simple plaisir. Les nuages croisent le ciel au nord, les navires au sud; je suis au centre et observe passivement. L'un des courants va vers l'ouest, l'autre vers l'est. Si j'étais dans le golfe du Mexique, j'étoufferais en attendant impatiemment la colère d'Alex.

Je m'en vais finir Zola...

24 juin 2010

Vulnérabilité

Doubt avec Streep et Hoffman : un film sur l'honnêteté, sur la manipulation? Sur le doute de quoi au juste? Dédié à Soeur James Marie qui est l'instrument de la découverte de la relation du prêtre et de l'étudiant; ça ne règle rien. La vie est un labyrinthe.

En 1964 et jusqu'en 1969, j'étudiai dans un Séminaire où je reçus une éducation dont je n'ai jamais rencontré l'équivalent même après 35 ans à l'intérieur du monde de l'éducation. Ce parcours, aujourd'hui, m'apparaît comme la plus dangereuse course à obstacles jamais imaginée. Nous avions tous de conseilleurs spirituels; nous les rencontrions régulièrement à leur chambre-bureau. Je me rappelle les invitations d'un abbé à aller à son chalet avec d'autres élèves; ils nous prenaient en photos, photos bien naïves, qu'il montrait par la suite à ses amis. On ramassait un peu de feuilles sur son terrain; on pique-niquait puis on faisait du kayak sur le fleuve. Un peu tout le monde avait son abbé préféré : pour se chamailler à la cafétéria; pour raconter quelque aventure de fin de semaine; pour montrer une réalisation artistique. À l'époque, naïf ou simplet, je ne me souviens d'aucune relation malsaine, d'aucun événement répréhensible entre un de ces membres du clergé et des élèves. Et pourtant...

J'apprends année après année des histoires désolantes : un responsable des scouts qui terminait ses soirées en compagnie; un maître de salle, recruteur pour un réseau de prostitution; tel autre prêtre, à l'insu de tous, à l'affût d'une proie facile.

Et ce film qui vient tout faire basculer. Comme si le pendule n'avait rien d'autre à nous apprendre que le retour vers l'autre pôle. Est-ce que ce prêtre sert Dieu et son apostolat en aimant ces jeunes? Posez la question donne le frisson. Imaginez ces mains, supposément sacrées, sur ces corps pré, ou à peine pubères... Existe-t-il une pédophilie religieuse et une autre damnée? Les amants sont-ils juges et parties? Le sacerdoce révoque dans la pratique de sa religion le respect de soi, soit, révoque-t-il aussi le respect de l'hymen?

Une partie de la réponse réside certainement dans la vulnérabilité de l'un et l'autre des deux partenaires. En faisant abstraction de l'abject d'un réseau de prostitution, et même là pourrions-nous considérer l'appât du gain comme facteur justificateur, la consommation de la relation devrait nécessairement apporter consciemment ou inconsciemment un certain niveau de satisfaction mutuelle. Les forts s'en tirent, les faibles fléchissent.

Pauvre église coincée entre le bien et la satisfaction... entre les souhaits et le bonheur... entre l'âme et le corps!

23 juin 2010

Bouche cousue

Le général McChristal devait se méfier de son franc-parler. Ne le devons pas tous; en tout cas ceux qui en ont, un de ses malheurs fut de se confier à une foutue commère du Rolling Stones. Mais ce dernier ne sera pas congédié, même pas réprimander, il sera glorifié et en voie vers une promotion sans doute pour avoir fait preuve du professionnalisme tordu dont les journalistes actuels se servent pour grimper l'échelle. Les singes!


Je ne peux m'empêcher de penser au colonel Nathan R. Jessep dans Few Good Men en 1992, rôle joué par Jack Nicholson et pour lequel il recevra une nomination aux Oscars. « You can't handle the truth » dit-il au jeune pubère qui lui fait la leçon en cour martiale. L'autorité vole bas aujourd'hui; aussi bas que la réalité et la franchise. Le corbeau se régale des cadavres professionnels de plus en plus nombreux; les vautours sont repus et n'ont même plus à se battre avec les hyènes pour leurs repas tellement les restes jonchent les sols à la grandeur de la planète. Nous avons le front de nous plaindre des comportements frondeurs de la jeune génération. Nous demandons-nous quelquefois si nos comportements ne les dirigent pas directement vers ces indisciplines récurrentes? Pour eux aussi d'ailleurs nous inventons toutes sortes de succédanés à cette autorité que nous détruisons si systématiquement que nous refusons de prendre à notre charge ses conséquences. Personne n'assume; personne ne se tient debout; tous, nous fuyons vers les placebos.


Il faut espérer. La liberté de presse aura peut-être raison de cette boue médiatique qui afflige le monde des communications actuelles.



22 juin 2010

La plus belle pour aller mourir

En cherchant un endroit paisible, on trouve parfois des temps morts. Ils nous font creuser le présent et découvrir des instants que nous pensions perdus. Mais ils existent encore.

Alain, Gilles et moi dans la ruelle de la rue Haut-Boc à jouer aux matamores. Pour moi, ce n'était qu'un jeu; cela ne durait jamais plus qu'un après-midi; pour eux, c'était la vie. Tous les jours, pendant que je déambulais dans ma banlieue, ils vivaient plus qu'ils ne jouaient dans ce centre-ville sale et malsain. Je suis resté le peureux qui s'est bardé de diplôme, ils sont devenus ivrognes. Ils se sont détruits.

Ainsi va la vie. Sans pardon devant la faiblesse. Dans son livre superbe « Choisir la liberté », Fernando Savater affirme que ce ne sont ni les instincts ni notre patrimoine génétique, mais notre capacité à décider et à inventer des actions à même de transformer la réalité et de nous transformer qui décidera de notre destin. Il considère que notre société étouffe l'individu sous une masse de mesures déresponsabilisantes. Ce n'est plus l'individu qui creuse dans un endroit paisible, c'est l'état systémique qui creuse pour lui et lui offre les solutions; solutions qui consistent habituellement à établir des pathologies de toutes sortes en offrant le remède dont lui seul à la recette.

Mourons avec la certitude que nous creusons nous-mêmes.

21 juin 2010

Les occasions

Les saisir. Les échapper. Les exploiter. Je vais aller vérifier mon dictionnaire des occurrences. Des tonnes attendent ces occasions. Le titre fait le lien avec le Festival Shakespeare & Co. Le célèbre festival littéraire anglophone sis à côté du parvis de Notre-Dame. Le titre me fait sourire : il provient d'une librairie fameuse et notoire pour la gent littéraire. George, le proprio, partage, semble-t-il, la même génétique que Monsieur Tranquille et sa librairie montréalaise. Les mots peuvent devenir terriblement impressionnants parfois.

« "Une utopie socialiste qui se fait passer pour une librairie"… Ainsi George Whitman décrit-il de manière à la fois sérieuse et amusée le labyrinthe de livres qu'est Shakespeare & Company. Fondée en 1951 et ouverte tous les jours de l'année, la librairie, mais aussi la bibliothèque au premier étage et l'appartement de George dans le même immeuble – tous remplis à ras bords de livres les plus divers –, sont le cadeau de ce bibliophile idéaliste et passionné à l'honnête homme cherchant un refuge où nourrir sa pensée. »
 Un peu ironique de baptiser ce lieu sacré du nom du dramaturge britannique qui fut peut-être un prête-nom, un peu comme l'est peut-être Molière. Ils étaient tous deux des capteurs d'occasions, des membres de compagnies.

« Les librairies, pour George, sont un acte politique. Que ce soit par la diversité des titres qu'elles diffusent, par leur soutien aux auteurs et aux petits éditeurs, ou encore par les communautés de lecteurs qu'elles font exister, les librairies indépendantes ont de par leur existence même une fonction de liant social. En France, contrairement aux pays anglo-saxons, la loi sur le prix unique du livre a permis aux librairies indépendantes de survivre et de se développer. Elles n'ont jamais été aussi nécessaires qu'aujourd'hui. Dans nos vies de plus en plus intensément façonnées par Internet, les réseaux sociaux virtuels et les nouvelles manières de lire, la librairie peut se vivre comme le lieu d'un engagement : un engagement pour la lenteur, une passion simple pour ce qui est enraciné, réel, palpable. »
 Bien dit! Shakespeare et Molière se chargèrent d'une vision sociale qui modifia celle de toute une civilisation. Leurs mots résonnaient dans les amphithéâtres comme autant de livres sur des rayons. Alors, la source des mots importe assez peu; dans la mesure où ce sont eux qui ont dirigé les voix, les ont proclamé aux citoyens. L'occasion était belle et ils l'ont saisie.

« Le thème de cette année est “Politique et Fiction”... Le terme 'politique' pourrait se définir simplement comme une suite de récits qui s'interpénètrent pour définir nos idées et nos croyances. Le remarquable dernier ouvrage de Philip Pullman, The Good Man Jesus and the Scoundrel Christ, en offre une démonstration parfaite, en détachant l'histoire de Jésus de la façon dont elle a été contée – changée – par ceux qui, venant après lui, ont voulu utiliser cette histoire à leurs propres fins. Il montre comment un homme de paix est changé en icône de pouvoir : l'essence de la politique. »
 En refermant leurs textes dans des manifestations publiques, les dramaturges s'assurent d'une relative fidélité à leur verbe; Jésus et ses sermons n'avaient pas cette même assurance. Il demeure, toutefois, indéniable que les deux types de paroles gardent un impact certain sur leur société et toutes les autres suivantes.

20 juin 2010

Le ventre de Warwick

Les anges se cachent partout. Ils fondent leur présence dans le réel secrètement, voire sournoisement.

Au festival des produits du terroir de Warwick, je n'ai vu aucun ange; aucun symptôme, même pas la plus subtile vibration. De fromage en fromage, de cidre en liqueur, de chocolat en miel, le néant total : pas d'ange ici. Les quelques enfants présents gambadent à gauche et à droite; ils tricotent parmi les comptoirs en réclamant des victuailles. Les adultes endimanchent leur conduite : tout sourire et politesse. Dieu que les gens de la Rive-Sud sont plaisants. Ils en sont beaux.
— Venez goûter mon bleu, mon chèvre, mon hydromel...
Le rustre bâtiment de béton bête prend des allures marché médiéval; les visiteurs deviennent des serfs en liberté dans une fête seigneuriale.
— dix coupons pour 5 $!
Allez donc, un autre pour la route. Tout est gustatif.
Les nuages se sont dissipés. Les enfants s'enfoncent dans leur sieste. L'estomac est lourd, les yeux le sont aussi. Quarante minutes de la maison...
— Toujours pas d'ange?
— Non, que des feu follets...

Bafoué, exploité, génial

Qu'André Mathieu meurt dans l'oubli, que le film qu'on fait de sa vie subisse des commentaires désapprobateurs, n'affirme que la traditionnelle petitesse de cette petite population de petite nation.

L'insouciance des sociétés pour ses précurseurs est notoire. La populace n'aime pas trop les hors-normes. Ils parlent trop fort. Peu importe le sadisme subi de leur vivant, leur voix peut rendre sourd après leur mort. Surdité accompagnée de terrible remords.

Dans le cas de Mathieu, leurs rumeurs veulent que le père modulât la production de son fils grâce à des portions de cognac. Alcoolique dès un très jeune âge, le pianiste génial, hallucinait sa vie et son oeuvre. On ne l'appelait pas le Mozart canadien pour rien; ils connaissaient tous les deux les affres de l'ambition paternelle. Le génie rencontre souvent la torture et quand elle ne vient pas de l'extérieur, elle vient de l'intérieur.

Le présent calcule mal ses sauveurs. Il les guillotine avant et les reconnaît après. On pense réparer; on veut se corriger; on ne change jamais; on veut garder son présent à soi; on justifie la condamnation pour outrage à la conformité. Il n'y a que les monstres pour pleurer les monstres. La belle et la bête, ce n'est qu'un conte évidemment. Il faut bien admettre que la reconnaissance de quelque génie que ce soit pendant leur vivant n'est guère romantique; quelle tare! J'ai découvert l'uranium. J'ai illustré la relativité. J'ai inventé le moteur à explosion. J'ai écrit Les Planètes. Le catalogue des illustres rivalise avec l'annuaire téléphonique de Toronto : les blanches et les jaunes! Mais où est le romantisme? Où est leur alcoolisme toxicomane? Où est leur paranoïa schizophrénique? Où est leur bipolarité maniaco-dépressive? Où sont leurs vices? Nulle part! Ils rentrent le soir à la maison pour bouffer leur souper et jouer un peu avec les enfants avant de les mettre au lit... Et ne pas se coucher trop tard, car il faut retourner au laboratoire demain matin. Pas de Pathos! Que de la vie et de fascinantes découvertes, rarement, mais parfois justement, remarquées et récompensées par un Nobel.

Finalement, nous ne sommes pas si mauvais avec nos prophètes. Nous sommes juste romantiques : on aime bien pleurer un peu...

18 juin 2010

Zola impérial

Je lis toujours Zola. Je poursuis les Rougon-Macquart jusque dans leurs retranchements. Très lentement... Ce sixième volume après deux ans, pas de lièvre du tout, mais de la tortue pur sang. Pourtant, cette progression me plaît. J'aime goûter calmement ces longs couloirs descriptifs. Zola joue avec notre patience; les quelques interrogations sur le déroulement maintiennent bien mal l'intérêt; il faut cultiver la curiosité de cette société de la fin du XIXe pour sourire à tous ces longs paragraphes de textes tassés.

« Son Excellence Eugène Rougon nous enveloppe de ce luxe impérial d'une France à cheval entre le royalisme et la république : 
D'ordinaire, il trouait piquant de faire causer le jeune député. Il savait par lui tout ce qui se passait aux Tuileries. Persuadé, ce soir-là, qu'on l'envoyait pour connaître son opinion sur le triomphe des candidatures officielles, il réussit, sans hasarder une seule phrase digne d'être répétée, à tirer de lui une foule de renseignements. Il commença par le complimenter de sa réélection. Puis, de son air bonhomme, il entretint la conversation par de simples hochements de tête. L'autre, charmé de tenir la parole, ne s'arrêta plus. La cour était dans la joie. L"empereur avait appris le résultat des élections à Plombières; on racontait qu'à la réception de la dépêche, il s'était assis, les jambes coupées par l'émotion. Cependant, une grosse inquiétude dominait toute cette victoire : Paris venait de voter en monstre d'ingratitude.
“Bah! on musellera Paris”, murmura Rougon, qui étouffa un nouveau bâillement... »
 Je ne bâille jamais à suivre Eugène Rougon. Il me fait trop penser aux politiciens actuels. L'empereur existe; le jeune député existe aussi; et Rougon? Mais oui, il est là aussi. Voilà l'extraordinaire puissance d'Émile Zola : la pérennité.



17 juin 2010

En vélo

Une petite ballade d'une trentaine de kilomètres cet après-midi. Une bonne brise et quelques côtes pour me rappeler l'utilité du dérailleur. Sur la route, lorsque la piste cyclable disparaît, les automobilistes me respectent; je m'en sens coupable de griller un feu rouge. Curieuse bête le respect. Ce matin, à l'angle Saint-Olivier et Des Forges, aux lumières, un conducteur attend patiemment que la voiture en avant de lui laisse assez de place pour qu'il puisse avancer tout en dégageant l'intersection; un hurluberlu Néandertal, pris d'impatience, vient le doubler pour venir totalement obstruer le passage. J'ai croisé les antipodes : le respect et l'imbécilité. Comme le soleil et l'ombre, l'un ne peut exister sans l'autre.

Je vis, par choix et selon ma volonté du moment, sur les deux versants de ma vie : le public et le solitaire; le bon et le cruel; l'homme et le père. À la suite de la lecture du blogue « Frontal Cortex », je pourrais même ajouter, le lobe frontal et le rachidien. C'est peut-être l'âge, c'est peut-être la vie, ce sont sans doute les deux, je peux sortir d'une vie pour entrer dans une autre. Je suis le cycliste en quête de marginalité et l'automobiliste continuellement à la merci d'une rage soit mineure soit majeure. Cette situation est tout particulièrement vraie avec ma jeune Emma dont les sautes d'humeur, les « flashs floods » ne cessent de mettre mon cerveau en ébullition pour, quelques instants plus tard, offrir quelques orchidées d'un parfum tout aussi séducteur qu'éphémère.

La vie en séquence.

16 décembre 2009

Entre le temps et l'hésitation...

Schwarz-Bart vécut ce drame terrible de la reconnaissance immédiate. Le poids s'avère trop lourd; la responsabilité trop contraigante. Il veut guérir; le vaccin offert à la première heure le transforme en ermite. «C’est un écrivain à qui il est arrivé un grand malheur : il a fait ses débuts avec un chef d’œuvre.»

Encore monsieur Assouline qui nous invite à retourner dans la mémoire, puisque «tous avancent dans la lumière de leur vérité secrète».

À lire absolument.


3 novembre 2009

La faune domiciliare




Que j'aime ce lieu pastoral!

Quelques marmottes qui font le bonheur de mes jeunes filles — le beau toutou qui bouge; trois familles de rats musqués qui rôdent autour de la piscine; des écureuils trop nombreux pour le compter qui grimpent sur le mur de stucco et les moustiquaires en nous regardant effrontément; huit mouffettes, bien comptées, attrapées dans les cages, dont deux ensemble la semaine dernière; bien sûr les chats; évidemment les nombreux oiseaux qui viennent se nourrir aux mangeoires; les quelques familles de souris des champs qui gambadent dans le plafond du sous-sol malgré les sacs de moulée empoisonnée et les quelque douze trappes enfromagées dispersées un peu partout. Il y a aussi la faune à peine civilisée qui orbite dans les chambres de l'hôtel, gagne-pain de ma conjointe, mais on y reviendra...

La vie sur le bord du fleuve n'en demeure pas moins idyllique. Les arbres de marais, la coulée à l'eau brunâtre et huileuse, bourrée de résidus huileux et nauséabond fruit de puisards qui rejettent directement leurs eaux; la berge marécageuse immédiatement à côté du pont qui sent le canard et l'algue poisseuse; et ce pont, mais oui ce fameux pont, qui charrie ces points lourds aux freins Jacob, tonitruant les oreilles en faisant vibrer la maison comme autant de tremblements de terre au cliquetis de tout objet plus ou moins bien fixé sur son socle.

Ah! divin lieu pastoral! Jamais le Lac de Lamartine n'aurait semé les larmes que mon fleuve et sa faune ne m'extirpent chaque nuit de tintamarre symphonique.

23 octobre 2009

Le précurseur







Le texte qui suit est cité de la revue Sciences Humaines, octobre 2007, n°186, page 46.

Paul Otlet (1868-1944). Il avait rêvé Internet






Jean-François Dortier
L’homme qui voulait classer le monde est le beau titre de la biographie consacré à Paul Otlet (1868-1944) (1). Ce juriste belge fut un visionnaire, porté par un grand rêve. Les documentalistes le connaissent pour avoir inventé la CDU (Classification décimale universelle). Mais son projet était plus vaste : classer tous les savoirs du monde – livres, articles, photographies… – dans un lieu unique et centralisé. Avec le soutien du roi des Belges, le Mundaneum voit le jour au début des années 1920. Là des équipes classent, répertorient, rédigent des notices avec le but affiché de contribuer au progrès de l’intelligence en classant tout le savoir humain. Le temps passant, le projet prend de l’ampleur. P. Otlet rêve de construire une « cité mondiale » où seraient rassemblés tous les savoirs du monde, et dont Le Corbusier dessinera même des plans et maquettes.
En 1934, P. Otlet imagine dans un texte prémonitoire ce que sera Internet : « Ici, la table de travail ne serait plus chargée d’aucun livre. À leur place se dresse un écran et à portée un téléphone. Là-bas au loin, dans un édifice immense, sont tous les livres et tous les renseignements… De là, on fait apparaître sur l’écran la page à lire pour connaître la réponse aux questions posées par téléphone, avec ou sans fil. (…) Utopie aujourd’hui, parce qu’elle n’existe encore nulle part, mais elle pourrait bien devenir la réalité pourvu que se perfectionnent encore nos méthodes et notre instrumentation. »
Mais à partir des années qui suivent, P. Otlet perd peu à peu ses soutiens. Finalement le Mondaneum ferme au début des années 1930 et ses collections sont dispersées. Il ne désarme pas, continue de noircir ses carnets de nouveaux projets. En 1934, il publie son Traité de documentation, considéré comme l’ouvrage de base de la documentation moderne. Malgré une reconnaissance internationale, l’aspect utopique de ses projets l’isole de plus en plus… Devenu aveugle à la fin de sa vie, P. Otlet meurt en 1944. Son œuvre sombre dans l’oubli.
Depuis peu, on redécouvre P. Otlet. Il fut non seulement l’inventeur de la documentation moderne mais il avait imaginé Internet, le Web et même Wikipedia bien avant l’heure. Un film et une biographie lui ont été consacrés en 2006.

NOTE

Françoise Levie, L’homme qui voulait classer le monde. Paul Otlet et le Mundaneum,Les Impressions nouvelles, 2006.






Nous soulageons notre ignorance avec de galantes et polies expressions qui deviennent des proverbes. Nous tétanisons nos craintes par de tournures langagières habiles. De tout temps, la marge ne cultive jamais que la solitude et l'incompréhension. Il en est bien ainsi, car le solitaire se régale de l'abandon ambiant. Il s'en masturbe; c'est sa joie, sa drogue. Tel le poète qui se replie sur son texte; l'écrivain qui met fin à ses jours juste après sa dernière conclusion, il n'est jamais que la brique qui tombera du mur avant les autres, que la dernière feuille à s'accrocher au lierre. Je lisais dernièrement un article au sujet de Geoff Powter et de son héros, Conrad Kain dans le Canadian Geography: ce célèbre alpiniste canadien, amant des Rocheuses, décida d'escalader seul le Bugaboo Spire. Seul; en solitaire; suivant le chemin. Powter se lance donc à l'attaque; bientôt, au tiers de l'escalade, il doit renoncer et rentrer à cause de la détérioration de la température. Deux poids, deux mesures : Otlet s'est fait voler définitivement son rêve par la maladie; Powter, par les éléments.

Les défis sont nués comme les gants à l'époque des duels. Le courage de les relever est bouteille à la mer. Et encore faudrait-il faire la part des choses entre courage et aveuglement.

Finalement, montagne ou communication, c'est toujours Sisyphe qui se balance.






22 octobre 2009

Vous dites... cul?

Je suis jaloux. Ouf! Voilà! Je n'aimerais pas exhiber mon encrier à quelque autre plume quelle qu'elle soit.

Agnès Giard de Libération active les testostérones avec son blogue Les 400 culs. Le titre sur lequel nous nous arrêtons reprend une expression fort populaire: Montre-moi ta femme, je te dirai qui tu es!

«Pour vivre heureux, il y a ceux qui préfèrent se cacher. Et puis il y a les autres qui ne conçoivent le bonheur que dans l’idée du partage, y compris érotique: ils exhibent leur conjoint(e). Parfois même ils le/la prêtent.»

Roi-candaule

On parle bien sûr de liberté de part et d'autre. Giard dévie tout le long de son article vers l'absence de droit des femmes voilées ou non. L'homme prête; il justifie ses gestes; il philosophe même sur ses vertus de partage ignorant les sentiments de sa femme.

Preuve que le voile ou l'isolement n'est qu'une partie du problème. Un peu comme la violence psychologique que l'on aime ignorer, que l'on ne s'avoue jamais, la violence physique a mille et unes facettes.

Bonne lecture.

9 septembre 2009

L'instant écrit

_ + = plate à mort ou l'infini...

: # = bouche cousue ou herpès buccal

à + = (accent facultatif) à plus tard ou à plusieurs

Langage de cafetière. Ignorance crasse. Paresse congénitale.

Parlons. Lisons.

Clive Thompson on the New Literacy survole notre écriture; celle de nos étudiants aussi.

À l'heure où notre ministre de l'éducation annonce un énième plan pour contrer le décrochage, les enfants, les adolescents, les adultes, ma foi, toute la population mondiale de toute la terre écrit à en perdre la tête. Vous êtes-vous déjà arrêté à réellement penser à la masse infinie et aussi incalculable que les déficits budgétaires de nos gouvernants produite quotidiennement. Combien d'amis avez-vous sur Facebook? Combien de conneries avez-vous lues ou écrites sur votre ou tout autre blogue? Combien de suiveux ou de suivants comptez-vous sur Twitter? Ce ne sont que quelques-unes des multiples interfaces disponibles. Ne parlons pas des courriels, des copies conformes, des listes, des groupes, des copies masquées et autres manigances pour rejoindre des humanoïdes bipèdes dans un certain espoir d'évangélisation. On tuerait pour communiquer. Une bonne proportion de l'humanité placote abondamment sur la Toile : Toile? Web! On ne croyait pas si bien dire; on en est tous là : sur et dans la toile et l'araignée s'empiffre goulument... Mium mium mium... L'écrit est « Paramount ». Hors contrôle. Libéré. Free as a bird!

Qui va pouvoir gérer cette formidable créativité? Personne! Trop tard! Le monde a pris le contrôle de l'écrit. On lui a coupé la parole en le gorgeant d'images télé. On lui a coupé la parole en lui rappelant constamment qu'il n'avait rien de vraiment intéressant à dire : va jouer au soccer; mets tes écouteurs; pratique ton Lost Invaders; Wii Wii! À l'école, on le parque quelques instants entre les journées pédagogiques et les visites aux mille et un médecins de l'âme et des pieds. Depuis quelques années, les maladies et troubles de déficience de toutes sortes fusent de toute part : hyperactivité, dyslexie, alexie... et le Survenant! Il faut punir sévèrement toute tentative de rédiger des SMS en classe : mais pourquoi veut-il tant écrire le p'tit monstre? Écris ce que je veux ou Slam! CONSÉQUENCE! Nouveau mot, nouvel euphémisme pour Ta créativité, Tes initiatives, Tes goûts du risque, faut les tuer dans l'oeuf de la routine de Ma société, de Mes règles, de Mes réponses : de MON AUTORITÉ! Paramount!

«We think of writing as either good or bad. What today's young people know is that knowing who you're writing for and why you're writing might be the most crucial factor of all.»

Il faut alors insister sur le personnage qui va le lire. Il peut écrire pour son professeur. N'importe lequel. Il va satisfaire madame Leclerc et monsieur Lassonde; les plus vites vont même démontrer tous les efforts nécessaires pour connaître les replis un peu véreux de monsieur Lafleur pour les petites confidences personnelles « en toute intimité » assaisonnées de quelques moues voire quelques larmes; pour madame Caron, il faudra un peu de Cavac, de féminisme et de cheveux dans le vent sur ma montagne sauvage de liberté souriante; pour monsieur Pépin, il s'agira de quelques modifications bien éparpillées d'un obscur site d'autant plus ravissant que personne n'en a jamais encore parlé. Oui, bien beau, mais le ministère c'est qui? Au cours de mes années d'enseignement, j'ai rencontré plusieurs étudiants qui ont joué habillement avec le concept de l'Épreuve finale en identifiant les standards primitifs auxquels la horde de correcteurs ministérieux obéit : ils se sont retrouvés avec des résultats surprenants; des A, des B. Les plus inquiets et même assez régulièrement les plus créatifs croupissent et se complexent d'incompréhension devant leur C, pire leur D, et si d'aventure ils ont porté le zèle jusqu'à élaborer quelque chose d'intelligent, de vraiment intelligent, d'original, de fondateur, ma foi, ils ont probablement perdu le zélote qui ne sait plus où donner de la cote...

À titre gracieux, voici donc le portrait du correcteur type et je vous souhaite à tous une bien bonne journée:

3 septembre 2009

Faux jetons

Les feuilles du marronnier sèchent. Elles brunissent de dépit. Le chêne luit et brille et va et vient dans la brise, ne peut croire à sa chance. L'été fout le camp; l'automne arrive la nuit et conquiert le jour. Le jardinier, avec qui j'étudiais le comportement de nos plates-bandes, remarquait que certaines variétés de plantes reprenaient déjà le cycle du printemps avec des bourgeons neufs; les cannas d'ailleurs après avoir attendu le soleil et ne le trouvant qu'en début septembre exposent leurs fleurs à la merci des nuits fraîches : il faut les voir le matin arborer tristement un léger brun-tabac avant de reprendre quelques teintes rosées rouges en après-midi sous le soleil de plomb. À la fenêtre, les oiseaux s'empiffrent aux mangeoires ; écureuils et tamias se gorgent de grain entre deux voyages de cocottes de pins à leur nid. Rien n'y échappe après le brun le blanc.

«Sun and moon, sun and moon, time goes. In Mrs Smith's acres, crocuses break the crust Daffodils and narcissi unpack their trumpets. The reviving grass harbors violets, and the lawn is suddenly coarse with dandelions and broad-leaved weeds. Invisible rivulets running brokenly make the low land of the estate sing. The flowerbeds, bordered with bricks buried diagonally, are pierced by dull red spikes that will be pionies, and the earth itself, scumbled, stone-flecked, horny, raggedly patched with damp and dry, looks like the oldest and smells like the newest thing under Heaven. The shaggy golden suds of blooming forsythia glow through the smoke that fogs the garden while Rabbit burns rakings if crumpled stalks, perished grass, oak leaves shed in the sark privacy of winter, and rosebush prunings that cling together in infurating ankle-clawing clumps. These brush piles, ignited soon after he arrives, crusty-eyed and tasting coffee, in the midst of the webs of dew, are still damply smoldering when he leaves, making ghosts in the night behind him as his footsteps crunch on the spalls of the Smith driveway. All the way back to Brewer in the bus he smells the warm ashes.» (Updike, Rabbit run, page 117)

Rabbit doit gagner sa vie. Fuir la réalité comporte un prix. Il découvre la vieille veuve et son jardin. Il semble renaître sous les cendres du vieil automne parmi les chaleurs colorées du jeune printemps : fuir et sa récompense.

Le poète allemand Goethe dans son livre La Morphologie des plantes argue que toutes les plantes, incluant leurs fleurs, ne sont que des feuilles. C'est depuis peu aussi l'avis des généticiens botaniques qui ont découvert que la surprenante invasion des fleurs dans la nature alors qu'elles étaient, pratiquement, absentes durant plusieurs centaines de milliers d'années proviendrait de leur dédoublement cellulaire bisexuel.

Rabbit perd pied. Il sort de son terrier pour courir, mais revient rapidement : il a peur; il a besoin de chaleur. Il va faire des feux chez madame Smith; il brûle le vieux. Il couche avec Ruth; il veut revoir des couleurs. Il passe du simple au complexe. Il refuse la routine; il marche vers le printemps. Rabbit est la métonymie de l'évolution ou alors la synecdoque de sa société : Américaine d'après-guerre, simpliste et abrutissante. Updike en sort la fleur, mais c'est une fleur d'ortie. L'éclosion colle la réalité : c'est une fleur de macadam!


27 août 2009

Le jeu et la littérature


Le goût de reprendre une avenue introduite par un bon ami me vient ce matin : le jeu virtuel dans la formation académique.

Ma formation littéraire me mène instinctivement vers le jeu que représente l'analyse de texte. J'envie les professeurs de sciences qui ne s'ingénient pas trop longtemps pour motiver la horde de leurs ouailles qui luttent férocement pour atteindre des performances dignes d'une rutilante cote R et d'un droit d'entrée dans des secteurs d'élite qui leur amèneront argent et reconnaissance. Attention, je connais certains professeurs de sciences qui, en véritables pédagogues se lanceront des défis superbes en introduisant des méthodes toujours plus originales pour présenter des concepts en évolution continue : confrères, quel baume de voir vos efforts, vos projets, couronnés par des mines attentives, curieuses et avides de se rendre au bout du défi, au bout du contrat. Malheureusement, outre ma personnalité, mon charisme et ma profonde affection pour eux, je ne rencontre, après plus de trente années dans le secteur, que des succès mitigés et souvent réducteurs : la littérature officielle, le roman, la poésie, le théâtre et dans un moindre impact l'essai, ne soulèvent à peu près jamais de passion. Les multiples contorsions pour séduire fonctionnent habituellement, mais ne développent que très rarement une onde qui perdure au-delà de quelques semaines.

La question que je me pose est la suivante : comment développer chez les étudiants en technique, toutes techniques confondues, le sens du défi qui suscite la curiosité et la volonté de fouiller avec enthousiasme le monde de la littérature?

Je débute cette brève réflexion avec une citation de Maurice-Jean Lefebve, théoricien littéraire français, prise dans son livre Structure du discours de la poésie et du récit aux pages 92, 93 et 94 :

« Le terme d'image est vague, il recouvre des réalités diverses : représentation mentale, imitation picturale, décalque, copie, figure de style en général ou plus particulièrement métaphore. Disons d'abord que, par image, nous entendrons toujours image fascinante, c'est-à-dire un phénomène qui, nous le savons, entraîne l'interrogation sur la Réalité. La présentification. [...] La vie pratique ne distingue entre réel et irréel que pour les besoins de son action. Ou plutôt, elle accepte également le réel et l'irréel à la condition de ne pas risquer de les confondre. Alors une représentation mentale lui est aussi utile qu'une perception. [...] Ainsi, ce que le conducteur d'une voiture voit dans son rétroviseur devrait conduire à la catastrophe. Il y puise pourtant des renseignements vrais qui guident son action. [...]

L'image fascinante consiste donc dans le phénomène par lequel l'objet de notre conscience, quel qu'il soit, se voit soudain mis en doute dans sa réalité et sa présence. Je dis : “l'objet de notre conscience» parce que deux cas sont ici possibles. Ou bien c'est la réalité de l'objet de notre perception qui, à la suite de quelque circonstance, nous apparaît soudain comme douteux et glisse vers l'irréel; ou bien c'est l'objet de notre imagination (une représentation d'abord purement mentale, un souvenir ou un rêve) qui semble tout à coup acquérir une consistance «réelle», qui glisse, dans un mouvement contraire, vers la matérialité. Dans les deux cas, il y a donc ambiguïté, incertitude, doute portant sur la véritable réalité (ou irréalité) de l'objet. Il s'ensuit que cette réalité mise en péril et en quelque sorte vacillante, braque notre attention sur elle et nous amène à formuler la question à partir de laquelle, comme nous l'avons vu, se prononce la Réalité esthétique. [...]

Le phénomène fascinant, dans la vie quotidienne, est souvent dû au fait que deux sensations qui nous viennent du même objet et qui à l'ordinaire coïncident, se trouvent soudain décalées l'une par rapport à l'autre, cette simple perturbation de notre perception suffit à en mettre en cause la réalité. Ainsi d'un spectacle contemplé de loin et dont les bruits qui nous parviennent sont en retard sur nos perceptions visuelles de quelques dixièmes de seconde. L'espace acquiert alors une consistance qui communique aux choses un aspect insolite. »

Alors si nous transposons ces données de réfraction entre la réalité perçue et la réalité réelle, nous pourrions suggérer une connexion entre les événements d'une oeuvre littéraire et les événements que l'étudiant fréquente dans son champ de spécialisation. Les chances de confronter les épisodes littéraires à des épisodes professionnels pourraient susciter de l'intérêt. Le rétroviseur devient la structure de sa réalité professionnelle; il doit avancer grâce à elle au travers d'une fiction qui interprète celle-ci. On me rappellera que les professeurs font souvent preuve de contorsion exemplaire pour créer des liens; mais cette fois, il faudrait l'implication des professeurs des cours spécifiques.

L'équipe de professeurs enseignant aux programmes s'entendrait sur un corpus à lire de part et d'autre; c'est-à-dire qu'autant le professeur de littérature devrait se documenter sur une dynamique professionnelle autant le professeur de formation spécifique devrait être informé et lire les oeuvres au programme. Nous atteindrions grâce à cette dynamique une réelle approche programme. Il serait d'ailleurs intéressant de réaliser à quel point les oeuvres, plusieurs faisant déjà partie du corpus régulièrement utilisé, même littéraire ont des connexions surprenantes avec la vie... On a tendance à l'ignorer. D'autre part, la communion des connaissances entre les professeurs de formation générale et spécifique pourrait ouvrir des perspectives riches.


26 août 2009

Ted Kennedy



Has enough been said? I guess not...

John, le grand frère, commença par son assassinat. Le deuxième, Robert, amplifia le psychodrame sous les balles de Sihran B Sirhan. Le plus jeune allait survivre politiquement beaucoup plus longtemps. On se demande bien pourquoi : parce qu'il n'était pas président? Peut-être. Pourtant, il a tout fait pour le devenir à une certaine époque.

John et Robert durèrent le temps d'un coup de coeur; Edward a vieilli dans la machine comme le vieux Joseph dans sa fortune. On a dit que John n'avait jamais travaillé un seul jour de sa vie. On pourrait sans doute dire la même chose de Robert. On ne peut très certainement pas en dire autant de Ted. Il faut travailler fort pour renouveler à chaque quatre ans un mandat électif. Peu importe l'argent, les gens ne sont pas dupes au point d'élire à répétition un homme, toujours le même, à leur sénat.

Bien sûr, il y eut toutes sortes de drames et de scandales, mais jamais d'assez grotesque ou grotesque pour le remiser aux oubliettes. La lecture de plusieurs articles à son sujet permet de constater le populisme de ce bourgeois. À la tête de plusieurs dizaines de millions de dollars, il se faisait le défenseur de la veuve et de l'orphelin. Ce scénario ne tourna jamais à la théâtralité; son honnêteté prévalait toujours. Depuis 1962, sans coup férir, il revenait au Sénat américain sous la bannière démocrate pour clamer la justice sociale.

La mort des deux premiers Kennedy a soulevé l'horreur. La mort de Ted Kennedy soulève l'inquiétude devant la perte d'un grand défenseur et l'espoir de pouvoir encore célébrer de grands américains.

24 août 2009

Vision

Parfois, les messages s'embrouillent. Un retour de lecture s'est mêlé à un autre par un automatisme que je m'explique encore mal. Un de ces gestes sans aucune logique qui nous fait creuser l'inconscient à la recherche d'une réponse. La nuit dernière, j'ai recopié quelques lignes de Le Clézio pour marier celles de Denise Bombardier. L'américanité brute de l'une fait une liaison oblique à l'arabisme conteur de l'autre. Comme si le conte fantastique poursuivait l'élan réaliste.

Les trois soeurs, sang héréditaire qui a coagulé; dont la galle séchée a résisté à toutes les tempêtes, à toutes les foudres; trois sordides femmes issues d'une Terre zolienne bouclent leur vie en célébrant une mort :

« L'après-midi où elle décida, en quelque sorte, de partir, ses soeurs étaient à son chevet. Elle s'adressa à Gloria en yiddish. “On l'a pas eue facile», murmura-t-elle. «T'as toujours été trop intelligente», répondit Gloria dans cette langue qu'elles avaient partagée en une complicité quasi affectueuse. «J'me suis bien occupée de toi quand t'étais bébé», dit Irma, «J'le sais, souffla Edna. Pis c'est pas vrai que tu m'laissais dans ma pisse,» «Repose-toi, pis sois pas inquiète, on va rester ici avec toi", dit Gloria, «Vous êtes ben bonnes toutes les deux», souffla-t-elle, Gloria lui prit la main tout doucement pendant qu'Irma lui caressait les cheveux. Edna referma les yeux. Les deux soeurs évitèrent de se regarder et demeurèrent silencieuses. Plusieurs minutes s'écoulèrent. Seul le souffle affaibli d'Edna brisait le silence. «Je sens plus son pouls»...» (Denise Bombardier, Edna, Irma et Gloria, page 243)

Elles sont peut-être canadiennes-françaises, peut-être québécoises, ou un peu américaines; elles sont clairement en chute libre dans un univers qui ne les ancre pas, où la notion d'appartenance, pour reprendre les mots de Noah Richler, est absente.

Absence dans laquelle nous lance Le Clézio avec cette petite aveugle qui cherche le ciel, l'azur, le bleu :

«Le grand ciel noir était absolument lisse, dur, paré de petites lumières lointaines. C'était le froid qui commandait sur ce pays, qui faisait entendre sa voix.

Peut-être que là où on allait, on ne pourrait plus revenir en arrière, jamais. Peut-être qui le vent recouvrait vos traces, comme cela avec son sable, et qu'il fermait tous les chemins derrière vous. Puis les dunes se mouvaient lentement, imperceptiblement, pareilles aux longues lames de la mer. La nuit vous enveloppait, elle vidait votre tête, elle vous faisait tourner en rond. Le bruit rugissant de la mer arrivait comme à travers le brouillard. Les grincements des insectes s'éloignaient, revenaient, repartaient, jaillissaient de tous les côtés à la fois, et c'étaient la terre entière et le ciel qui criaient.» (J.M.G. Le Clézio, Peuple du ciel, pages 48 et 49)

L'existence gonfle l'univers qui s'élève en monstre que l'on pourra ou non apprivoiser. Le dilemme des vies tient dans ce défi. Je dirais à un bon ami : est-ce donc un jeu? Nous devrions discourir sur la valeur de ce mot. Chose certaine les mêmes jeux n'ont pas le même effet sur tout le monde : l'un joue, l'autre vit. Le ciel est vaste et impénétrable, c'est un acquis; l'Amérique est vaste et mystérieuse, c'est une réalité. Les enfants survivront à leur vision, des clins d'oeil les y invitent; les trois sorcières — remember Eastwick — s'étoufferont dans leurs propres psaumes.


22 août 2009

De fil en aiguille

La littérature est un inépuisable compagnon. L'étrange séquence de lecture que voici illustre que seuls la méconnaissance et le manque de curiosité rendent ses services mitoyens à la quotidienneté. L'éducation gouvernementale me force à enseigner des gammes que les étudiants doivent nécessairement acquérir pour se voir délivrer leur diplôme. On y reviendra; sois dit en passant qu'il n'existe rien de plus efficace pour tuer le culturel et la langue avec elle.

Or donc, le printemps dernier, je lisais le panorama de Noah Richler, This is my country, What's yours?, avec engouement. De province en province, il cheminait de la côte ouest jusqu'à l'Atlantique en n'interviewant que des auteurs vivants. Parfois captivant, parfois baillant, souvent instructif, toujours souriant et bonhomme. Le point fort du bouquin est assurément sa thématique : (page 3)

« If you are canadian and travel at all, then you lesrn very quickly that the place ou come from is just that - Nowhere - that Canada is not on the map. »

Richler parle abondamment et avec une unique originalité de ce « nulle part ». Il est souvent et presque instinctivement associé au Grand Nord; toutes les provinces vivent au sud; toutes les provinces entretiennent le mythe du pur inconnu en haut. Pur. Inconnu. Haut. Trois mots essentiels me semble-t-il dans notre histoire commune. Blancheur. Mystère. Inaccessible. Pour cette trouvaille et son exploitation, la lecture est essentielle.

Curieusement, l'un des grands points faibles de son livre tourne autour de deux des plus grands auteurs canadiens encore vivants : Margaret Atwood et Victor-Lévy Beaulieu. Cette encoche me troubla; bien sûr, les littérateurs régionaux ont fait leur chou gras de l'épisode plutôt comique de sa rencontre ratée avec Bouscotte. Qu'il ait été saoul ou non, en bobette on non, avec un ventre plus ou moins proéminent, pouvait-on s'attendre à autre chose de Monsieur Bas-du-Fleuve ? Il était chez lui; il a fait les manchettes une fois de plus; Richler aurait dû faire comme la plupart des journalistes qui voulaient rencontrer Félix : arriver avec un vieux Glenlivet. Avec le père qu'il a eu, il aurait pourtant dû le savoir. On a passé sous silence toute l'ironie du rendez-vous avec Madame Atwood : dans la chic cafétéria d'un chic magasin à rayon. Cette déception face à deux auteurs si cruciaux dans notre histoire littéraire amena ma fille, à qui je m'étais confié, vivant à Toronto et affichant sa francophilie de son mieux, à m'acheter la traduction d'un livre très révélateur bien que peu célèbre : Margaret Atwood — Victor-Lévy Beaulieu — deux solicitudes (two solicitudes). Ces entretiens colligés par Doris Dumais élèvent un débat national au niveau littéraire. On y découvre que ces deux personnes de lettres s'adorent, se respectent, se lisent pour finalement se commenter et développer une complicité qui réjouit. En fait, Atwood et Beaulieu sont deux créatures invivables; elles sont d'une indépendance farouche; elles se carpent comme le brochet à l'approche d'une éventuelle capture. Atwood et Beaulieu appartiennent, quoi que Northrop Frye puisse en conclure, à la grande littérature contemporaine. Alors le physique et le puritanisme, on repassera.

Plusieurs mois plus tard, me voici à la suite d'une recommandation de lecture d'un ami, devant un mastodonte américain : John Updike, Rabbit, Run. Je goûte; je lis lentement ce début de tétralogie; je souris à la crudité des descriptions... Et soudainement, sens le besoin de retourner voir Les Grands-pères. Et Miami, Miami, Miami. Puis Le Rêve québécois. Je ne peux donner de raisons. La connexion existait. Beaulieu existe bel et bien; il est en mal de presse; il est pressé d'arriver quelque part avant sa mort? Je lui accorde tout. Un auteur écossais donnant une entrevue radiophonique au sujet de son premier succès public, son quatrième roman, mentionnait qu'il n'était pas un « writer », mais un « writist »; un peu comme on dit un violoneux et un violoniste. Mais on ne s'embarquera pas tout de suite dans ce débat-là...


20 août 2009

Updike?


Rabbit, run dans une mer de détail. Voilà Zola parfois avec l'orgie de précision; Dos Passos avec la chaude lenteur presque suffocante; Kérouac avec son vocabulaire en marge d'une société puritaine; Beaulieu avec son sexe précis et omniprésent dans la relation de l'homme. Dans une entrevue, Updike signalait sa difficulté à bien ausculter sa créativité et aussi à comprendre l'aggressivité des femmes à son égard.

Il ne crée pas. Il calque un personnage ancré dans une société rattachée à des paramètres qu'il n'arrive pas à maîtriser; mais ces mêmes paramètres n'ont jamais raison de lui: sa lutte est efficace; il réussit toujours à avoir le dessus sur elle. Mais cela ne lui apporte jamais le bonheur. Comme son basket secondaire qui ne lui a rien, mais absolement rien, apporté, il chevauche sur une selle sans animal.

Sa recherche de bonheur passe irrémédiablement par l'amour. Cet amour, il ne la trouve que temporairement au mieux. Il est voyeur pas partenaire. Le portrait d'Updike dans son écriture devient la futilité de sa vie dans la fiction à l'intérieur de laquelle il se débat. Les femmes ne l'aident, il s'en sert comme de vulgaires poupées qui ne réusissent qu'à l'éloigner de sa quête.

Page 95:
She laughs, on and on, in that prolonged way women use when they're excited by you and ashamed of it, "Oh my Rabbit," she exclaims in a fond final breath. "You just grab what comes, don't you?"
"He got hold of me," he insists, knowing his attempts to explain will amuse her, for shapeless reasons. "I didn't do anything."
"You poor soul," she says. "You're just irrisistible."
Viens dans les bras de maman mon petit, elle comprend que tu n'es pas en mesure de lutter, d'affronter, de prendre ta vie en main... En cultivant sa faiblesse, la femme updikienne donne au héros le confort nécessaire pour calmer les ardeurs qui auraient pu lui permettre d'assumer ses peurs et ses faiblesses.

... Je continue. On verra bien...

19 août 2009

La mort qui vit.



Le pèlerinage du poète inclut le cimetière du Père Lachaise à Paris. Cet espace relève du mythe. Les plus célèbres auteurs, artistes et autres personnages historiques (http://www.pere-lachaise.com/) y reposent. Le Monde met à notre disposition trois témoignages saisissants sur les visions que provoque ce lieu (Père-Lachaise, cimetière buissonnier,LEMONDE.FR,21.07.09)

Du nécrosophe à la baladeuse, les morts parlent encore. Nous savons tous que ces décédés agissent en nous. Parfois, nous doutons de leur pouvoir sur l'imaginaire; quelques statuts au repos, certains mausolées envahis par la végétation, nous rappelleront que leur accompagnement n'est pas enfoui avec leur corps; leur esprit nourrit leur légende.